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Etats-Unis: John Kerry, un globe-trotter au secrétariat d’Etat

Le Vif

La nomination du sénateur du Massachussetts a été validée mardi à une large majorité par la chambre haute du Congrès. Le démocrate, qui parle couramment le français, devra vite mettre à profit son expérience des relations internationales.

Rares sont les dirigeants américains à avoir mis les pieds dans le palais de Bachar el-Assad ou dans la bande de Gaza. C’est le cas de John Kerry, le nouveau chef de la diplomatie américaine.
Le Sénat américain a approuvé à une très large majorité mardi la nomination du démocrate de 69 ans à la tête du secrétariat d’Etat. Le sénateur du Massachussets succède à Hillary Clinton, qui quitte le gouvernement au bout de quatre ans.

Les sénateurs, qui valident ou non la désignation de tous les ministres, ont voté par 94 voix contre 3 en faveur de John Kerry, après un premier vote favorable mardi matin en commission. La nomination a été expédiée en seulement quelques jours, preuve du consensus qui entoure la personnalité du sénateur, qui siégeait depuis 28 ans dans la chambre haute du Congrès.

Le plus « français » des responsables américains

Depuis fin 2008 et son élection à la tête de la commission des Affaires étrangères du Sénat, John Kerry s’est notamment rendu en Afghanistan, au Pakistan, en Egypte, en Israël, à Gaza, en Syrie, en Jordanie, au Darfour et à Pékin. « Peu de personnes connaissent autant de présidents ou de Premiers ministres et ont une telle maîtrise de la politique étrangère » a loué Barack Obama.

Vu de Paris, ce choix est une (très) bonne nouvelle: John Kerry est le plus « français » des responsables américains. Sa mère, Rosemary, est née à Paris. Et le nouveau secrétaire d’Etat, qui parle couramment la langue de Molière, a passé de nombreux étés dans une maison familiale à Saint-Briac, en Bretagne, en compagnie de l’écologiste français Brice Lalonde. Les deux hommes, qui sont cousins, ont tous les deux été des candidats malheureux à l’élection présidentielle: en 1981 pour Brice Lalonde, en 2004 pour John Kerry.

Son « passé français » lui vaut d’ailleurs de vives attaques lors de la campagne électorale. En pleine guerre d’Irak, et alors que Jacques Chirac a fait savoir que Paris ne participerait pas au conflit, ses adversaires politiques le traitent régulièrement de « Français ».
Il aime raconter qu’enfant, il s’est aventuré à Berlin-Est en vélo
Ce fils de diplomate ne se réduit cependant pas à ses attaches hexagonales. John Kerry est né à Aurora, au Colorado, dans une famille catholique. La profession de son père et le fait qu’il ait été pilote pendant la deuxième guerre mondiale obligent la famille à voyager. Enfant, John Kerry se serait aventuré à Berlin-Est en vélo, comme il aime le raconter à ses proches.

Après des études à Yale, dans le Connecticut, John Kerry décide de s’engager dans l’armée et part au Vietnam. Expérience douloureuse: à son retour, il dénoncera publiquement les horreurs de cette guerre. Une photo truquée le montrant lors d’une manifestation pacifiste aux côtés de Jane Fonda, abhorrée aux Etats-Unis par de nombreux vétérans, sera d’ailleurs utilisée par les républicains lors de la campagne de 2004 pour le discréditer.

Elu sénateur en 1985 après des études de droit, John Kerry défend notamment un projet de loi sur la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Au moment de sa nomination comme secrétaire d’Etat, il promet de faire du changement climatique une de ses priorités.
Après l’élection de Barack Obama, John Kerry est envoyé en émissaire sur les points chauds de la diplomatie, notamment au Moyen-Orient. C’est lui que le président américain dépêche à Islamabad en mai 2011 pour tenter d’apaiser les alliés pakistanais, qui n’avaient pas été informés du raid contre Oussama ben Laden sur leur territoire.

Des dossiers chauds sur son bureau

En février 2009, il est l’un des trois parlementaires américains à visiter la bande de Gaza contrôlée par le Hamas, une organisation considérée comme terroriste par les Etats-Unis. Kerry rencontre plusieurs fois le président syrien Bachar el-Assad en 2010, avant le déclenchement de la rébellion dans le pays. Récemment, un responsable français à Washington s’est félicité de sa connaissance du dossier malien et a dit en espérer une coopération plus étroite. Avec son départ du Sénat, John Kerry entre pour la première fois au gouvernement. A quelques heures de la fin de son mandat, il a confié: « Je suis très nostalgique, ce n’est pas facile ».

John Kerry devra toutefois laisser rapidement son blues de côté: la guerre en Syrie, le conflit au Mali, les négociations avec l’Iran et les relations avec Israël et la Russie font partie des nombreux dossiers auxquels le successeur d’Hillary Clinton devra s’atteler au plus vite.

Par Alexandre Arlot

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