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Egypte: Moubarak est sorti de prison

Le Vif

L’ex-président égyptien Hosni Moubarak a quitté jeudi sa prison pour un hôpital militaire du Caire où il sera assigné, après qu’un tribunal eut ordonné sa remise en liberté conditionnelle dans l’attente de procès notamment pour meurtres, a annoncé le ministère de l’Intérieur.

Hosni Moubarak est sorti de prison. En liberté conditionnelle, l’ancien président égyptien a été transféré ce jeudi de sa prison vers un hôpital militaire du Caire pour y être « assigné à résidence ». Devant la prison, des militants du président destitué s’étaient rassemblés pour célebrer l’événement.

Moubarak a été transféré à bord d’un hélicoptère médicalisé, de la prison de Tora au Caire à l’hôpital militaire de Maadi dans un quartier périphérique de la capitale, a indiqué un général du ministère de l’Intérieur. Ces informations ont été confirmées par un haut responsable de la sécurité égyptienne.

Pas de nouveau chef d’inculpation

Plus tôt ce jeudi, le parquet général ne s’était pas opposé à la décision d’un tribunal de remettre en liberté conditionnelle l’ex-président égyptien, selon des sources judiciaires.

De hauts responsables de la sécurité ont indiqué que M. Moubarak, renversé début 2011 par une révolte populaire et qui doit encore être jugé notamment pour meurtres, sera probablement transféré vers un hôpital militaire.

Le parquet général a informé les autorités pénitentiaires que la décision de justice de la veille était valide et qu’il n’envisageait pas de nouveau chef d’inculpation, ont précisé deux sources judiciaires sous couvert de l’anonymat.

La déchéance d’un despote flamboyant

Autrefois courtisé sur la scène internationale et redouté dans son pays, Hosni Moubarak a été emporté dans le tumulte du Printemps arabe en février 2011, à l’issue de 18 jours d’une révolte sans précédent qui a fait près de 850 morts, selon des chiffres officiels.

La santé de M. Moubarak, 85 ans et incarcéré depuis avril 2011, est l’objet d’incessantes spéculations et d’informations contradictoires faisant état tour à tour de dépression aiguë, d’un cancer, d’accidents cardiaques ou de problèmes respiratoires.

Donné pour « cliniquement mort » en 2012 par l’agence officielle Mena, il est actuellement assigné à résidence en attendant la reprise dimanche de son procès en appel pour la mort de manifestants lors du soulèvement (25 janvier-11 février 2011). Condamné à la réclusion à perpétuité dans cette affaire en première instance, il est également inculpé pour des affaires de corruption.

Lors de son arrivée à la tête du pays en 1981, après l’assassinat du président Anouar el-Sadate par des islamistes, personne ne prédisait beaucoup d’avenir à cet homme manquant de charisme.

Né le 4 mai 1928 dans une famille de la petite bourgeoisie rurale du delta du Nil, Mohammed Hosni Moubarak a fait ses preuves dans l’armée, jusqu’à devenir commandant en chef des forces aériennes, puis vice-président de Sadate en avril 1975.

Réputé pragmatique, mais de plus en plus coupé du peuple et orgueilleux, il s’est appuyé sur un redoutable appareil policier et un parti à sa dévotion pour étendre son emprise et régner sans partage sur son pays, le plus peuplé du monde arabe avec près de 85 millions d’habitants.

Le maintien contre vents et marées des accords de paix conclus en 1979 avec Israël et sa réputation de « modéré » au sein du monde arabe ont valu à son régime autocratique les faveurs de l’Occident, en particulier des Etats-Unis, dont il est resté un allié indéfectible.

Avec sa silhouette trapue, sa chevelure toujours drue malgré l’âge et son regard souvent dissimulé derrière des lunettes de soleil, M. Moubarak était devenu une figure familière des réunions internationales.

Il s’est aussi montré un adversaire résolu de l’islamisme radical façon Al-Qaïda, mais sans parvenir à enrayer la montée du mouvement conservateur des Frères musulmans, dont l’un des cadres, Mohamed Morsi, a pris sa succession en juin 2012 à la tête du pays avant d’être destitué le 3 juillet 2013 par l’armée.

La politique d’ouverture économique suivie dans les dernières années du régime Moubarak a valu à l’Egypte une amorce de décollage économique remarqué, mais aussi une aggravation des inégalités, du mécontentement social et de la corruption.

Durant sa longue carrière, il a échappé à plusieurs tentatives d’attentat et a toujours maintenu l’état d’urgence, finalement levé fin mai 2012 avant d’être réinstauré il y a une semaine par les autorités installées par l’armée après la destitution de l’islamiste Mohamed Morsi.

Hosni Moubarak est marié à Suzanne Thabet, qui fut très influente dans son entourage. Leurs deux fils, Alaa et Gamal -ce dernier a longtemps fait figure de dauphin pour la présidence de l’Egypte – sont également poursuivis pour corruption.

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