© Belga

En Sierra Leone, les orpailleurs sortent à peine la tête de l’eau (en images)

Le Vif

Makeni, la ville natale toute proche du président sortant Ernest Bai Koroma – qui ne peut se représenter au terme de deux mandats – est pourtant pavoisée des affiches des candidats aux scrutins présidentiel, législatif et communal.

C’est à Makeni que Samura Kamara, le candidat du parti au pouvoir, l’APC (Congrès de tout le peuple), a achevé lundi soir sa campagne électorale.

Mais les orpailleurs de cette zone comptent d’abord sur leurs propres forces pour améliorer leur sort.

« Je n’ai pas de parti politique. Les politiciens ne m’aident pas », affirme Mariatu Bangura, 30 ans, veuve depuis l’épidémie d’Ebola en Afrique de l’Ouest, qui dit gagner environ 100.000 leones (10,5 euros) par semaine.

Le virus a fait au moins 4.000 morts en 2014-2016 dans le pays, comptant pour près de la moitié des quelque 28.000 cas recensés.

« Parfois je ressens des douleurs, j’ai froid et il n’y a nulle part où s’asseoir », confie-t-elle, reconnaissant que ses quatre enfants lui apportent une aide précieuse quand ils finissent l’école.

Ces orpailleurs artisanaux, opérant sans permis et dont le nombre est estimé en milliers, selon les autorités, ramassent des dépôts d’or ou de diamant dans le lit du fleuve ainsi que du sable utilisé dans la fabrication de ciment.

Plongée en eau profonde

Pour Joseph Tarawallie, 25 ans, Ebola a aussi marqué un tournant. La fermeture des établissements d’éducation en raison de l’épidémie et le besoin d’argent ont forcé cet étudiant en art à changer de voie, comme la plupart des membres de sa famille.

« Nous travaillons très dur », souligne-t-il, montrant du doigt des enfants jouant dans des tas de sable pendant que les adultes triment sur des structures en bois plantées au fond de l’eau.

« Je retournerais en cours si j’avais un peu d’argent », soupire Joseph Tarawallie, qui compte attendre le jour des élections pour décider pour qui voter.

Les deux candidats les mieux placés pour succéder à M. Koroma sont M. Kamara, son ancien ministre des Affaires étrangères, et l’ancien général Julius Maada Bio, pour le SLPP (Parti du peuple de Sierra Leone), principale formation d’opposition.

Le président sortant a redoré l’image de la Sierra Leone, dévastée par onze ans de guerre civile (1991-2002), et su attirer de nombreux investisseurs. Mais la corruption a continué à prospérer pendant ses deux mandats et la situation économique s’est détériorée sous l’effet conjugué d’Ebola et de la forte baisse des cours mondiaux des matières premières.

Dans les parties les plus profondes du fleuve, un groupe d’hommes plonge à partir de canoés équipés de seaux pour ramasser davantage de matériaux, notamment du gravier.

Pour supporter les coupures et les ecchymoses provoquées par les objets rencontrés dans les eaux sombres, ils consomment de l’alcool et des calmants, indique l’un d’eux, Mohammad Fulleh, qui tente d’épargner pour pouvoir étudier l’arabe.

« Lorsque j’aurai gagné assez, je retournerai dans mon village pour reprendre les cours », explique-t-il.

Mais à terme, il espère surtout un véritable métier, une aspiration à laquelle devra répondre le prochain président, selon lui: « Nous voulons un dirigeant qui soutienne la création d’emplois dans ce pays ».

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire