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Egypte: l’armée au dessus des lois, les Frères musulmans protestent

Les militaires ont dévoilé leurs projets pour la future Assemblée constituante. Un moyen de priver les parlementaires -en majorité islamistes- du pouvoir de nommer ses membres.

Elle gardera la main sur la constitution. L’armée égyptienne au pouvoir a annoncé ce jeudi avoir chargé un « conseil consultatif » de préparer la procédure de rédaction d’une Constitution, ignorant les appels des Frères musulmans à réserver cette prérogative au Parlement, en passe d’être dominé par les islamistes. Ce conseil consultatif de 30 membres, composé d’intellectuels et de personnalités politiques, va discuter d’un projet portant sur la mise en place de l’instance qui sera chargée de rédiger la future loi fondamentale.
Les Frères musulmans ont vivement dénoncé la volonté de l’armée d’utiliser le gouvernement, dont elle a la tutelle, et ce conseil consultatif non-élu pour « marginaliser » le Parlement, chargé notamment de nommer la commission qui rédigera la future Constitution de l’Egypte post-Moubarak. La confrérie a annoncé qu’en conséquence elle refusait de participer à ce conseil consultatif. La décision des militaires vise sans doute à rassurer les Etats-Unis, qui versent des milliards de dollars à l’Egypte, notamment dans le cadre de la coopération militaire, et toutes les chancelleries que l’émergence des partis religieux inquiète.

Flou sur les critères de sélections des membres de l’assemblée constituante
Les premiers projets constitutionnels du CSFA, qui réservaient à l’armée un très large autonomie à l’égard du pouvoir civil, ont donné lieu à des manifestations qui ont fait une quarantaine de morts en novembre. Les généraux avaient provisoirement reculé, sans parvenir à dissiper l’idée qu’ils cherchent à garder la réalité du pouvoir qu’ils doivent formellement remettre aux civils l’année prochaine. Le général Mokhtar al Moullah, membre du CSFA, a annoncé mercredi à la presse que les 100 sièges de l’assemblée constituante seraient attribués par la nouvelle législature, conformément à la constitution intérimaire, mais a précisé que les « critères » de cette sélection devraient être « négociés au préalable entre le gouvernement, la commission consultative du Conseil militaire et le Parlement », sans donner plus de précision sur ces « critères ».

Rempart contre l’hégémonie des islamistes
La nouvelle constitution, a poursuivi l’officier, sera en vigueur « de nombreuses années », ses auteurs doivent donc représenter la société tout entière et pas seulement la prochaine majorité parlementaire. Parmi eux doivent figurer des salariés, des responsables politiques ou des syndicalistes, a-t-il estimé. Ce que les détracteurs des militaires ont interprété comme un moyen de priver les parlementaires du pouvoir de nommer ses membres.

Avec 37% des voix, les Frères musulmans ont remporté haut la main la première phase des législatives et si la tendance se confirme, les différents mouvements islamistes ont de bonnes chances d’obtenir la majorité absolue dans la nouvelle législature. Les partis laïques et les minorités religieuses pourraient donc voir les projets des militaires comme un rempart contre leur hégémonie. Selon le général Moullah, la nouvelle constitution pourrait entrer en vigueur à la mi-2012, lorsque les militaires remettront le pouvoir aux civils, conformément au nouveau calendrier adopté à la demande des manifestants de novembre.

LeVif.be avec L’Express.fr

113 sièges sur 168 en lice pour les islamistes

Le bon score du parti des Frères musulmans face aux salafistes au second tour montre que « les électeurs votent pour les Frères par peur des positions radicales des salafistes », titrait jeudi le quotidien indépendant al-Masry al-Youm.
Les diverses formations islamistes ont remporté au total 113 sièges sur 168 en lice pour les deux tours de la première phase de l’élection, selon les résultats rapportés par la presse ce jeudi. Les Frères musulmans se taillent la part du lion, avec 80 sièges, suivis par le parti salafiste al-Nour avec 33 sièges.

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