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Elections en France : le FN confirme son implantation

La gauche s’est nettement imposée dimanche au second tour des élections locales en France, marquées par un nouvel échec de la droite au pouvoir et par la confirmation de l’installation de l’extrême droite dans le paysage politique, à un an de la présidentielle. Comme dimanche dernier, le scrutin a été marqué par une abstention record pour ce type d’élection, supérieure à 55% selon ces mêmes résultats partiels.

Le parti socialiste (PS) a recueilli 35,74% des voix au second tour des cantonales (élections au niveau des départements), devant l’UMP du président Nicolas Sarkozy avec 20,32%, tandis que le Front national (FN, extrême droite), présent dans un quart des cantons à pourvoir a obtenu 11,63%, selon les estimations du ministère de l’Intérieur portant sur près de 90% des électeurs inscrits.

« Les Français ont ouvert la voie du changement, nous allons nous y engouffrer », a promis la dirigeante du Parti socialiste, Martine Aubry, annonçant que le PS allait présenter le 5 avril son projet politique, notamment en vue de la présidentielle de 2012.

Le Front national a confirmé son implantation à travers le pays, même s’il n’a obtenu que deux élus, dans le sud-est du pays.

« Il faudra compter avec le FN dans les premières places aux prochaines élections, présidentielle et législatives. La recomposition de la vie politique en France est en cours »‘, s’est réjouie la dirigeante du FN, Marine Le Pen, qui estime avoir réussi son pari, transformant le vote protestataire pour l’extrême droite en « vote d’adhésion ».

Un sondage publié dimanche confirme d’ailleurs plusieurs enquêtes précédentes, selon lesquelles Marine Le Pen se qualifierait pour le second tour de la présidentielle en France en éliminant le président sortant Nicolas Sarkozy.

Marine Le Pen, qui tire parti de l’exaspération des Français face à la crise économique et sociale, a réussi à faire de l’islam et de la place des musulmans dans la société un des principaux enjeux du débat politique national.

Moins provocatrice que son père Jean-Marie Le Pen, à qui elle a succédé le 16 janvier, elle inscrit le discours de son parti dans la mouvance des partis populistes et d’extrême droite européens, en Suisse et aux Pays-Bas notamment.

Sa réussite dimanche dernier (15% des voix) avait mis à mal l’UMP, divisée sur l’attitude à adopter. Alors que quelque 200 duels opposaient FN et PS, la consigne « ni Front national, ni front républicain » avec la gauche, élaborée de concert par Nicolas Sarkozy et la direction de l’UMP, a provoqué le trouble et une césure avec les centristes, partisans d’un vote en faveur de la gauche pour faire barrage à l’extrême droite.

Victime de l’impopularité de Nicolas Sarkozy, la droite est restée discrète au soir de cette déroute, survenant après des défaites aux élections européennes de 2009 et aux régionales de 2010. Le patron de l’UMP, Jean-François Copé, a avoué que la majorité était « un petit peu déçue », tout en estimant que le PS était « très loin » des résultats qu’il escomptait.

La gauche, qui était majoritaire dans 58 départements avant le scrutin, contre 42 à la droite, s’est emparée de plusieurs départements, notamment le Jura (est), les Pyrénées-Atlantiques (sud-ouest), ainsi que la Réunion et Mayotte, deux îles dans l’océan Indien.

Les socialistes vont désormais se lancer dans la course aux primaires pour désigner leur candidat à la présidentielle en 2012. Le meilleur candidat dans les sondages est aujourd’hui le directeur général du Fonds monétaire international (FMI) Dominique Strauss-Kahn, mais le net succès du PS aux cantonales renforce la position de Martine Aubry dans son rôle de leader de l’opposition.

Le maintien à gauche du département de la Corrèze (sud-ouest) lance également le compte-à-rebours de la déclaration de candidature de l’ancien secrétaire général du PS François Hollande.

Le Vif.be, avec Belga

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