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Egypte : le président Morsi reprend la main sur l’armée

Le nouveau président égyptien a créé la surprise en écartant le maréchal Tantaoui, à la tête de l’armée et figure de l’ère Moubarak. Cette décision-surprise a provoqué l’effervescence dans les milieux politiques et sur les réseaux sociaux.

C’est la décision-surprise du week-end. Le président islamiste égyptien Mohamed Morsi a créé la surprise dimanche en annulant des dispositions accordant de vastes pouvoirs à l’armée et en écartant le maréchal Tantaoui, ministre de la Défense qui fut chef d’Etat de fait après la chute de Hosni Moubarak.

Consolidant sa position, Mohamed Morsi, élu en juin, s’est s’attribué le pouvoir législatif et nommé un vice-président, le juge Mahmoud Mekki, deuxième personne à occuper ce poste en plus de 30 ans. « Le président a décidé d’annuler la déclaration constitutionnelle adoptée le 17 juin » par le Conseil suprême des forces armées (CSFA), qui dirigeait à l’époque le pays et dans laquelle les militaires s’arrogeaient notamment le pouvoir législatif, a annoncé le porte-parole du président.

Avec le pouvoir législatif, les généraux gardaient un droit de veto sur toute nouvelle loi ou mesure budgétaire et se réservaient aussi un droit de regard sur la rédaction de la future Constitution. L’ancienne loi fondamentale est actuellement suspendue. Dans sa propre « déclaration constitutionnelle » dimanche, Mohamed Morsi récupère le pouvoir législatif et s’octroie le droit, si l’actuelle commission constituante ne peut « achever son travail », d’en former une nouvelle « représentant toutes les composantes de la société égyptienne ».

Ces décisions-surprises ont provoqué l’effervescence dans les milieux politiques et sur les réseaux sociaux, qui se demandaient si le maréchal Tantaoui avait accepté sans rechigner d’être écarté. « Ce qui s’est fait l’a été en coordination et après des consultations avec les forces armées », a réagi une source militaire citée par l’agence Mena, en démentant les « rumeurs de réactions négatives (au sein de l’armée) aux changements à la direction des forces armées ».

Dans la soirée, Mohamed Morsi s’est défendu de vouloir marginaliser des personnes ou des institutions. « Je ne leur veux que du bien. Je veux qu’ils se consacrent à une mission, la protection de la nation », a-t-il assuré en allusion aux membres des forces armées. Il a ajouté qu’il voulait « faire en sorte que nous avancions vers un avenir meilleur, avec une nouvelle génération, un sang neuf longtemps attendu ».

Pour l’analyste indépendant Issandr al-Amrani, « Morsi a effectivement, sur le papier, des pouvoirs dictatoriaux ». « Reste à savoir comment il va les utiliser », dit-il sur son blog.
Mohamed Morsi a également décidé de mettre à la retraite le maréchal Hussein Tantaoui, longtemps proche de Hosni Moubarak, et l’a remplacé au ministère de la Défense qu’il occupait depuis 20 ans par le général Abdel Fattah al-Sissi, le chef des renseignements militaires. Le chef d’état-major de l’armée et No2 du CSFA, Sami Anan, a également été mis à la retraite, et remplacé par le général Sedki Sobhi. Tantaoui et Anan ont toutefois tous deux été nommés conseillers auprès du président Morsi.

Des milliers de sympathisants islamistes se sont rassemblés dans la soirée place Tahrir, au Caire, pour fêter les décisions du président.

Ce coup de théâtre politique survient alors que l’Egypte fait face à une grave crise dans le Sinaï, où 16 de ses gardes-frontières ont été tués le 5 août près de la frontière avec Israël et Gaza. L’armée est depuis engagée dans une offensive d’envergure contre les « éléments terroristes » accusés d’avoir mené ou soutenu l’attaque.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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