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Donald Trump, un « narcissique malveillant » dangereux, selon d’éminents psychiatres

Caroline Lallemand
Caroline Lallemand Journaliste

Des psychiatres américains s’inquiètent des actes et paroles de Donald Trump depuis son investiture. Ils lancent une pétition appelant à sa destitution. Un fait rare, car, aux USA, des spécialistes en psychiatrie ne s’étaient plus exprimés sur une personnalité publique depuis 1964.

Donalt Trump est-il fou ? Trois éminents universitaires en psychiatrie pensent que oui et réclament, via une pétition, que le président des États-Unis soit destitué pour des raisons psychologiques. Selon le psychothérapeute à l’origine de cette initiative, John Gartner, de la très renommée université Johns Hopkins, Donald Trump serait un « narcissique malveillant », un trait de personnalité dangereux pour une personne ayant une telle fonction, rapporte le Huffington Post.

Ce trait de personnalité est différent du trouble de la personnalité narcissique et est incurable. L’expert explique que de nombreux dirigeants montrent ce trait de personnalité narcissique, mais souligne que Donald Trump est un cas beaucoup plus extrême.

Cette prise de position est peu commune, car il règne dans le milieu de la psychiatrie la « règle Goldwater », du nom de Barry Goldwater, candidat à la présidence des USA en 1964. Selon le code éthique de l’Association américaine de psychiatrie, les spécialistes sont tenus de s’abstenir de donner leur avis sur une personnalité publique sans l’avoir examinée et obtenu son consentement préalable, peut-on lire sur le site NYDailynews. (lire aussi l’encadré ci-dessous).

Mais face à des déclarations provocantes comme: « Je pourrais être au milieu de la 5e avenue et tirer sur quelqu’un et je ne perdrais pas un seul électeur. C’est genre, incroyable !« , ou lors d’un meeting de campagne à Cororado Springs: « Je pense que j’ai le meilleur tempérament ou certainement l’un des meilleurs tempéraments de toutes les personnes qui ont déjà été candidates à la présidence », les spécialistes ont décidé de réagir. « Ses symptômes d’instabilité mentale – grandiloquence, impulsion, hypersensibilité aux affronts et aux critiques et une apparente incapacité à distinguer fantasme et réalité – nous conduit à questionner son aptitude au poste » déclarent les docteurs en psychiatrie Judith Herman, Dee Mosbacher, et Nanette Gartrell.

« Une forme américaine de fascisme »

Un manifeste d’un collectif appelé « thérapeutes citoyens contre le trumpisme  » alerte, dans la foulée, sur plusieurs aspects alarmants de la personnalité du 45e président des USA. Ils déclarent ne pas pouvoir rester silencieux « alors qu’ils sont témoins d’une forme américaine de fascisme » : « désigner des boucs-émissaires, dégrader, ridiculiser et rabaisser les opposants et les critiques ; favoriser le culte de l’Homme Fort qui fait appel à la peur et la colère (…) réinvente l’Histoire et ne voit pas le besoin de convaincre de manière rationnelle. »

En seulement une quinzaine de jours à la tête du pays, Donald Trump s’en est, entre autres, déjà attaqué aux journalistes, traitant CNN de « fake news » (désinformation) et critiquant ABC d’avoir avancé qu’il y avait moins de monde présent à son investiture qu’à celle d’Obama en 2009. Il a émis ensuite le très critiqué « Muslim Ban », un décret par lequel l’entrée des États-Unis aux ressortissants de sept pays majoritairement musulmans (Iran, Irak, Libye, Somalie, Soudan, Syrie et Yémen) est bloquée. Un juge fédéral a, entre temps, ordonné le blocage de ce texte. De façon plus anecdotique, un proche du président américain raconte aussi comment celui-ci se donne un droit de regard sur les tenues vestimentaires de quasi tous les membres de son équipe, notamment les femmes.

Même s’il n’a pas pu examiner Trump en personne, le psychothérapeute John Gartner va plus loin dans son diagnostic: « Il est mentalement et dangereusement malade« . Pour lui, Donald Trump est atteint de « narcissisme malveillant » qui se caractérise par « une absence de conscience, une grandiloquence alliée à une soif de pouvoir, de sadisme ». Pour preuve : Donald Trump a déjà déclaré : « Ce qui est beau chez moi, c’est que je suis très riche. »

Richard Nixon était paranoïaque

« Le narcissisme perturbe sa capacité à voir la réalité. Vous ne pouvez utiliser la logique pour le convaincre. Si ses conseillers signalent qu’un choix politique ne fonctionne pas? ll s’en fiche.« , rempile, de son côté, Julie Futrelle, psychologue clinique.

Certains diront que tous les présidents sont un narcissiques à des degrés divers, mais pour John Gartner, dans le cas de Donald Trump, cela va plus loin: « Le Président montre des signes de troubles antisociaux de la personnalité et paranoïaque « , ajoutant: « le caractère antisocial se retrouve chez les criminels et se caractérise par un mépris total pour les autres et leurs droits. Ce sont des personnes qui ignorent sciemment les faits, qui violent les droits d’autrui, qui mentent à répétition ».

L’Association américaine de psychiatrie interdit pourtant de s’exprimer sur une personnalité publique sans l’avoir examinée. Les propos de ces trois psychiatres qui cassent la loi du silence au nom de leur intégrité professionnelle et de leur patriotisme sont donc reçus avec grand intérêt par la communauté.

Dans le passé, les personnalités d’autres présidents des Etats-Unis ont été examinées. Richard Nixon était considéré comme étant paranoïaque, il avait même dressé une liste de ses ennemis. Le biographe de Bill Clinton le décrivait, lui, comme « hypomaniaque », un état psychiatrique caractérisé par un trouble de l’humeur, laquelle peut être irritable, excitée, persistante et omniprésente, ainsi que par des pensées et des comportements concomitants.

« La règle Goldwater »

Dans les années ’60, alors que Barry Goldwater était candidat à la présidence des USA, de nombreux psychologues estimaient que ce dernier était psychologiquement dérangé et qu’il ne pouvait dès lors pas devenir président du pays. Ils l’ont fait savoir dans un magazine spécialisé. Le titre de l’article de l’époque « 1,189 Psychiatrists say Goldwater is Psychologically Unfit to be President! » (« 1,189 psychiatres déclarent que Goldwater n’est pas apte psychologiquement à devenir président! ») avait alors conduit l’Association américaine de psychiatrie à émettre la « Goldwater rule » arguant qu’il était contre l’éthique de la part d’un spécialiste d’émettre une opinion professionnelle sur une personnalité publique à moins qu’elle n’ait été examinée.

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