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Emeutes en Grande-Bretagne : Cameron durcit encore le ton

Le Premier ministre britannique David Cameron a dévoilé de nouvelles mesures anti-émeutes, n’excluant pas le recours à l’armée à l’avenir, alors que le pays a connu sa première nuit calme après quatre jours consécutifs de violences.

Devant le Parlement réuni en session extraordinaire, David Cameron a annoncé des pouvoirs supplémentaires pour les policiers, leur donnant le pouvoir d’enlever foulards, masques et autres cagoules dissimulant le visage des personnes soupçonnées d’activité criminelles.

Nombre de pillards, qui ont semé la terreur ces derniers jours dans plusieurs villes d’Angleterre, avaient le visage caché, compliquant leur identification sur les images des caméras de vidéo-surveillance.

Mise en place d’un couvre-feu ?

Face à ces émeutes, qui ont fait quatre morts, les autorités réfléchissent aussi aux conditions de mise en place d’un couvre-feu, a ajouté le Premier ministre conservateur, qui n’a pas exclu le recours à l’armée à l’avenir. « Ma responsabilité est de veiller à ce qu’on considère toute éventualité, y compris si il y a des tâches que l’armée peut assurer et qui laisserait les mains libres à la police sur la ligne de front », a déclaré M. Cameron qui avait déjà annoncé en début de semaine d’importants renforts de police et le recours possible aux canons à eau.

Dans un discours ferme, le chef de gouvernement, rentré d’urgence de vacances mardi, a condamné « la criminalité pure et simple » des émeutiers. Il ne s’agit « pas de politique, ni de manifestation, mais de vol », a-t-il estimé.

La mort d’un homme, tué par la police la semaine dernière à Londres, a été « utilisée comme excuse par des voyous opportunistes », a-t-il affirmé.

Et les J.O. ?

Les émeutiers ont vandalisé de samedi à mercredi de nombreux commerces et incendié des bâtiments dans plusieurs villes d’Angleterre, dont Londres, qui doit accueillir les jeux Olympiques de 2012. « A un an des Jeux, nous devons montrer que la Grande-Bretagne n’est pas un pays qui détruit, mais un pays qui bâtit, qui ne baisse pas les bras, un pays qui fait face, qui ne regarde pas en arrière mais toujours en avant », a estimé M. Cameron.

La facture monte

La facture des violences urbaines dépassera largement le seuil des 225 millions d’euros (321 millions de dollars), selon des chiffres encore provisoires jeudi des assureurs et de groupements professionnels. Le gouvernement a annoncé de son côté la création d’un fonds de 22 millions d’euros (32 millions de dollars) pour venir en aide aux commerçants dont les magasins ont été dévalisés.

Pour la première fois depuis le début des violences samedi, aucun incident n’a été signalé mercredi soir en Grande-Bretagne, où un important dispositif policier et la pluie semblent avoir dissuadé les émeutiers de semer le trouble.

Le nombre d’arrestations aussi

Mais la police, qui a procédé dans le pays à plus de 1.200 arrestations liées aux violences, continuait jeudi à interpeller des fauteurs de troubles présumés. A Londres, elle a mené dès l’aube des perquisitions en application de 100 mandats d’arrêt, selon Scotland Yard.

Pour faire face à l’afflux de personnes à juger, des tribunaux sont restés ouverts pendant la nuit. A la barre se sont notamment succédé un garçon de 11 ans qui a reconnu le vol d’une poubelle d’une valeur de 57 euros (81 dollars) et une aide-maternelle, également accusée de vol, qui a plaidé coupable.

Vers un retour à la normale ?


Dans les quartiers défigurés par les émeutes, les pires qu’ait connues le pays depuis des décennies, la vie reprenait progressivement ses droits jeudi.

A Ealing, zone résidentielle de l’ouest de Londres, un café bio, dont la vitrine brisée était remplacée par des planches de bois, était ouvert. « Le quartier se remet rapidement », a témoigné le patron, Hussein Hagg.

En dépit de ces signes de retour à la normale, les risques de dérapage demeuraient importants. Ce qui a contraint la ligue anglaise de football à reporter le match de la première journée du championnat d’Angleterre samedi à Londres entre Everton et Tottenham, le quartier même où les violences avaient débuté le week-end dernier.

Le Vif.be, avec Belga

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