Marine Le Pen, candidate FN à la présidence française. © AFP/Jean-François Monier

Empêcher la France de céder à la « menace » Le Pen, l’ultime devoir de François Hollande

Le Vif

Le président français François Hollande a jugé que la « menace » d’une victoire de Marine Le Pen à la présidentielle « existe », même s’il estime que « la France ne cédera pas » à la tentation de l’extrême droite, dans un entretien accordé à six journaux européens dont Le Monde.

« La menace existe » car « l’extrême droite n’a jamais été aussi haute depuis plus de 30 ans, mais la France ne cédera pas », a déclaré le chef de l’Etat dans cet entretien publié lundi, à quelques heures d’un mini-sommet européen qui réunira les dirigeants français, allemand, italien et espagnol à Versailles (banlieue parisienne).

La France « a conscience que le vote du 23 avril et du 7 mai déterminera non seulement le destin de notre pays mais aussi l’avenir-même de la construction européenne », fait valoir François Hollande dans cette interview accordée aux quotidiens Le Monde, Süddeutsche Zeitung, La Stampa, La Vanguardia, The Guardian et Gazeta Wyborcza.

« Car si d’aventure la candidate du Front national l’emportait, elle engagerait immédiatement un processus de sortie de la zone euro et même de l’Union européenne », souligne-t-il.

« C’est l’objectif de tous les populistes, d’où qu’ils soient: quitter l’Europe, se fermer au monde et imaginer un avenir entouré de barrières de toutes sortes et de frontières défendues par des miradors », poursuit François Hollande, dans une allusion à son homologue américain Donald Trump.

Ainsi, s’assigne-t-il pour « ultime devoir » avant de quitter l’Elysée à la mi-mai « de tout faire pour que la France ne puisse pas être convaincue par un tel projet, ni porter une si lourde responsabilité ».

Hollande accuse la Russie d’utiliser « tous les moyens » pour influencer l’opinion

Le président français accuse Moscou d’utiliser « tous les moyens pour influencer les opinions publiques » avec « parfois les même procédés » que l’ex-URSS, dans un entretien à des journaux européens publié lundi.

« La Russie utilise tous les moyens pour influencer les opinions publiques », a déclaré le chef de l’Etat, relevant que même si « ce n’est plus la même idéologie que du temps de l’URSS, (…) ce sont parfois les mêmes procédés, les technologies en plus ».

Pour François Hollande, il s’agit d’une « stratégie d’influence, de réseaux, avec des thèses très conservatrices sur le plan des moeurs » mais « aussi la prétention de défendre la chrétienté par rapport à l’islam ».

« N’exagérons rien mais soyons vigilant », poursuit-il dans cette interview accordée aux quotidiens Le Monde, Süddeutsche Zeitung, La Stampa, La Vanguardia, The Guardian et Gazeta Wyborcza avant un mini-sommet européen qui réunira les dirigeants français, allemand, espagnol et italien lundi à Versailles.

Mercredi, le chef de l’Etat français avait ordonné la « mobilisation » de « tous les moyens nécessaires de l’Etat » face aux cybermenaces pesant sur l’élection présidentielle en France.

A l’issue d’un Conseil de défense réuni à l’Elysée, la présidence avait souligné qu' »aucune action malveillante » ne devait pouvoir « entacher la campagne et le vote », alors que la diplomatie française a multiplié ces dernières semaines les avertissements contre le risque d' »ingérences » russes.

« Que cherche la Russie? », s’interroge encore François Hollande, répondant: « à peser sur les espaces qui étaient autrefois les siens dans l’ex-Union soviétique » comme en Ukraine.

« Elle veut participer à la résolution des conflits dans le monde, à son avantage », notamment en Syrie, « s’affirme comme une puissance » et « teste nos résistances », ajoute-t-il.

Le chef de l’Etat français appelle ainsi à « démasquer » les « opérations idéologiques » pour « dire très clairement qui est avec qui, qui est financé par qui » et « pourquoi les mouvements d’extrême droite sont plus ou moins liés à la Russie ».

Le Kremlin, déjà accusé d’avoir oeuvré en faveur de l’élection de Donald Trump en piratant les ordinateurs du Parti démocrate, est également soupçonné par de nombreux experts français de vouloir peser sur les résultats de la présidentielle en recourant à des cyberattaques sophistiquées et à des campagnes de désinformation.

Vivement démentis par Moscou, les soupçons français sont cependant partagés à travers l’Europe où d’autres scrutins majeurs sont prévus, notamment aux Pays-Bas à la mi-mars, et en Allemagne, fin septembre.

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