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Écoutes aux États-Unis: où peut se réfugier Edward Snowden?

Le Vif

L’auteur des fuites sur l’affaire Prism a pris la poudre d’escampette. Il a quitté son hôtel de Hong Kong lundi et reste depuis introuvable. Sur la carte du monde, plusieurs solutions peuvent s’offrir à lui.

Il ira dans « tout pays qui croit en la liberté d’expression ». Plan de vol exigeant pour Edward Snowden, à l’origine des fuites sur les écoutes de la NSA. Jusque-là réfugié à Hong Kong, il a quitté son hôtel lundi et reste depuis introuvable.

La sénatrice démocrate Dianne Feinstein, présidente de la commission du renseignement et poids lourd du Congrès, a réclamé son extradition: s’il est retrouvé là-bas, son sort serait entre les mains de la Chine, qui pourrait opposer son véto. Mais l’accord d’extradition entre Washington et Hong Kong « est encore en vigueur et nous l’avons utilisé activement au fil des ans », a rappelé la porte-parole du département d’Etat.

Car les extraditions relèvent d’un aspect juridique, mais aussi géopolitique: dans le cas de Julian Assange, l’Equateur, qui garde ses distance avec les États-Unis, lui offre son hospitalité à l’ambassade à Londres afin d’éviter une extradition vers la Suède, qui pourrait ensuite l’extrader vers les États-Unis.

Plusieurs solutions s’offrent donc à Snowden. Il pourrait se tourner vers des pays d’Amérique du Sud, suivant le conseil d’Assange. « L’Amérique latine a montré ces 10 dernières années qu’elle a fait de réels progrès en matière de droits humains. Il y a là-bas une longue tradition de l’asile » disait-il à CNN, une manière de remercier son hôte.

Ces pays pourraient en fait avoir un intérêt à accueillir Snowden, « pour consolider leur politique anti-américaine, ou se présenter faussement comme des défenseurs de la liberté d’expression » analyse ABC News. Ainsi, le président équatorien Rafael Correa aurait utilisé Assange pour booster sa popularité à la veille des élections. En ce sens, l’Equateur, Cuba et le Nicaragua sont souvent « un refuge pour ceux qui cherchent à éviter les prisons américaines », précise Fox News.

Dans le même registre, la Russie a laissé entendre qu’elle pourrait accueillir celui qui est considéré comme un « traître » aux États-Unis, si une demande d’asile lui parvenait. Une manière supplémentaire d’exister sur le plan international pour la Russie, à l’heure où, alliée à Bachar Al-Assad, elle s’impose dans les négociations sur le conflit syrien. Le tout en essayant de redorer son blason, ironisait le Guardian. Ainsi, le porte-parole de Vladimir Poutine, Dmitry Peskov, tweetait: « En promettant l’asile à Snowden, Moscou prend la responsabilité de protéger ceux qui sont persécutés pour des raisons politiques. » Les Pussy Riots et bien d’autres militants détenus en Russie apprécieront…

Snowden l’évoquait lui-même au Guardian, l’Islande, défenseur historique de la liberté d’expression et de plusieurs dissidents américains, serait une terre d’accueil plus attirante. Pour cela, il devrait se trouver sur le sol islandais, et passer par le consulat de Finlande, représentant de l’Islande à Hong Kong, explique RFI. Pourtant, le Washington Post a des doutes sur cette hypothèse: le gouvernement islandais est récemment passé à droite, le parlement est également de plus en plus à droite, laissant entrevoir un rapprochement avec les États-Unis.

Autres options: demander l’asile politique auprès du Haut-commissariat des Nations-Unies pour les réfugiés, ou attendre la demande d’extradition des États-Unis et s’y opposer, une manière de faire traîner la procédure. Mais ce ne sont que suppositions: ce mercredi, aucun pays n’aurait encore reçu une demande d’asile. Snowden est toujours évanoui dans la nature.

Par Marie Le Douaran

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