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Elections cantonales en France : le FN engagé dans près de 400 duels

Le premier tour des élections cantonales, dernier scrutin au suffrage universel avant les grands rendez-vous des élections présidentielles de 2012 en France, a été marqué dimanche par une poussée du Front national, qui talonne l’UMP, et une progression de la gauche, sur fond d’abstention record.

Avec 86% des bulletins dépouillés, le PS obtenait 25,62% des voix, l’UMP 16,34%, le FN 14,71%, Europe Ecologie-Les Verts 7,79% et le Front de gauche près de 9%, selon des résultats de l’Intérieur. Le ministre Claude Guéant a crédité la majorité présidentielle de 32,5%.

Le score élevé du FN se traduit dans sa présence au second tour: il y aura 394 duels, en majorité face au PS (204), mais aussi 89 face à l’UMP, 37 face au Parti communiste français (PCF) ou d’autres candidats, de gauche ou de droite. Il y aura également 5 triangulaires UMP-PS-FN.

Le parti de Marine Le Pen, arrivé en tête dans 39 cantons, s’est qualifié dans le quart des cantons encore à pourvoir dimanche prochain. Dans le propre fief du patron de l’UMP, Jean-François Copé, le parti présidentiel est devancé par le FN.

Le ministre Claude Guéant a crédité la « majorité présidentielle » de 32,5%, via une addition de voix à droite qui a indigné FN et PS. Le taux définitif d’abstention se situe à 55,6%, un record pour ce type de scrutin.

Marine Le Pen a salué un succès « historique » pour son parti, presque au coude-à-coude avec l’UMP. Le FN, qui n’avait aucun conseiller général, est amené à remplacer l’UMP dans le paysage politique, a prédit le compagnon de Marine Le Pen, Louis Aliot.

Confirmation des sondages

Cette percée du parti d’extrême droite confirme les sondages récents faisant de Marine Le Pen une possible finaliste de la présidentielle. Le positionnement des uns et des autres par rapport au FN a d’ailleurs alimenté tous les commentaires. « Nous laissons nos électeurs libres de leur choix » quand l’UMP est absente au second tour, a lancé Jean-François Copé, refusant le vote FN comme le front républicain.

Une prise de position dénoncée par la gauche, qui y voit « une ambiguïté coupable », comme David Assouline (PS). Même tonalité du côté du MoDem: « La position de l’UMP est irresponsable, il faut voter pour le candidat qui est contre le FN », a déclaré son porte-parole Yann Wehrling.

Dans la majorité aussi, la position officielle de l’UMP fait tiquer et promet d’âpres débats. Le président du Parti radical, Jean-Louis Borloo, a ainsi appelé à « faire barrage au FN ».

La ministre Valérie Pécresse a affirmé que « personnellement », en cas de duel avec le FN, elle voterait pour la gauche. La numéro un du PS Martine Aubry a accusé de nouveau le président Sarkozy d' »abîmer la République » et d’être « pour beaucoup dans le score du Front national ». A l’issue d’une réunion avec Cécile Duflot (EELV) et Pierre Laurent (PCF), les trois leaders ont appelé ensemble au rassemblement.

Cécile Duflot a aussi appelé à « faire barrage au FN » partout où il sera présent. « L’UMP s’est pris une raclée et le FN lui a fait les poches », a ironisé Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche).

Rare voix discordante à droite, Claude Goasguen (UMP) a vu dans ce résultat « un avertissement » lancé à son parti « et à Nicolas Sarkozy », alors que, dans la majorité, le mot d’ordre était clair: relativiser la portée nationale du scrutin et appeler à la mobilisation.

Côté résultats, l’ancienne « première dame » Bernadette Chirac a été réélue à une voix près au premier tour en Corrèze. Michel Mercier, seul ministre en lice, a été réélu dans le Rhône.

Les socialistes appellent au boycotte du FN

Le Parti socialiste français a demandé lundi aux électeurs d’utiliser le « bulletin de vote UMP (le parti au pouvoir du président Nicolas Sarkozy, Ndlr) » en cas d’absence de la gauche au second tour d’élections locales pour faire barrage au Front national (extrême droite).

« Nous appelons à faire barrage au Front national et utiliser le bulletin de vote adéquat. Si c’est un bulletin de vote UMP, utilisez-le pour éviter que le Front national ne l’emporte », a déclaré le porte-parole du PS Benoît Hamon sur la radio France Inter.

« Oui, comme en mai 2002 », a-t-il concédé, en référence au second tour de la présidentielle dont le candidat socialiste avait été exclu et qui avait vu s’affronter le président sortant Jacques Chirac et le patron du FN Jean-Marie Le Pen.

M. Hamon a estimé que « le Front national rajouterait à la ruine économique et sociale de la France actuelle, une sorte de ruine démocratique: éclatement du pays, opposition des Français les uns aux autres… ».

« Le Front national, ce serait, ou ce sera, une épreuve pour la France », a-t-il ajouté. « Ne rajoutons pas à l’état de crise qui est celui de la France, l’épreuve d’un Front national en situation de pouvoir gouverner une ville, un département, ou, pire, le pays ».

Le Vif.be, avec L’Express.fr et Belga

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