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Echecs: Carlsen conserve son titre de champion du monde

Le Vif

Le Norvégien Magnus Carlsen a battu mercredi à New York Sergueï Kariakine et remporté le championnat du monde des échecs pour la troisième fois, douchant les espoirs de la Russie de dominer à nouveau les échecs internationaux.

Kariakine, né en 1990 comme Carlsen, avait déjoué les pronostics en arrivant en finale et en tenant tête au tenant du titre pendant les 12 parties réglementaires qui se sont déroulées du 11 au 28 novembre.

Mais Carlsen, qui fêtait mercredi son 26e anniversaire, l’a battu à plate couture dans les quatre parties semi-rapides qui tenaient lieu de prolongations: après deux nuls, il a achevé le Russe dans les deux dernières parties.

Le tenant du titre a néanmoins reconnu avoir traversé une période difficile après sa défaite dans le 8e round, le 21 novembre.

« J’ai eu toutes sortes de sentiments négatifs qui me sont passés par la tête, ça a été très difficile de me calmer et de jouer normalement », a-t-il expliqué lors de la conférence de presse après sa victoire.

Mais après une journée de repos mardi, il s’est senti « beaucoup mieux ». Il a trouvé « rafraichissant de jouer un peu plus vite » et retrouvé « plaisir à jouer ».

Les parties semi-rapides sont un exercice dans lequel il excelle, comme il l’a déjà prouvé en remportant de nombreux tournois internationaux dans ce format.

C’est au contraire là que le bât a blessé pour Kariakine.

« Je n’étais pas prêt du tout à jouer ces jeux rapides », a-t-il déclaré après la défaite. « J’ai complètement oublié des choses que j’avais vues pendant la préparation ».

10 millions de spectateurs

Les centaines de personnes qui avaient fait le déplacement à New York ont néanmoins chaleureusement applaudis les deux joueurs à leur sortie de la salle, reconnaissants d’avoir assisté à un duel qui les a maintenus en haleine jusqu’au bout.

« J’aime bien les deux », a résumé Artur Shalonov, un médecin d’origine russe immigré à New York. « Kariakine est un excellent défenseur. Mais Carlsen est plus fort, plus versatile, il peut tout jouer ».

Pour Steffen Rittemann, venu de Hambourg en Allemagne, c’était aussi Carlsen qui « méritait de gagner ».

Mais les deux jeunes hommes, devenus grand maitre des échecs à 12 ans pour Kariakine et 13 pour Carlsen, sont tous les deux de brillants représentants d' »une nouvelle génération de joueurs, qui ont grandi avec l’ordinateur: il les a rendus plus rapides et a facilité leur apprentissage ». Et l’ordinateur continue selon M. Rittemann à les rendre « plus efficaces pendant les temps de préparation et de calculs ».

Magnus Carlsen, numéro 1 mondial depuis 2010 et qui avait déjà remporté le titre en 2013 et 2014 face à l’Indien Viswanathan Anand, se rapproche donc un petit peu des grandes légendes des échecs comme le Russe Garry Kasparov, qui domina l’échiquier mondial 15 ans durant.

Le Norvégien empoche aussi les 550.000 euros promis au vainqueur, qui devraient cependant être amputés de 5% pour avoir claqué la porte d’une conférence de presse après le 8e round dans lequel il a tant souffert.

Kariakine repart lui avec 450.000 euros, mais sans avoir réussi à rapporter en Russie le titre de champion d’échecs qui lui échappe depuis 2007, date de la dernière victoire russe remportée par Vladimir Kramnik.

Kariakine, Moscovite né en Crimée, partisan de l’annexion de cette presqu’île ukrainienne par la Russie, avait minimisé les parfums de Guerre froide que certains humaient dans ce duel russo-norvégien, ne parlant que de challenge sportif.

Mais la présence à l’ouverture du tournoi du porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, était là pour lui rappeler que Moscou espérait bien récupérer cette couronne des échecs, un jeu que l’Union soviétique avait érigé en institution.

Le sourire aux lèvres malgré sa défaite, le jeune Russe a indiqué mercredi soir espérer « améliorer son jeu » et « avoir une nouvelle chance », peut-être lors du prochain championnat du monde prévu dans deux ans.

Les organisateurs de la FIDE (fédération internationale des échecs) se sont eux félicités d’avoir avec ce tournoi fait progresser la popularité d’un jeu encore souvent vu comme élitiste, et très largement masculin, à en juger le public qui avait fait le déplacement à New York.

Selon des chiffres diffusés mercredi soir, « plus de 10 millions de personnes » à travers le monde ont suivi la finale en ligne, soit « le match le plus suivi de l’histoire récente », a indiqué un porte-parole de l’organisation.

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