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Emmanuel Macron expose ses « projets-clés » pour l’Union européenne

Le Vif

Le président français Emmanuel Macron expose mardi son ambitieux projet pour « refonder » l’Europe, malgré la perspective d’un gouvernement allemand moins réceptif après les élections de dimanche.

Elu en mai, M. Macron doit prononcer un « discours sur l’Europe » à 13H00 GMT dans le grand amphithéâtre de la prestigieuse université de la Sorbonne, à Paris.

Devant les étudiants français et étrangers, qui pourront lui poser des questions, le président centriste proposera une série de « projets-clés » à l’échelle européenne ainsi qu’une méthode pour élaborer, d’ici à l’été 2018, une feuille de route de l’Union européenne sur 10 ans, a expliqué le palais présidentiel de l’Élysée.

Le chef de l’Etat espère relancer la machine européenne, dépourvue selon lui de vision de long terme depuis des années, affaiblie par une ouverture à tous vents à la mondialisation et enlisée dans la bureaucratie, la sur-réglementation et des décisions à l’unanimité, freinées notamment par la Grande-Bretagne.

Il détaillera une méthode de travail pour avancer sur cinq chantiers clés: le numérique, le climat, la sécurité et la défense, la question migratoire et les questions économiques et commerciales, sans rechercher ni unanimité ni « plus petit commun dénominateur ».

Paris veut au contraire que les pays les plus volontaires sur chaque dossier aillent beaucoup plus loin dans l’intégration, explique l’Elysée, afin de surmonter la lourdeur des décisions à l’unanimité des 27.

Les « pionniers » pourront ensuite être rejoints par d’autres, comme pour les accords de Schengen. Et « les pays qui ne voudraient pas ne pourraient pas empêcher les autres d’avancer ».

S’il a esquissé durant l’été plusieurs de ses initiatives, M. Macron a tenu à attendre la fin des élections allemandes pour ouvrir cette « nouvelle page » de l’UE.

Mais la trop courte victoire de la chancelière pourrait être un frein à l’Europe qu’il ambitionne. Angela Merkel devrait notamment s’allier avec les libéraux du FPD, peu enclins à renforcer l’Europe.

Le chef des libéraux, Christian Lindner, a ainsi déjà averti qu’il s’opposerait farouchement au projet de budget de la zone euro du président Macron – lequel espère ainsi aider à financer des investissements d’infrastructure.

Pas question pour M. Lindner de voir l’argent « atterrir en France pour les dépenses publiques ou en Italie pour réparer les erreurs de (Silvio) Berlusconi » alors qu’Emmanuel Macron plaide pour un ministre et un budget spécifique pour les 19 pays de la zone euro.

Pour autant, Paris ne veut pas modifier ses propositions et espère emporter malgré tout la cruciale adhésion de l’Allemagne.

Des mesures emblématiques

« C’est le bon moment pour proposer notre vision, car si on attend trop, les négociations de coalition en Allemagne seront fortement avancées et on pourra nous objecter que Paris n’a pas fait connaître à l’avance ses propositions », explique l’Elysée, alors que le président Macron a multiplié les consultations avec ses partenaires ces derniers jours.

A la Sorbonne, le président va dévoiler des « mesures emblématiques » et « concrètes ». « Des propositions qui lanceront le débat » au niveau européen, idéalement « avant la fin de l’année », précisent ses services.

Parmi elles: création d’une Agence européenne d de l’innovation, un Erasmus élargi, un cadre de taxation de géants du numérique, les Gafa, qui sera au menu vendredi d’un sommet européen sur le numérique à Tallinn (Estonie), ou encore une coopération dans la lutte antiterroriste.

Le président devrait aussi aborder les sujets de la convergence fiscale et sociale, de la politique d’éducation et de la culture, ainsi que des instruments économiques permettant d’affronter des crises monétaires, en sus de la création d’un gouvernement économique de la zone euro, avec un ministre et un budget propre, contrôlés par un Parlement de la zone euro.

Ces dernières semaines, Mme Merkel a réservé un accueil prudent aux idées évoquées par M. Macron.

« Ce n’est pas le vocabulaire à lui seul -ministre européen des Finances, budget de la zone euro- qui est important mais aussi ce qui se cache derrière. Et sur ce point, je suis en discussion avec le président français », a-t-elle répété lundi.

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