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Egypte : L’armée, pouvoir intérimaire, de plus en plus critiquée

Malgré la chute du Président égyptien Hosni Moubarak, le peuple égyptien continue à manifester à la place Tahrir. Les réformes promises tardent et l’armée est de plus en plus contestée.

Depuis des jours, des milliers de manifestants sont retournés occuper la Place Tahrir. Hier, ils ont réclamé le départ du maréchal Hussein Tantaoui, le chef du conseil militaire qui assure la direction du pays. Les Egyptiens ont à nouveau envahi la place symbolique Tahrir pour annoncer leur ras-le-bol face aux inactions de l’armée.

Le Conseil suprême des forces armées (CSFA) présidé par le maréchal Tantaoui dirige le pays depuis la chute de M. Moubarak sous la pression du soulèvement populaire du 11 février. Une armée qui assume la gestion du pays en attendant les élections prévues en septembre.

En réponse à ces manifestations, l’armée a souligné qu’elle ne « renoncerait pas à son rôle dans la gestion des affaires du pays pendant cette période critique de l’histoire de l’Egypte ».

Accélérer les réformes

Les manifestants critiquent la lenteur des réformes depuis la chute du président Moubarak, et réclament une purge dans la police ainsi qu’une justice plus ferme et plus rapide à l’égard des anciens dirigeants. Ils espéraient ces mesures depuis des mois mais elles tardent à se mettre en place.

Un Premier Ministre trop faible face à l’armée

Les Egyptiens critiquent aussi le pouvoir de transition. D’un côté, ils pointent la faiblesse du Premier ministre Essam Charaf face à l’armée. Depuis plus de deux semaines, les tensions sont croissantes en Egypte. Les récents affrontements entre la police et les manifestants le prouvent. En réaction, le Premier ministre s’est engagé à satisfaire certaines revendications comme le renvoi des policiers accusés d’avoir tué des manifestants anti-Moubarak. Des policiers toujours en fonction, ce que ne supporte pas le peuple. Vu la pression populaire, Essam Charaf a même promis de remanier son gouvernement au cours de cette semaine.

Mais les Egyptiens veulent des résultats: purge réelle de la police et des anciens du régime, justice efficace et rapide….A ce jour, depuis la révolution, un seul policier a été condamné.

L’annonce de l’abandon des poursuites à l’égard de trois anciens ministres de Moubarak accusés de corruption a aggravé l’exaspération des Egyptiens. Leur patience commence à avoir des limites. Les manifestations ont déjà provoqué la démission du Vice-Premier Ministre, Yehia el Gamal.

L’armée : rien que des promesses ?

D’un autre côté, les Egyptiens commencent à percevoir l’armée comme une extension du pouvoir de Moubarak, contre lequel ils se sont battus. Certains accusant l’armée d’être trop révérencieuse envers l’ancien président. Un président actuellement hospitalisé à Charm el Cheikh et dont le procès est prévu – s’il n’est pas reporté – début août.

Les Egyptiens constatent que les procès des anciens de Moubarak sont retardés voire abandonnés…L’armée peine donc à tenir ses promesses ? N’oublions pas que l’actuel chef politique de l’Egypte, Hussein Tantaoui, n’est autre qu’un ancien Ministre de la Défense sous l’ère Moubarak.

Les manifestations ne cesseront pas tant qu’un pouvoir élu démocratiquement ne sera pas à la tête du régime. Des élections parlementaires sont prévues en septembre. Suivies d’élections présidentielles. En attendant, le pouvoir de transition devra réagir aux appels de la rue pour calmer les Egyptiens avant que le mouvement ne se radicalise…

Le vif.be avec Belga

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