Le porte-avions nucléaire américain USS Harry Truman. © Reuters

En Méditerranée, le porte-avions USS Harry Truman s’avance à la rencontre de Daech

Le porte-avions nucléaire américain USS Harry Truman, à peine arrivé en mer Méditerranée, sera sans doute dans les prochaines semaines l’un des pions majeurs de Washington dans la lutte désormais sans merci engagée contre le groupe terroriste Etat islamique (EI), même si son « patron » affirme ne pas savoir où le Pentagone va l’envoyer.

Ce mastodonte d’acier déplaçant 97.000 tonnes de 365 mètres de long se trouvait dimanche au large d’Oran (ouest de l’Algérie) après avoir quitté son port d’attache de Norfolk, sur la côte est des Etats-Unis, le 16 novembre.

Depuis son appareillage, le groupe aérien embarqué (CVW-7) – composé de quatre escadrilles de chasseurs-bombardiers F/A-18 Hornet de plusieurs versions, d’une de guerre électronique doté de la version dérivée EA-18G Growler, plus des avions de guet aérien E-2C et de nombre d’hélicoptères, soit plus de 70 appareils – poursuit son entraînement quotidien, 24 heures sur 24, sept jours sur sept. En larguant notamment de petites bombes d’exercice sur des fumigènes lancés en mer, à quelques centaines de mètres du Truman, a constaté dimanche l’agence Belga lors d’un bref séjour à bord.

« Nous ne savons pas où l’on va nous envoyer », a indiqué le commandant de groupe aéronaval formé autour du Truman, le « Combat Strike Group » (CSG) 8, le vice-amiral Bret Batchelder. Il a toutefois confirmé qu’aucun des dix porte-avions de l’US Navy ne se trouve actuellement déployé dans le Golfe persique – une situation assez exceptionnelle en raison des conflits persistants dans cette région troublée et de la volonté des Etats-Unis de s’y montrer très présents.

La France a pour sa part dépêché son unique porte-avions, le Charles de Gaulle, dans l’est de la Méditerranée, d’où ses Rafale ont commencé à bombarder les djihadistes de Daech (l’acronyme arabe de l’EI) présents en Syrie après les attentats de Paris, qui ont fait 130 morts le 13 novembre. Il est notamment escorté par la frégate belge Léopold 1.

« Nous nous réjouissons de travailler en partenariat » avec la France et d’autres alliés, a ajouté l’amiral Batchelder, sans jamais confirmer que son groupe aéronaval et la dizaine de bâtiments qui le compose pourraient se retrouver à leur tour rapidement dans l’est de la Méditerranée. Voire dans le Golfe persique, alors que la coalition internationale anti-EI dirigée depuis plus d’un an par les Etats-Unis redouble d’efforts pour faire reculer Daech – avec désormais, dans une certaine mesure, la Russie à ses côtés. Mais le Truman – alias CVN-75 – et ses plus de 5.000 membres d’équipage, outil diplomatico-militaire de premier rang, sont « prêts à toute éventualité », a averti son commandant, le capitaine Ryan Scholl.

Car un porte-avion n’entame une « croisière » qui peut durer jusqu’à neuf mois qu’après une période d’entraînement, d’intensité croissante. Et la traversée de l’Atlantique entre Norfolk et la Méditerranée occidentale a encore été mise à profit pour peaufiner la cohésion du groupe aéronaval, qui compte une frégate française, le Courbet, dans ses rangs, ont expliqué les officiers américains. En témoignent les missiles air-air et les bombes qui sont régulièrement accrochés sur les ailes des F/A-18 C, E et F par des armuriers aux gilets rouges – les jaunes sont réservés aux officiers de pont qui orchestrent la chorégraphie des mouvements des avions, dans un espace somme tout exigu, et les mauves aux marins responsables de l’avitaillement des avions, parmi d’autres couleurs dénotant les spécialités.

Tous ces marins permettent de mener des opérations aériennes en continu: les décollages peuvent se faire à la chaîne, grâce aux quatre catapultes et un atterrissage est possible environ toutes les minutes, s souligné le capitaine Scholl.

Le tout en offrant aux 5.000 membres d’équipage le « confort d’un hôtel cinq étoiles » – bien que les instruments de musculation se retrouvent dans des endroits parfois incongrus, comme dans les hangars à avions sous le pont d’envol ou dans un bout de couloir…

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