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Elections américaines: qui est Paul Ryan, colistier ultra-libéral de Romney?

Mitt Romney a présenté samedi son colistier pour le reste de la campagne. A 42 ans Paul Ryan est l’une des étoiles montantes du parti républicain. Jusqu’où ira-t-il ?

Son parcours Paul Ryan n’est pas issu d’une famille spécialement politisée. Bien que jadis partisan de Ronald Reagan, son père, procureur, ne s’est jamais engagé en politique. Sa mère garde le foyer et préfère organiser des sorties familiales en plein air.

En 1992, il obtient son Bachelor en économie et en sciences politiques à Miami University, qui contrairement à ce que l’on pourrait croire, se trouve en Ohio. Il rêve d’aller étudier à l’Université de Chicago, où son modèle Milton Friedman, chantre de l’économie libérale enseignait, mais est finalement embauché comme attaché parlementaire du sénateur du Wisconsin, Bob Kasten, dès l’année suivante. Il travaille ensuite pour l’association conservatrice Empower America avant de devenir rédacteur de discours de Jack Kemp, colistier de Bob Dole, candidat à la présidentielle de 1996. Durant ses premières années à Washington, il travaille également, le soir, comme serveur et comme coach sportif. Dès 1998, il est élu pour la première fois représentant à la chambre pour le premier district du Wisconsin à l’âge de 28 ans. Il en est aujourd’hui à son 7è mandat consécutif.

Paul Ryan a l’image d’un élu attaché à son État, qui revient parmi les siens dès qu’il le peut. Son père, son grand-père et son arrière-grand-mère sont tous les trois décédés d’une crise cardiaque avant 60 ans, ce qui l’a poussé à faire du sport régulièrement.

Ses faits d’armes Pourtant originaire et élu d’un État réputé modéré, Paul Ryan s’est fait remarquer par ses positions ultra-libérales. Il a notamment proposé de privatiser le système des retraites. Il est aujourd’hui le président de la Commission du budget de la Chambre des représentants. Ses propositions de budget pour 2012 et 2013 ont successivement été adoptées à la Chambre des représentants par la majorité républicaine. Elles contiennent d’importants changements pour le Medicaid et des coupes budgétaires.

Bien que son projet pour réduire la dette américaine et sortir les Etats-Unis de la crise puisse être radical et critiqué, il a le mérite d’être chiffré. En 2011, le magasine Human Events, un hebdomadaire conservateur à diffusion limitée, l’élit  » conservateur de l’année « .

Les avantages du choix Ryan Un candidat à la vice-présidence est toujours surexposé lors des campagnes présidentielles, avant de trouver un rôle plus secondaire. En 2008, un débat entre Joe Biden et Sarah Palin avait été organisé. On ne vote pas pour un candidat à cause de son vice-président, mais son choix donne une indication sur le candidat qui l’a choisi et ses positions futures. Depuis l’annonce de ce choix, la campagne de Mitt Romney a d’ailleurs gagné en enthousiasme. Reste à prolonger l’effet. Sa nomination a deux avantages. Elle peut, d’une part, permettre à Mitt Romney de mobiliser davantage l’aile la plus conservatrice du parti, alors que le camp démocrate rencontre lui aussi des difficultés pour rallier ses partisans de 2008. La mobilisation de chaque camp sera déterminante, car il n’y a plus beaucoup d’électeurs indécis. D’autre part Ryan est réputé pour ses compétences en économie. Déjà lors des primaires républicaines, Romney se voyait reprocher son image trop lisse et une trop faible différenciation avec Obama. Avec ce choix, le chef républicain marque davantage sa différence et peut pousser plus loin les débats sur l’économie, là où le bilan d’Obama est plus difficile à défendre.

Ses ambitions

L’année dernière Ryan Paul avait déclaré  » J’ai de l’ambition pour la politique, je n’ai juste pas d’ambition personnelle pour la politique « . Pour être Président  » Vous devez avoir ça profondément inscrit dans votre coeur, votre esprit, vos tripes. Je n’ai pas ce feu-là en moi.  » Mitt Romney a d’ailleurs confirmé cet état d’esprit lors de la présentation de son colistier, expliquant que ce dernier n’était initialement pas destiné à aller à Washington, mais qu’il s’est finalement décidé à  » servir  » son pays car il était trop préoccupé par ce qui s’y passait. Ce discours anti-establishment trouve des échos auprès du Tea Party qui n’a de cesse de dénoncer les « manipulations » du Congrès. Pourtant Paul Ryan a bien passé toute sa carrière à Washington. A 42 ans, son ambition s’arrêtera-t-elle au poste de vice-Président ?

Par Jean-François Gérard, L’Express

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