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En France, traiter un coiffeur de « PD » n’est pas homophobe

Le Vif

Traiter un coiffeur de « PD » n’est pas homophobe car « les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles »: ce jugement rendu par la juridiction compétente en France pour trancher les conflits du travail suscite un tollé.

« Je trouve ça profondément scandaleux (…), choquant », a dénoncé vendredi la ministre du Travail, Myriam El Khomri, sur la radio RTL.

« Je ne comprends pas comment dans une décision de justice, on puisse en référer a des stéréotypes et des préjugés », a réagi, stupéfait, Slimane Laoufi, un responsable des services du Défenseur des droits, instance consultative de lutte contre les discriminations.

Même son de cloche sur les réseaux sociaux et parmi les associations de la communauté LGBT (homosexuelle, bi- et transsexuelle).

Le jugement, qui remonte au 16 décembre mais n’a été révélé que jeudi par le quotidien Metronews, émane du tribunal des prud’hommes de Paris, composé paritairement de représentants des organisations patronales et des syndicats de salariés.

Tout commence en octobre 2014 avec un SMS adressé par erreur à un jeune coiffeur en période d’essai dans un salon parisien. Dans ce message destiné à une tierce personne, une manager du salon fait part de son intention de se séparer de l’employé et affirme: « je ne le sens pas ce mec: c’est un PD, ils font tous des coups de putes ».

Licencié le lendemain, le jeune homme s’estime victime de discrimination liée à son orientation sexuelle et attaque son employeur devant la justice prud’homale, avec le soutien du Défenseur des droits.

Au cours de la procédure, la direction du salon argue d’une « lenteur » et de « difficultés d’intégration » du coiffeur licencié. Tout en reconnaissant « le caractère et la teneur inappropriés du SMS », elle estime que le terme « PD » n’est « qu’un simple abus de langage » sans caractère « péjoratif ou homophobe dans l’esprit de la manager ».

Le Conseil des prud’hommes a repris à son compte ces arguments en invoquant « le contexte du milieu de la coiffure ».

Selon son jugement, « le terme de +PD+ employé par la manager ne peut être reconnu comme propos homophobe car il est reconnu que les salons de coiffure emploient régulièrement des personnes homosexuelles notamment dans les salons de coiffure féminins, sans que cela ne pose de problèmes ».

L’employeur n’a donc pas été condamné pour « discrimination », mais pour « propos injurieux ». Le jeune coiffeur, à qui 5.000 euros ont été attribués pour « préjudice moral », a fait appel.

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