© Reuters

En Espagne, les offres d’emploi créent ruées, émeutes… et tombola

Le Vif

Avec 26% de chômage, les Espagnols prennent d’assaut toute proposition d’emploi. Ikea a reçu 20 000 candidatures pour 400 postes, en vue de l’ouverture d’un nouveau magazin près de Valence.

Ils ont été 20 000 candidats, en deux jours à peine, à postuler à l’un les 400 postes de travail proposés dans le nouveau magasin Ikea qui ouvre l’été prochain à Alfafar, près de Valence sur la côte méditerranéenne de l’Espagne.

La compagnie suédoise, débordée, vient de suspendre provisoirement le recrutement pour faire face à cette avalanche de CV par Internet qui a fait exploser le système informatique. « On attendait du monde, mais pas autant », avouent les responsables de sélection du personnel. Abasourdis par l’affluence, ils rappellent que les candidatures seront reçues jusqu’à la fin décembre et étudiées indépendamment de leur ordre d’arrivée.

Au bord de l’émeute Mais en Espagne, avec 26% de chômage et peu de perspectives d’amélioration dans les prochaines années, toute offre d’emploi relève du miracle et personne ne veut laisser passer sa chance. Chaque annonce de grands projets suscite la ruée.

Quelques jours plus tôt, à Cabanillas del Campo, près de Guadalajara, un simple point d’information sur le recrutement de personnel pour un futur centre logistique d’Inditex, le groupe propriétaire de Zara, a failli provoquer une émeute. L’annonce de la petite réunion, destinée au départ aux habitants de la localité, a couru sur les réseaux sociaux et attiré les foules de 50 km à la ronde. Le gymnase bondé n’a pas suffi et il a fallu organiser une deuxième cession. Le centre logistique ne verra pourtant pas le jour avant juin.

Mairies assaillies Dans la banlieue sud de Madrid, les mairies ont été assaillies de candidatures spontanées de gens qui souhaitent travailler à la construction d’Eurovegas. Pourtant la grande cité du jeu, sur le modèle Las Vegas, n’est encore qu’un mirage sur les champs de blé de Castille. Le promoteur américain Sheldon Adelson est certes venu prospecter aux alentours de la capitale espagnole, mais son projet n’a encore reçu aucune autorisation administrative et reste bien loin du premier coup de pioche.

En attendant un hypothétique feu vert, les municipalités empilent les CV sans savoir à qui les passer, les ouvriers de la construction au chômage préfèrent prendre les devants, au cas où.

Un emploi pour le gagnant d’une loterie


Avec 26% de chômage et peu de perspectives d’amélioration dans les prochaines années, toute offre d’emploi relève du miracle. Elle est même en train de se transformer en attraction. Une entreprise de relations publiques de Barcelone vient de lancer une loterie de Noël dont le gros lot est… un emploi, dans une chaîne de magasins d’alimentation. Parmi les autres lots figure trois ans de bons d’épicerie, un an de frais d’essence, trois ans le loyer payé ou encore de factures de gaz, eau et électricité. Il est précisé que l’heureux gagnant du gros lot pourra passer sa récompense à un membre de sa famille et le travail lui sera octroyé « en fonction de son CV et de ses capacités ». Les tickets de participations s’arrachent.

Les syndicats s’élèvent contre cette façon frivole de jouer avec l’angoisse des chômeurs en présentant le fait de décrocher un emploi comme un jeu de hasard. Selon Dolors Llobet, porte-parole du syndicat commission ouvrières en Catalogne, « Il s’agit d’un coup de publicité de mauvais goût, qui crée un spectacle à partir du désespoir de 6 millions de chômeurs. »

De notre correspondante à Madrid, Cécile Thibaud

Vous avez repéré une erreur ou disposez de plus d’infos? Signalez-le ici

Contenu partenaire