Marine Le Pen réagit aux résultats. © REUTERS

Elections en France: l’extrême droite ne remporte aucune région

L’extrême droite française n’a remporté dimanche aucune région, bloquée dans son ascension par la mobilisation d’électeurs inquiets de son accession au pouvoir 16 mois avant le scrutin présidentiel.

Ces résultats, après un succès historique au premier tour des élections régionales, sont un camouflet pour les trois figures emblématiques du parti Front national et en premier lieu pour sa présidente Marine Le Pen, 47 ans, grande perdante dans le Nord. Sa jeune nièce Marion Maréchal-Le Pen, 26 ans, a dû s’incliner dans le Sud, tout comme Florian Philippot, 34 ans, stratège du parti, dans le Grand Est.

Dès 17 heures, la participation était en forte hausse par rapport au premier tour: 50,54% contre 43,01% dimanche dernier. Une tendance qui se confirme nettement à 20h avec les chiffres quasi définitifs de la participation selon lesquels, près de 59% des inscrits se sont rendus aux urnes sur l’ensemble de la journée de dimanche, relaie L’Express sur son site

7 régions à droite, 5 régions à gauche

Selon les dernières estimations à 20h, la droite remporte six régions et notamment Paca, le Nord, le Grand Est, Rhône-Alpes, et Pays de la Loire, mais également l’Ile-de-France, où Valérie Pécresse (44%) s’impose devant Claude Bartolone (PS) (42%). La région bascule donc à droite après 17 ans de gestion socialiste (depuis 1998).

La gauche quant à elle gagne au moins quatre régions: l’Aquitaine, la Bretagne, Bourgogne et Midi-Pyrénées.

Jean-Yves Le Drian, vainqueur dimanche en Bretagne, a confirmé qu’il serait tout à la fois président de région et ministre de la Défense.

Victoire historique des nationalistes en Corse

Les nationalistes ont remporté dimanche une victoire historique en Corse, battant nettement la gauche sortante et la droite, et reléguant l’extrême droite sous le seuil des 10%.

La liste « Per a Corsica » (Pour la Corse) a obtenu 35,50% des voix, distançant droite et gauche, tandis que le parti d’extrême droite Front national n’a obtenu que 9,80% des voix. « L’île de beauté » a régulièrement défrayé la chronique pour les actions violentes menées par les nationalistes envers les autorités françaises, avec notamment le plastiquage de bâtiments publics.

Des supporters déçus du FN.
Des supporters déçus du FN. © REUTERS

Dans son édito à paraître lundi intitulé « Cette victoire est surtout une non-défaite », le quotidien de gauche Libération estime que si « le sursaut a eu lieu », « c’est la peur de l’extrême droite qui a mobilisé la gauche, non l’adhésion » et qu’il reste un an au gouvernement de gauche pour « réhabiliter l’action politique ».

Le quotidien de droite Le Figaro juge, lui, que les résultats imposent aux adversaires du FN « de se montrer à la hauteur de la confiance qui leur a été renouvelée » par les électeurs.

‘L’impasse du FN’

Selon le politologue Jean-Yves Camus, le résultat de ce dernier scrutin avant la présidentielle de 2017 « tend à confirmer qu’il y a une impasse pour le Front national: c’est un excellent parti de premier tour, mais il ne sait pas aller au-delà ». Pour 2017, les instituts de sondage donnent Marine Le Pen qualifiée au deuxième tour, après une arrivée en première position au premier tour.

Les régions françaises, réduites à 13 contre 21 pour porter leur taille au niveau des Länder allemands, sont les seules collectivités à pouvoir aider directement des entreprises. Elles ont aussi compétence en éducation et dans les transports.

Avec au soir du 6 décembre le plus fort score au niveau national (28%, et jusqu’à 40% dans le Nord et le Sud), le Front national était en tête dans six régions. L’extrême droite tablait sur le rejet des partis traditionnels, impuissants à résoudre la crise économique, et sur les peurs provoquées par les attentats jihadistes du 13 novembre à Paris (130 morts, des centaines de blessés).

Mais la participation des Français au second tour a été nettement plus importante qu’au premier (59% contre 50%), signe d’une plus grande mobilisation saluée par les responsables de droite et de gauche comme un « sursaut républicain ».

La gauche avait sacrifié ses listes dans le Nord et le Sud en appelant à voter dimanche pour la droite.

Parti europhobe et anti-immigrés, le Front national est à la tête d’une dizaine de municipalités en France, mais il n’a jamais dirigé de région.

Fondé en 1972, il est présidé depuis 2011 par Marine Le Pen qui a entrepris de le dédiaboliser par rapport à la formation co-fondée par son père Jean-Marie, exclu en août du parti après des dérapages verbaux.

Dans la foulée du scrutin, l’ex président Nicolas Sarkozy (2007-2012) qui espère repartir à l’assaut de la présidentielle, a dit vouloir débattre de « tout ce qui angoisse les Français », citant l’Europe, la politique économique, le chômage et « l’affirmation de notre identité ».

A gauche, le « front républicain » face au FN prôné par les socialistes est vu par certains comme une stratégie visant à présenter François Hollande, dont la popularité a rebondi après les attentats, comme le meilleur rempart en 2017.

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