La chancelière allemande Angela Merkel. © Reuters

En quête de gouvernement, Merkel entame un « long chemin » de négociations

Le Vif

Angela Merkel a entamé mercredi des négociations pour tenter de former son quatrième gouvernement en Allemagne, chaque partie saluant à l’issue du premier round des pourparlers « constructifs » tout en prédisant un « long chemin » avant un éventuel accord.

Affaiblie par des élections décevantes le 24 septembre, la chancelière conservatrice n’a d’autre choix que de tenter de s’entendre avec les libéraux du FDP et les Verts pour former un attelage gouvernemental inédit. Son parti, l’Union chrétienne-démocrate (CDU), et sa soeur bavaroise CSU ont entamé mercredi leurs travaux avec le FDP et les écologistes. Vendredi, ils se réuniront tous autour de la même table.

A l’issue de ces première rencontres, le secrétaire général de la CDU, Peter Tauber, a évoqué de « bonnes discussions » destinées à « trouver des solutions aux problèmes ». « Le fait que des partis aussi différents (…) cherchent à travailler ensemble, c’est un signal clair (afin de) surmonter ce qui clive notre société », a-t-il analysé.

Son homologue de la CSU, Andreas Scheuer, a jugé « l’atmosphère OK » mais insisté sur le fait que « le chemin (vers un accord de coalition) est long ».

Quant à Michael Kellner, l’un des dirigeants des Verts, il a qualifié ces premières discussions de « bonnes et constructives », même s’il « reste pas mal de chemin à parcourir ». Auparavant, à l’issue de la rencontre avec le FDP, M. Tauber avait évoqué un premier échange « très constructif », M. Scheuer jugeant qu’un « grand pas » pourrait être franchi avant la fin de la semaine.

Mais le FDP, entré en discussion avec moult exigences, a rappelé à quel point cette éventuelle alliance serait contre-nature. « C’est comme dans la recherche: on sait ce qu’on cherche mais on ne sait pas ce qu’on trouve », a prédit sa secrétaire générale, Nicola Beer.

Tempêtes

Ces premiers rounds visent avant tout à prendre la température et à établir les ordres du jour, les négociations sur le contenu devant durer au moins jusqu’à la fin de l’année. Arithmétiquement, seule l’alliance conservateurs/FDP/Verts est possible pour former une coalition majoritaire à la chambre des députés suite à la décision des sociaux-démocrates, alliés de Mme Merkel dans le gouvernement sortant, de rejoindre l’opposition.

Mais Mme Merkel semble face à une équation impossible depuis des législatives remportées avec le plus faible score pour son camp depuis 1949.

Les sujets de frictions entre les différentes formations politiques sont nombreux, de l’immigration à la réforme de l’Union européenne, de la transition énergétique à la fiscalité. Pour ne rien arranger, le parti de Mme Merkel a perdu dimanche l’élection régionale en Basse-Saxe qui deux mois plus tôt lui semblait promise. Cet échec apporte de l’eau au moulin de la droite de la CDU et surtout de la CSU qui cherchent à regagner les voix parties à l’AfD, une formation d’extrême droite qui fait une entrée fracassante au Bundestag.

Illustration des tiraillements qui agitent le camp conservateur : le patron de l’Etat régional de Saxe (est), où l’AfD est arrivée en tête aux législatives, le CDU Stanislaw Tillich, a annoncé mercredi sa démission.

Malgré tout, la chancelière a assuré lundi ne pas être en position de « faiblesse ». Elle a reconnu que les pourparlers préliminaires allaient probablement durer « des semaines ». Et ce n’est qu’en cas de succès que commenceront des négociations sur la composition gouvernementale et sur son programme précis.

« Début de la fin »

Dès lors, au mieux, l’Allemagne aura son nouveau gouvernement pour Noël. Au pire, en cas d’échec, des élections anticipées seront convoquées, ce qui serait une première pour ce pays où la culture du compromis règne depuis 1945. Le chef du FDP, Christian Lindner, a déjà revendiqué cette semaine pour son parti le très convoité ministère des Finances, après le départ du conservateur Wolfgang Schäuble.

Pour nombre de médias, la difficulté de former un gouvernement et l’affaiblissement d’Angela Merkel dans son propre parti annoncent le crépuscule de la chancelière après douze années au pouvoir.

« On négocie une coalition qu’aucun des partis concernés ne veut vraiment, et au même moment l’auréole de la cheffe du gouvernement pâlit et sa puissance s’effrite », analysait le magazine de gauche Der Spiegel.

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