Donald Trump en 1999. © Reuters

Donald Trump, une enfance agitée, corrigée dans un cadre militaire 100% masculin

Une belle demeure aux colonnes victoriennes, sur une colline plantée de grands chênes dans une enclave prospère de New York: c’est là que grandit Donald Trump, turbulent et imprévisible dès l’enfance mais qu’un père très strict remit sur les rails d’une grande carrière immobilière.

Le bouillonnant candidat républicain, qui défie les pronostics en faisant jeu égal avec Hillary Clinton dans les sondages, est né le 14 juin 1946 dans le quartier à l’époque très « blanc » de Jamaica Estates dans le district du Queens, à une heure de la 5e Avenue où trône aujourd’hui la Trump Tower, avant-dernier d’une famille de cinq enfants typique de l’après-guerre.

Sa mère, née Mary McLeod, est fraîchement arrivée d’Ecosse. Son père, Fred Trump, incarne le rêve américain: né à New York d’un père arrivé d’Allemagne sur un bateau à vapeur, entrepreneur immobilier, il « travaillait dur » et « avait contribué à développer le quartier » de Jamaica Estates en y construisant de nombreuses maisons. Et il avait réussi, car la famille Trump était « seule dans le quartier à avoir des chauffeurs », a raconté à l’AFP l’un des rares voisins à les avoir connus, qui a demandé à n’être identifié que par son prénom George.

Celui qui se présente comme le candidat « anti-establishment » démarre donc bien dans la vie, arrivé à quatre ans dans cette maison qui comptait alors 23 pièces, avec très vite son chauffeur pour l’emmener à l’école élémentaire privée de Kew Forest, dans le quartier voisin de Forest Hills.

Goût de la compétition

Mais le jeune « Donny » a déjà le penchant bagarreur et imprévisible qui fait frémir aujourd’hui ses opposants. Une anecdote célèbre veut qu’il ait mis un jour un oeil au beurre noir à son professeur de musique. Ses initiales, « DT », deviennent synonymes de punition, selon ses camarades d’alors, cités dans la biographie « Trump Revealed » de journalistes du Washington Post.

Le turbulent Donald est cependant surveillé de près par un père sévère, ce qui explique peut-être qu’il dise souvent que « ça n’a pas été facile pour moi ».

Fred Trump initie Donald à l’immobilier en l’emmenant très vite dans ses tournées. Et instille en lui un goût de la compétition qui ne le lâchera plus, en prenant un malin plaisir à « finir ses chantiers avant ses concurrents », à louer ses bâtiments le premier et à « racheter l’un ou l’autre de ses concurrents en faillite » ensuite, se souviendra Trump adulte.

Mary Trump, au contraire, aime les mondanités et le grandiose. Trump passera des heures en juin 1953 à regarder avec elle le couronnement d’Elizabeth II, qui la fascinait. C’est en partie d’elle, dira-t-il ensuite, qu’il tient son « sens de la mise en scène » qui a fait le succès de son émission de télé-réalité « The Apprentice », avant d’attirer les foules à ses meetings de campagne.

‘Don Juan’

A l’aube de l’adolescence, Donald s’encanaille et fait des virées secrètes à Manhattan.

Lorsque son père – qui préfère se cantonner à Queens et Brooklyn pour ses affaires – l’apprend, son verdict est sans appel: à 13 ans, Donald est chassé du cocon familial et envoyé en internat au lycée militaire de Cornwall, dans le nord de l’Etat de New York, près de l’académie militaire de West Point.

Donald Trump reconnaîtra plus tard que son père voulait le « remettre dans le droit chemin ».

Il y restera cinq ans, et s’épanouira dans cet environnement très masculin et hiérarchisé, où le machisme tant décrié par ses opposants fait alors partie de la culture. Il dira y avoir appris à canaliser son « agressivité »: il y décroche ses premiers galons de chef et excelle en sport, notamment au baseball.

Il sortira en dernière année avec le rang de capitaine des cadets et la distinction moins formelle de « Don Juan » de la classe, après avoir ramené sur le campus de jolies filles.

Un de ses camarades a raconté au site d’informations économiques Business Insider que lors du défilé annuel du lycée sur la 5e Avenue, pour Columbus Day, Donald Trump aurait confié à un supérieur: « j’achèterais bien de l’immobilier ici un jour ».

C’est grâce à un prêt de son père que Donald Trump se lancera finalement lui aussi dans l’immobilier. Et qu’après avoir décroché un diplôme de la prestigieuse école de commerce Wharton, il bâtira un empire en s’imposant à Manhattan, là où son père avait toujours refusé de s’aventurer.

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