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Egypte : Mohamed Morsi a-t-il surestimé ses forces?

Le président égyptien a abandonné samedi le décret qui lui confiait des pouvoirs renforcés, mais maintient le référendum très contesté sur la Constitution. Des analystes jugent qu’il a mal négocié la contestation.

Mohamed Morsi s’est-il trompé de stratégie? Des analystes jugent que le président égyptien a fait un mauvais calcul en s’octroyant des pouvoirs exceptionnels et en tentant de faire passer une nouvelle Constitution malgré les protestations de l’opposition, ces dernières semaines.

Sa reculade samedi sur le décret hautement controversé qui plaçait son action hors d’atteinte de la justice l’a prouvé avec d’autant plus d’éclat que l’influente armée l’a sommé, lui et l’opposition, de « dialoguer » quelques heures plus tôt, faute de quoi l’Egypte s’enfoncerait dans un « sentier obscur ».

L’institution militaire a sans aucun doute souhaité « faire passer le message qu’elle n’était plus en mesure de préserver la stabilité et qu’il (Mohamed Morsi) devait se résoudre à faire des concessions à l’opposition », estime Wayne White, analyste au Centre de politique sur le Moyen-Orient, un cercle de réflexion basé à Washington.

Mais le message de l’armée s’adressait « tant aux Frères musulmans (dont est issu Mohamed Morsi) qu’aux forces libérales » de l’opposition, souligne Hassan Nafaa, un éditorialiste égyptien.

Morsi inflexible sur le référendum

Reste le référendum sur le projet de nouvelle Constitution prévu le 15 décembre, autre cheval de bataille des détracteurs du chef de l’Etat. Ils y voient une tentative d’islamiser davantage l’arsenal législatif égyptien et de restreindre les libertés, en particulier d’expression et de religion.

Sur le référendum et sa date, le président n’a pas bougé d’un iota. Et analystes et observateurs pensent que le texte a de fortes chances d’être adopté, en grande partie grâce aux moyens dont les Frères musulmans disposent pour mobiliser l’électorat.

« Les Frères musulmans pensent qu’ils ont une majorité suffisante pour remporter le référendum », juge Eric Trager, spécialiste de l’Egypte à l’Institut d’études politiques du Proche-Orient à Washington. Mais, prévient-il, si c’était le cas, cela « plongerait l’Egypte dans une longue phase d’instabilité ».

L’armée chargée de la sécurité et autorisée à arrêter des civils

Mohamed Morsi a accordé à l’armée le pouvoir d’arrêter des civils, en lui demandant d’assurer la sécurité jusqu’à l’annonce du résultat du référendum, dans un décret prenant effet lundi.

Cette décision intervient à la veille de manifestations rivales des forces islamistes et de l’opposition libérale et de gauche, les unes pour appuyer ce référendum prévu samedi, les autres pour exiger son annulation. « Les officiers et sous-officiers des forces armées participant aux missions de préservation de la sécurité et de protection des installations vitales de l’Etat (…) ont tous les pouvoirs d’arrestation judiciaire », selon le texte publié au Journal officiel.

Le Vif.be, avec L’Express.fr et Belga

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