Capture d'écran de la couverture de la presse suisse et américaine à propos de la secrétaire parlementaire suisse viré à cause d'avoir posté des selfies nue. © Twitter/@mynameisjerm

Droit à l’image ou pruderie, voilà la question

Stagiaire Le Vif

Une même information, deux manières de l’aborder par la presse européenne et étatsunienne. Une secrétaire du parlement suisse est licenciée après avoir publié sur Twitter des photos où elle est partiellement nue. Quelle partie du corps féminin faut-il cacher lors de la diffusion de l’information?

Adeline Lafouine travaillait au parlement suisse. Elle avait l’habitude de publier, sur les réseaux sociaux, des photos où elle apparait dénudée à son poste de travail. Le parlement suisse prend connaissance de cette pratique et décide de licencier la secrétaire.

Au moment de diffuser l’information, les médias européens protègent la vie privée de cette dame en cachant son visage et en laissant les seins visibles. A l’inverse, dans la presse étatsunienne le puritanisme a primé sur l’anonymat. On peut voir le visage d’Adeline Lafouine, mais sa poitrine est censurée.

Est-ce que les médias doivent protéger l’image d’ une personne qui poste, elle-même, une photo sur un réseau social? Une possible réponse est donnée par Henri Leclerc, avocat français, spécialiste de droit de la presse. « Il est vrai que l’image n’est pas, à première vue, du domaine de la vie privée puisque chacun d’entre nous livre son visage chaque fois qu’il se présente en un lieu public. (…) Même prise en public, l’image peut révéler quelque chose d’intime. Ne se rapproche-t-on pas alors de l’atteinte à l’intimité de la vie privée ? ». Même si la femme a décidé de la publier dans une plateforme sociale , la diffusion de la photo sans autorisation peut porter atteinte contre son droit à l’image. En plus, comme l’explique la correspondante suisse de la BBC, en Suisse le domaine privé reste « sacrosaint ».

La politique de cacher les seins des femmes n’est pas exclusive aux médias américains. Facebook partage cet avis et floute les images des femmes nues . Caroline Fourest est une journaliste proche du mouvement Femen. Elle a vu son compte Facebook bloqué après avoir publié une photo des militantes seins nus.  » Facebook veut bloquer mon compte parce que je mets en ligne des images des Femen seins nus! Pauvre liberté d’expression entre les mains de critères anglo-saxons », a-t-elle déclaré, indignée.

Aux États-Unis une loi régule la diffusion des images obscènes. La presse n’échappe pas à cette législation. La Cour suprême de ce pays estime que les représentations obscènes sont exclues du bénéfice du premier amendement à la Constitution des États-Unis (liberté d’expression).

Cet organe a même fixé des critères de distinction entre ce qui est obscène et ce qui ne l’est pas. Dans les cas des médias, il y existe donc différents degrés de tolérance face à un corps nu. La publication d’images de fesses est acceptée, tandis que la limite est franchie s’il s’agit d’un mamelon féminin, du pénis ou le vagin. D’après la sociologue américaine Lisa Wade, les seins sont cachés parce qu’ils provoquent, ils incitent. Elle estime que la société américaine a peur de la féminité et du corps de la femme.

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