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Escalade dans la persécution des chrétiens d’Orient

L’attentat d’Alexandrie illustre une aggravation du sort de la minorité chrétienne en Egypte. La situation est pire en Irak. Une descente aux enfers qui suscite peu de réactions en Belgique.

Le sort des chrétiens d’Orient, victimes d’un attentat particulièrement meurtrier le soir du réveillon de Nouvel An à Alexandrie en Egypte, ne semble pas avoir particulièrement ému les dirigeants politiques belges. Et la… trêve de Noël ne suffit pas à expliquer cette atonie. Seul le ministre des Affaires étrangères, le CD&V Steven Vanackere, à peine déchargé de la présidence belge de l’Union européenne, s’est associé à la condamnation de la Haute représentante de l’Union européenne pour les Affaires étrangères, Catherine Ashton, et a dénoncé « toute tentative visant à déstabiliser la société égyptienne et la cohabitation entre chrétiens et musulmans ». Les partis politiques francophones, en revanche, n’avaient pas encore eu le temps de réagir cinq jours après l’opération terroriste…

Pourtant, l’attaque de l’église des Saints d’Alexandrie qui a fait 21 morts, la réaction officiellement vigoureuse du président Moubarak et surtout les manifestations de rue de chrétiens coptes qui ont dénoncé dans la foulée le laxisme du pouvoir pourraient bien marquer un tournant dans l’appréhension du dossier des chrétiens d’Orient. D’autant que le sort de leurs coreligionnaires d’Irak ne cesse de susciter des inquiétudes. Depuis la chute du régime de Saddam Hussein qui leur assurait une certaine protection, ceux-ci ont connu une inexorable dégradation de leurs conditions de vie. Car, aux attentats spectaculaires, s’ajoutent des violences moins médiatisées et des intimidations permanentes. Depuis la prise d’otages dans la cathédrale Notre-Dame du Perpétuel Secours à Bagdad le 31 octobre 2010 (46 morts parmi les fidèles), des maisons et des commerces appartenant à des chrétiens ont été plastiqués lors de deux vagues d’attentats, les 9 et 10 novembre et le 30 décembre. Et quotidiennement, les chrétiens sont la proie de menaces écrites ou verbales, sont soumis à une forme d’ « impôt islamique » ou doivent se soumettre à un diktat vestimentaire, dans le chef des femmes. Au point que la question de la disparition des minorités chrétiennes ne relève plus désormais de la fiction. Comme le démontre leur « courbe démographique » : ils étaient encore 1,2 million au début des années 1990, 800 000 en 2003 et sont estimés aujourd’hui à quelque 450 000 âmes.

Avec ses 6 à 8 millions de membres sur une population de près de 83 millions, la communauté copte d’Egypte ne vit pas dans la même urgence identitaire. Mais l’attentat d’Alexandrie vient rappeler sa vulnérabilité et son confinement dans un statut de citoyenneté de seconde zone. Un mépris qu’a encore mis en évidence l’absence de réaction aux préparatifs connus de l’opération terroriste du Nouvel An. Celle-ci avait été annoncée par l’Etat islamique d’Irak dans la foulée de l’attentat de Bagdad et des cibles avaient été désignées aux terroristes depuis début décembre sur le site islamiste Choumoukh al-islam. Y étaient répertoriés une cinquantaine de lieux de culte en Egypte et quelques églises coptes dans des pays européens, en France, au Royaume-Uni, en Allemagne et aux Pays-Bas. Mais, là comme en Egypte, il a fallu attendre le drame d’Alexandrie pour voir les gouvernements renforcer les mesures de sécurité ; ce qui tendrait à mettre en évidence une défaillance des services de renseignement, égyptien et occidentaux, due sans doute à la trêve de Noël.

G.P.

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