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Egypte : 24 morts après une manifestation copte

Une marche pacifique des chrétiens coptes au Caire a dégénéré en de violents affrontements, dimanche. Un couvre-feu nocturne a été décrété dans la capitale.

Vingt-quatre tués. C’est le bilan provisoire des affrontements, dimanche, entre des manifestants coptes (chrétiens d’Egypte) et les forces de l’ordre dans le centre du Caire. Ce sont les violences les plus meurtrières depuis la révolte qui a renversé le président Moubarak en février.

Un couvre-feu a été décrété dans le centre de la capitale de 02H00 à 07H00 pour tenter de rétablir le calme. La sécurité a été renforcée autour du Parlement, du siège du conseil des ministres et du musée archéologique du Caire. Plus de 200 personnes ont également été blessées en marge de cette manifestation qui visait à protester contre l’incendie d’une église dans le gouvernorat d’Assouan (sud), selon le ministère de la Santé.

« La nation est en danger »

Le Premier ministre Essam Charaf a affirmé dans la nuit de dimanche à lundi que l’Egypte était « en danger », dans une allocution retransmise par la télévision publique. « Ces événements nous ont ramenés en arrière (…) au lieu d’aller de l’avant pour construire un Etat moderne sur des bases démocratiques saines », a-t-il ajouté. Sur sa page officielle sur Facebook, il a appelé chrétiens et musulmans « à la retenue » et à ne pas céder aux « appels à la sédition ».

Le grand imam de la prestigieuse institution musulmane sunnite d’Al-Azhar, Ahmed al-Tayeb, a de son côté appelé le patriarche de l’Eglise copte Chenouda III. « Il s’agit d’un complot contre la patrie et la révolution », a pour sa part affirmé l’écrivain Alaa al-Aswany sur Twitter.

Une marche pacifique qui dégénère


Des affrontements entre musulmans armés de bâtons et chrétiens près de l’hôpital où était soignée la majorité des manifestants coptes ont fait craindre des violences à plus grande échelle. Plusieurs véhicules étaient en feu dans une grande rue voisine de l’hôpital et des manifestants coptes prenaient de l’essence des voitures pour en faire des cocktails Molotov.

Mais en fin de soirée, les musulmans ont marché vers l’hôpital en criant « Musulman, chrétien, une seule main », mettant fin aux violences près de l’établissement. Plusieurs blindés de transport de troupes et une dizaine de camions de la police anti-émeutes étaient postés non loin de là.

Les raisons qui ont fait dégénérer en fin de journée ce qui avait commencé comme une marche pacifique de milliers de Coptes du quartier de Chobra vers Maspero, où se trouve la télévision publique dans le centre du Caire, restent confuses.

La télévision d’Etat a indiqué que les protestataires avaient lancé des pierres sur les forces de l’ordre et, citant des témoins, que les manifestants coptes étaient armés. Les polices anti-émeutes et militaire ont selon elle tiré des coups de feu en l’air et des lacrymogènes pour les disperser. La chaîne publique a cité des soldats blessés assurant ne pas disposer de balles réelles.

Le Premier ministre égyptien Essam Charaf a appelé lundi à une réunion d’urgence du gouvernement. La réunion devrait avoir lieu dans l’après-midi, alors que les heurts ont relancé les craintes de violences intercommunautaires dans le pays, selon la même source.

Les Coptes représentent 6 à 10 % des Egyptiens


Mais sur Twitter, beaucoup parlent de l’intervention de « voyous » venus perturber le rassemblement. Nombreux sont aussi ceux qui accusent les médias officiels de tenir un discours anti-chrétiens. Des centaines de Coptes avaient déjà manifesté mardi pour protester contre l’incendie d’une église, dans le gouvernorat d’Assouan, et réclamer le limogeage du gouverneur.

Les Coptes, qui représentent de 6 à 10% des Egyptiens, s’estiment discriminés dans une société en grande majorité musulmane. Ils ont été visés par plusieurs attentats, en particulier celui du Nouvel an contre une église à Alexandrie (23 morts).

Le 7 mai, 15 personnes avaient été tuées et plus de 200 blessées au Caire lorsque des musulmans avaient attaqué deux églises, affirmant qu’une chrétienne convertie à l’islam était détenue dans l’un des lieux de culte. L’Egypte connaît depuis plusieurs mois une montée des tensions confessionnelles, alimentées notamment par des querelles de voisinage et des différends sur la construction d’églises.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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