La prison ouverte d'Helsinki. © Capture d'écran, via Google Street View.

En Finlande, les prisons ouvertes réhabilitent vraiment les détenus

Stagiaire Le Vif

Certaines prisons finlandaises offrent de réelles chances de réhabilitation aux détenus, qui y jouissent de nombreuses libertés « inhabituelles ».

On peut y caresser des lapins, planter des légumes et se promener à l’air libre. Dans certaines prisons finlandaises, les détenus n’ont ni portes sécurisées à franchir, ni uniforme à porter. Leurs cellules n’en sont pas vraiment : chacun loge dans une chambre avec un lit simple et partage douches, cuisines, écrans géants et saunas avec autrui. À l’extérieur, étangs et pâturages ajoutent à l’endroit des airs de camp de vacances. Pourtant, il s’agit bel et bien d’une prison.

Une prison dite « ouverte », plus exactement. En Finlande, on en dénombre treize, qui concentrent en tout plus d’un tiers de la population carcérale du pays, soit un peu moins de 1 000 individus l’année dernière. Les objectifs de tels établissements : assurer la réhabilitation des détenus et diminuer les risques de récidives, tout en amoindrissant le coût par tête.

Préparer à la réhabilitation

Dans les années 60-70, l’État scandinave affichait l’un des taux d’emprisonnement les plus élevés d’Europe, en plus d' »offrir » des conditions de détention exécrables. La prise de conscience collective provoqua alors la mise en place d’une politique réductionniste au long cours : limite de la détention provisoire (1970), introduction de la peine de travail d’intérêt général (1995), liberté conditionnelle sous surveillance électronique (2001), ou encore la généralisation de la liberté conditionnelle (actuellement, presque 99 % des détenus sortant de prison sont libérés sous condition). C’est également dans cette optique qu’ont été mises en places les prisons ouvertes, dont une à Helsinki, en 2006.

Leur gros avantage est de préparer au mieux les détenus à la réhabilitation au sein de la société. En plus de bénéficier de programmes d’aide pour se sortir de problèmes d’alcoolisme ou de toxicomanie, ces derniers peuvent partir pêcher, faire du camping et, surtout, travailler (en tant que magasinier, jardinier…), pour un salaire de 7 euros de l’heure. « Cela n’a aucun sens pour un détenu de rester dans une prison fermée pour plusieurs années, puis de retourner subitement à la vie civile », justifie Tapio Linatti, un ex-policier qui dirige désormais la prison d’Helsinki.

Les tentatives d’évasion se font très rares (une douzaine par an). Et pour cause : elles signifient automatiquement le renvoi en prison  » classique ».

Moins de récidives et plus d’économies

Une fois « dehors », les détenus sont statistiquement moins enclins à récidiver, à en croire les chiffres du gouvernement : le taux chute d’environ 20 %.

Par ailleurs, les prisons ouvertes demandent bien moins d’investissements aux pouvoirs publics, diminuant d’un tiers le coût par individu, vu la réduction drastique des besoins en personnel et systèmes de sécurité.

Aujourd’hui, grâce à la réduction du temps d’emprisonnement et aux peines alternatives, la Finlande a réduit de deux tiers sa population carcérale, « sans influencer négativement la courbe de criminalité du pays », précise Tapio Lappi-Seppälä, responsable de l’Institut de criminologie de l’université d’Helsinki. « Cela montre que l’emprisonnement [à long terme] ne sert à rien. » A.V.

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