Nuriye Gülmen et Semih Ozakça. © DR

En Turquie, le procès de deux enseignants insoumis

Devenus icônes de l’opposition turque, Nuriye Gülmen et Semih Ozakça, en grève de la faim depuis le 9 mars dernier, comparaissent ce jeudi devant un tribunal d’Ankara.

Nuriye Gülmen (35 ans), une professeure de littérature comparée, et Semih Ozakça (28 ans), un instituteur, actuellement détenus, comparaitront ce jeudi 14 septembre devant un tribunal d’Ankara pour « terrorisme ». Leur crime ? Avoir entamé le 9 mars dernier une grève de la faim pour réclamer leur réintégration dans leurs fonctions, après avoir été limogés – comme des dizaines de milliers d’autres fonctionnaires – dans le cadre de l’état d’urgence instauré à la suite du putsch manqué du 15 juillet 2016. Le pouvoir les accuse d’être liés au DHKP-C, une organisation marxiste hors-la-loi. Ils risquent jusqu’à 20 ans de réclusion.

Pendant plusieurs semaines, les deux insoumis ont manifesté devant une statue des droits de l’homme au centre de la capitale turque, se faisant plusieurs fois molester et arrêter par les forces de l’ordre. Au 75e jour de leur grève de la faim, ils ont été jetés en prison. La statue est aujourd’hui ceinturée, afin d’empêcher tout rassemblement de soutien. « Si Nuriye et Semih ont été emprisonnés, c’est dans le but d’intimider des millions de citoyens solidaires de leur cause », explique Deniz Demirkapi, au nom du comité belge pour la levée de l’état d’urgence en Turquie.

Dépassées par le mouvement populaire, qui touche jusqu’au monde du football, les autorités turques viennent en outre d’arrêter treize avocats d’un cabinet assurant la défense des deux enseignants. « Des mandats d’arrêt ont été émis contre 18 avocats. Nous savons que 13 d’entre eux ont été placés en garde à vue, et nous n’avons aucune nouvelle des 5 autres », a déclaré à l’AFP Anil Arman Akkus, un des avocats du bureau impliqué dans la défense des deux grévistes de la faim.

Selon le comité belge, où l’on retrouve l’avocat Laurent Arnauts qui assistera au procès, « s’ils ne sortent pas de prison, ou s’il y a un report de leur procès, ils risquent de mourir ». Depuis qu’ils ont entamé leur jeûne, il y a plus de 180 jours, Nuriye et Semih ne s’alimentent que de vitamines, d’eau, de sucre et de sel pour tenir le coup. Une requête pour leur libération introduite auprès de la Cour européenne des droits de l’homme a été rejetée le 2 août dernier, la Cour estimant que leur vie n’était pas en danger. Ce qui a suscité la colère de leurs familles.

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