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Etats-Unis : les minorités sexuelles rassemblées contre une loi discriminatoire

Stagiaire Le Vif

En Caroline du Nord, une nouvelle loi signée la semaine dernière par le gouverneur Pat McCrory sème la colère dans les rangs de la communauté LGBT, mais aussi au sein du milieu des affaires américains. Une loi au coeur de laquelle il est notamment question de toilettes.

Si des avancées pour les droits des personnes LGBT (pour « Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres ») ont récemment vu le jour aux Etats-Unis (notamment avec la décision de la Cour Suprême américaine de légaliser le mariage homosexuel dans tous les états du pays l’été dernier), vivre sa sexualité normalement n’en reste pas moins difficile dans les états les plus conservateurs. HB2, pour « House Bill 2 ». C’est le nom donné à la loi qui provoque la colère de la communauté LGBT américaine. Cette loi, signée en session spéciale la semaine passée par le gouverneur républicain de la Caroline du Nord, Pat McCrory, est accusée d’être contre-productive dans la lutte contre les discriminations à l’égard des personnes transsexuelles, voire de les encourager. A coeur du débat, une question pas si anodine que çà : l’usage des toilettes publiques pour les personnes transsexuelles. La nouvelle loi stipule en effet que ces personnes devront dorénavant utiliser les toilettes sur base du sexe inscrit sur leur certificat de naissance, et non sur le genre auquel ils s’identifient. L’argument prôné en faveur de la loi est la protection des femmes contre de potentiels agresseurs masculins. Mais pour les défenseurs des droits des personnes LGBT, les vraies raisons sont toutes autres et sont empreintes d’intolérance.

Des risques pour la sécurité des personnes transgenres.

« Même si ce scénario d’agression (ndlr: de femmes par des hommes) pourrait se produire, cette loi est misogyne à propos des femmes transsexuelles. Quand celles-ci sont forcées à utiliser les toilettes des hommes, il y a beaucoup plus de chances qu’elles fassent face à des phénomènes d’agressions ou d’intimidation. En fait, non seulement ces dernières sont statistiquement moins enclines à perpétrer des actes de violences sexuelles dans les espaces publics, mais elles ont par contre plus de risques d’en subir, spécialement lorsqu’elles sont forcées à utiliser les toilettes des hommes ». C’est ce que nous a expliqué Carey Hanlin, un étudiant américain investit dans la défense des droits des personnes LGBT et ayant participé à plusieurs mouvements de protestations sur le campus de l’Université de Caroline du Nord. Plusieurs rassemblements en opposition à la loi ont suivi dans le reste de l’état, et d’autres sont à venir.

Le monde des affaires s’en mêle

Mais l’affaire de la loi HB2 a surtout pris de l’ampleur médiatiquement grâce au milieu des affaires. En effet, une lettre ouverte a été écrite au gouverneur, lui demandant de revenir sur cette loi. Elle aurait sans doute moins fait parler d’elle si elle n’avait pas été signée par plus de 80 patrons de grandes entreprises américaines. « A tous les niveaux, une telle loi est mauvaise pour nos employés et pour le business. La discrimination est une erreur et n’a pas sa place dans l’état de Caroline du Nord, ni où que ce soit dans ce pays », peut-on y lire. Parmi les signataires figurent notamment Mark Zuckerberg et Tim Cook, respectivement grands patrons de Facebook et d’Apple. Le PDG de Bank of America, banque majeure du pays justement basée en Caroline du Nord, a aussi signé la lettre. La mondialement connue National Basketball Association (NBA) a de son côté fait savoir qu’elle hésitait à maintenir la tenue des All-Star Game 2017 à Charlotte, principale ville de l’état, si la loi était maintenue

Alors que des projets de lois similaires viennent d’être abandonnés dans les états de l’Indiana et de Georgie suite à des menaces de boycotts, la pression économique parviendra-t-elle à faire plier le gouverneur McCrory ? Carey Hanlin est confiant : « Je pense que les plus grandes manifestations sont derrière nous. Mais assez d’attention a été créée au niveau national autour de cette loi qu’il est peu probable qu’elle survive très longtemps. » Ces évènements démontrent en tout cas les capacités de la communauté LGBT américaine à s’organiser rapidement, et à ouvrir le débat autour de ses droits.

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