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Egypte: Morsi reprend la main face à l’armée et met Tantaoui à la retraite

Le président égyptien Mohamed Morsi a créé la surprise dimanche en annonçant l’annulation d’une « déclaration constitutionnelle » accordant de larges pouvoirs à l’armée et la mise à la retraite du maréchal Hussein Tantaoui, ministre de la Défense depuis 20 ans.

D’après son porte-parole, M. Morsi a également nommé un vice-président, le juge Mahmoud Mekki, qui sera seulement la deuxième personne à occuper ce poste en plus de 30 ans.

« Le président a décidé d’annuler la déclaration constitutionnelle adoptée le 17 juin » par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirigeait à l’époque le pays et dans laquelle les militaires s’arrogeaient notamment le pouvoir législatif, a annoncé le porte-parole du président, Yasser Ali, dans une déclaration télévisée. Les Frères musulmans, dont est issu le président Morsi, avaient dénoncé cette « Déclaration constitutionnelle complémentaire » comme « un coup d’Etat institutionnel » du CSFA, dirigé par le maréchal Tantaoui, visant à limiter les prérogatives présidentielles.

La « déclaration » avait été adoptée le jour de la fin du second tour de l’élection présidentielle et avait provoqué une crise politique entre l’armée et les islamistes. Avec le pouvoir législatif, les généraux gardaient un droit de veto sur toute nouvelle loi ou mesure budgétaire et se réservaient aussi un droit de regard sur la rédaction de la future Constitution, le texte fondamental en vigueur sous M. Moubarak ayant été suspendu.

M. Morsi a également décidé dimanche de mettre à la retraite le maréchal Tantaoui et l’a remplacé au ministère de la Défense par le général Abdel Fattah al-Sissi, le chef des renseignements militaires. Il n’était toutefois pas encore clair si le maréchal, ministre de la Défense de Hosni Moubarak pendant une vingtaine d’années, restait toujours chef du CSFA.

Le chef d’état-major de l’armée et No2 du CSFA, Sami Anan, a également été mis à la retraite, et remplacé par le général Sedki Sobhi. MM. Tantaoui et Anan ont toutefois tous deux été nommés conseillers auprès du président Morsi, selon les médias officiels.

Le nouveau vice-président, Mahmoud Mekki, est un magistrat qui a joué un rôle dans la fronde des juges en 2005 contre la fraude électorale pendant le scrutin présidentiel qui s’était terminé par une victoire écrasante de Hosni Moubarak, finalement renversé par une révolte populaire le 11 février 2011. Il s’agit seulement du deuxième vice-président égyptien en 30 ans. Hosni Moubarak n’avait jamais nommé de vice-président jusqu’à la révolte de février 2011, et pendant laquelle il avait nommé son chef des renseignements Omar Souleimane à ce poste.

M. Morsi, formellement investi le 30 juin, est le premier civil à accéder à la magistrature suprême, dans un pays où tous les présidents sont venus de l’armée depuis la chute de la monarchie en 1952. Depuis son accession au pouvoir, il a alterné compromis et bras de fer avec l’armée pour tenter de s’imposer.

Avec Belga.

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