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Elections en Birmanie : la junte revendique 80% des sièges

Le parti créé par la junte birmane semblait déjà assuré de sa victoire lundi. Il revendique aujourd’hui environ 80% des sièges dans les assemblées nationale et régionales après un scrutin critiqué par les pays occidentaux et terni par des affrontements meurtriers entre la junte et des rebelles karens.

« Nous avons gagné environ 80% des sièges », a affirmé un des hauts responsables du parti, ajoutant que l’ex-numéro trois de la junte, le général Thura Shwe Mann, qui a pris sa retraite de l’armée il y a quelques semaines pour se présenter, avait également été élu.

Les résultats officiels ne sont pas attendus avant quelques jours dans ce pays de quelque 50 millions d’habitants.

Le scrutin a été marqué par de multiples accusations de fraude à l’encontre du Parti de la solidarité et du développement de l’Union (USDP), dirigé par le Premier ministre Thein Sein.

Le processus électoral tout entier a été condamné par l’Occident et les Nations unies, en l’absence de l’opposante Aung San Suu Kyi, vainqueur des élections précédentes en 1990 avec la Ligue nationale pour la démocratie (LND), sans jamais accéder au pouvoir.

La Force démocratique nationale (NDF) et le Parti démocrate (PD), les deux plus importantes formations d’opposition démocratiques, ont protesté contre des malversations des militaires, en particulier via la collecte de votes avant les élections.

Le scrutin a été décrit par les analystes comme un simulacre destiné à doter le pouvoir militaire d’une légitimité électorale. Un quart des sièges a été réservé par la constitution aux militaires en activité, empêchant mathématiquement la répétition de la victoire de l’opposition en 1990.

Les visites d’ambassadeurs étrangers soigneusement orchestrées aux bureaux de vote n’ont pourtant convaincu personne, hormis la Chine, allié de la junte.

20.000 Birmans réfugiés en Thaïlande

Des combats à l’arme lourde ont éclaté lundi dans une ville de l’est de la Birmanie, à la frontière avec la Thaïlande, entre des rebelles karen et l’armée birmane.

Dimanche, la tension était montée d’un cran dans la ville lorsque 300 rebelles karens avaient manifesté, arme au poing. Ils protestaient contre les élections.

Les combats ont poussé quelque 20.000 personnes à se réfugier en Thaïlande. Les Birmans de l’Etat karen ont passé la frontière à deux endroits : à Mae Sot, juste en face de la ville birmane de Myawaddy où les combats ont commencé lundi matin et au col des Trois Pagodes, quelque 150 km plus au sud, où d’autres combats ont éclaté dans la journée de lundi. Les combats ont fait trois morts et plusieurs blessés.

« Il y a 15.000 villageois birmans à Mae Sot », a indiqué le gouverneur de la province thaïlandaise de Tak, Samard Loyfar. « La nuit dernière, on en a accueilli environ 5.000 dans le district de Sangkhla Buri », a ajouté le responsable de ce district thaïlandais situé au niveau du col des Trois Pagodes.

Aung San Suu Kyi toujours surveillée

La lauréate du prix Nobel de la paix est aujourd’hui encore maintenue en résidence surveillée, comme pendant 15 des 21 dernières années.

Le secrétaire général des Nations unies Ban Ki-moon a exhorté « les autorités birmanes à libérer tous les prisonniers politiques et lever les restrictions touchant Aung San Suu Kyi sans délai afin qu’ils puissent participer librement à la vie politique de leur pays ».

Le Vif.be, avec Belga

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