Jérusalem © REUTERS

Esplanade des Mosquées: détecteurs et caméras retirés mais la tension reste vive

Le Vif

Les autorités israéliennes ont retiré toutes les installations de sécurité à l’entrée de l’esplanade des Mosquées de Jérusalem, entraînant jeudi des célébrations de Palestiniens, mais la tension restait vive sur ce lieu saint avant la grande prière du vendredi.

Des rails et échafaudages récemment montés, où avaient été installés des caméras de surveillance, ont été retirés aux premières heures jeudi, a constaté un journaliste de l’AFP. Et les Palestiniens commençant à se rassembler autour du troisième lieu saint de l’islam célébraient leur arrivée au son de sifflets et de klaxons.

« Depuis 12 jours personne ne dort, personne n’a rien fait d’autre que venir à l’esplanade des mosquées », a déclaré un jeune palestinien, Firas Abasi, qui se dit ému jusqu’aux larmes pour cette « victoire ».

Il n’est pas encore établi si les fidèles musulmans, qui mercredi refusaient toujours d’entrer sur l’esplanade et priaient dans les rues adjacentes comme ils le font depuis plus d’une dizaine de jours, allaient recevoir l’autorisation de pénétrer à nouveau sur le site.

Le président palestinien Mahmoud Abbas a exigé mardi un retour pur et simple à la situation d’avant le 14 juillet pour lever le gel de la coopération avec Israël.

Cependant la situation reste tendue entre Israéliens et Palestiniens autour de l’esplanade des Mosquées malgré le retrait de détecteurs de métaux controversés, mardi, et du reste des installations jeudi, suscitant la crainte d’une éruption de violence lors de la grande prière du vendredi.

Autres moyens de surveillance ?

Les tensions étaient montées brusquement autour de ce site religieux situé à Jérusalem-Est, partie palestinienne –occupée et annexée par Israël– de la ville, après l’installation le 16 juillet par l’Etat hébreu de détecteurs de métaux aux entrées de l’esplanade.

Les musulmans palestiniens y avaient vu une tentative d’Israël d’augmenter son contrôle sur ce site.

Les autorités israéliennes avaient elles justifié ce dispositif par le fait que les assaillants qui avaient tué deux policiers israéliens le 14 juillet avaient dissimulé des armes sur ce site et en étaient sortis pour mener leur attentat.

Cinq Palestiniens ont trouvé la mort la semaine dernière au cours des affrontements qui ont éclaté après l’installation des détecteurs. Trois Israéliens ont également été tués pendant la même période par un Palestinien dans une colonie israélienne en Cisjordanie occupée.

Mercredi soir, le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu a annoncé qu’il voulait expulser la chaîne Al-Jazeera, basée au Qatar, qu’il a accusée d’attiser les tensions autour des lieux saints.

Après d’intenses pressions de la communauté internationale qui craignait une escalade, Israël avait finalement accepté de retirer les détecteurs mardi.

Mais le gouvernement a indiqué qu’il les remplacerait par un autre moyen de surveillance, « basé sur des technologies avancées », au grand dam des autorités musulmanes qui ont maintenu la consigne de boycott du site.

Selon le quotidien israélien Haaretz, le gouvernement israélien veut mettre en place un réseau de caméras de surveillance sophistiquées, reposant sur une technologie de reconnaissance biométrique.

Une porte-parole de la police israélienne a affirmé mardi que « cette dernière n’utilise aucun type de caméra portant atteinte à la vie privée et n’a aucune intention de le faire dans le futur ».

Garantie sur le statut

Au cours d’un appel téléphonique, M. Abbas et le roi de Abdallah II de Jordanie ont « insisté sur l’importance de (…) garantir le respect du statut historique et juridique de la mosquée » al-Aqsa.

Les entrées de l’esplanade où se trouvent la mosquée Al-Aqsa et le dôme du Rocher sont contrôlées par Israël, qui l’appelle Mont du Temple, le lieu le plus saint du judaïsme, mais elle est gérée par la Jordanie. Les musulmans peuvent y aller à toute heure. Les juifs ne peuvent y pénétrer qu’à certaines heures et n’ont pas le droit d’y prier.

Les autorités israéliennes assurent qu’elles n’ont pas l’intention de modifier ces règles tacites.

Le président turc Recep Tayyip Erdogan a salué mercredi la décision d’Israël de retirer les détecteurs de métaux, mais a jugé qu’elle n’était « pas suffisante ».

Israël a réagi en affirmant, dans un communiqué du ministère des Affaires étrangères, que « la seule démocratie réelle dans la région » n’avait pas de « leçons de morale » à recevoir du gouvernement turc « qui a envahi le nord de Chypre, réprime brutalement le minorité kurde et emprisonne des journalistes ».

« Les jours de l’Empire ottoman sont révolus », a-t-il ajouté.

La Maison Blanche a elle loué « les efforts d’Israël pour assurer la sécurité tout en réduisant les tensions dans la région ».

AFP

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