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Égypte: après la répression, le « vendredi de la colère » des islamistes

Le Vif

Les Frères musulmans ont appelé à des manifestations ce vendredi au Caire dans le cadre d’un « vendredi de la colère », après de nouvelles attaques jeudi contre les forces de sécurité en Egypte au lendemain de la répression de manifestants pro-Morsi qui a fait près de 600 morts.

Alors que de nombreux pays occidentaux ont condamné ce bain de sang, les 15 pays membres du Conseil de sécurité de l’ONU ont appelé jeudi soir les différentes parties en Egypte à faire preuve d’un « maximum de retenue ».

Les Frères musulmans ont quant à eux appelé à des rassemblements au Caire après la prière traditionnelle du vendredi, augurant d’une nouvelle journée sous tension dans ce pays placé en état d’urgence. « Les défilés contre le coup d’Etat demain (ce vendredi) partiront de toutes les mosquées du Caire et se dirigeront vers la place Ramses après la prière pour un ‘vendredi de la colère' », a précisé le porte-parole de la confrérie islamiste, Gehad El Haddad, sur son compte Twitter.

Des islamistes ont par ailleurs affirmé que des policiers égyptiens avaient pénétré jeudi, après avoir tiré des gaz lacrymogènes, dans une mosquée du Caire dans laquelle se trouvaient les corps de dizaines de manifestants islamistes.

Tirs à balles réelles autorisés

Loin de chercher l’apaisement, le pouvoir égyptien mis en place par l’armée a annoncé avoir autorisé la police à tirer à balles réelles sur quiconque s’en prendrait à des bâtiments officiels ou aux forces de l’ordre, faisant craindre de nouvelles violences sanglantes.

Le gouvernement avait auparavant salué la « très grande retenue » de la police après la dispersion mercredi des deux camps érigés au Caire par les partisans du président Mohamed Morsi destitué et arrêté le 3 juillet par l’armée.

La présidence critique la condamnation des violences d’Obama

La présidence égyptienne a par ailleurs critiqué la condamnation par Barack Obama des violences en Egypte qui risque, selon elle, d' »encourager » les groupes violents.

« La présidence craint que les déclarations non basées sur des faits puissent encourager les groupes armés violents », a-t-elle déclaré dans un communiqué, en réponse aux déclarations du président américain qui a « condamné avec force » la sanglante répression des manifestations pro-Morsi et estimé que l’Egypte était sur une « voie dangereuse ».

« La présidence apprécie le souci des Etats-Unis pour ce qui se passe en Egypte, mais elle souhaite que le sujet soit clarifié », indique un communiqué publié par l’agence de presse officielle MENA. « L’Egypte est confrontée à des actes terroristes qui visent les institutions du gouvernement et des installations vitales », ajoute le communiqué.

Le président Obama a annoncé jeudi l’annulation de manoeuvres militaires conjointes avec l’Egypte, ajoutant qu’il « condamnait avec force » les opérations des forces de sécurité qui ont tué des centaines de manifestants pro-Morsi au Caire.

« Un maximum de retenue »

Les membres du Conseil de sécurité de l’ONU souhaitent donc que « les parties en Egypte fassent preuve d’un maximum de retenue », a déclaré jeudi la présidente argentine du Conseil à l’issue de consultations sur la crise dans le pays.

Rendant compte devant la presse de ces consultations à huis clos, l’ambassadrice argentine Maria Cristina Perceval a ajouté que les 15 pays membres du Conseil avaient « déploré les pertes humaines » et souhaitaient la fin de la violence ainsi que des progrès vers la « réconciliation nationale ».

Mercredi, la répression des manifestations au Caire favorables au président islamiste destitué Mohamed Morsi, a fait près de 600 morts selon un bilan officiel, un bain de sang unanimement condamné à l’étranger.

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