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Dominique Venner, essayiste d’extrême-droite, s’est suicidé à Notre-Dame de Paris

Le Vif

L’essayiste d’extrême-droite Dominique Venner s’est tiré une balle dans la tête devant l’autel de Notre-Dame-de-Paris. Il aurait laissé une lettre dont le contenu n’a pas encore été divulgué.

Notre-Dame de Paris, théâtre d’un suicide spectaculaire. Ce mardi vers 16 heures, Dominique Venner, essayiste et ancien membre de l’OAS, s’est tiré une balle dans la tête devant l’autel de la cathédrale. Cette information, dévoilée par Europe 1, a été confirmée à L’Express par Frédéric Chatillon, ancien cadre du Gud et collaborateur de la « Nouvelle revue d’histoire », un magazine d’extrême-droite dirigé par la victime.

Dominique Venner, figure respectée au sein de la mouvance d’extrême droite, s’était distingué ces derniers mois dans son combat contre le mariage pour tous. L’historien a d’ailleurs publié dans la matinée sur son blog un post soutenant la manifestation du 26 mai. Si à aucun moment, il n’annonce clairement ses intentions, il écrit: « il faudra certainement des geste (sic) nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines ». « Je ne crois pas que l’on puisse lier son suicide à cette affaire de mariage, cela va bien au-delà », a toutefois déclaré son éditeur Pierre-Guillaume de Roux.

Une lettre retrouvée sur Dominique Venner

Selon les premiers éléments de l’enquête, une lettre a été retrouvée sur Dominique Venner mais son contenu n’a pas encore été dévoilée. La cathédrale a été immédiatement évacuée et toutes les messes ont été annulées jusqu’à 20 heures. Le ministre de l’Intérieur, Manuel Valls, est arrivé sur place. Dominique Venner, l’intellectuel païen qui a voulu mourir en héros à Notre-Dame

Stupéfaction du côté de l’extrême droite

L’historien et écrivain d’extrême droite qui s’est suicidé aujourd’hui dans la cathédrale parisienne a mis en scène sa mort, afin qu’elle se confonde avec ses idées. « C’est pas vrai?! Je suis stupéfait. » Jean-Marie Le Pen affirme ne pas avoir vu Dominique Venner depuis des années, mais lorsque L’Express lui apprend vers 17h30 ce mardi le suicide, à 78 ans, de l’intellectuel d’extrême-droite, il n’en revient pas. Venner aimait les armes: il en possédait une culture encyclopédique, et de nombreux exemplaires. Celui qui a rédigé plus d’une vingtaine d’ouvrages sur les dagues, les fusils ou les colts, a choisi un suicide à l’Antique. Tels ces généraux romains qui préféraient achever eux-mêmes leur existence que de revenir à Rome après une défaite.

« L’appel au combat en se flinguant n’a rien d’une évidence »

Dominique Venner, qui a consacré son dernier post de blog au mariage homosexuel, a forcément perdu quelque chose. Réduire les raisons de son geste à son opposition au mariage pour tous semble trop court. Comme le dit sans prévenance Jean-Marie Le Pen: « L’appel au combat en se flinguant n’a rien d’une évidence. » Venner a voulu se poser, lui l’idéologue passé par la Nouvelle Droite, en martyr de la civilisation blanche européenne.
Le dernier texte publié son site Internet recelait ces paroles désormais ensanglantées: « Il faudra certainement des gestes nouveaux, spectaculaires et symboliques pour ébranler les somnolences, secouer les consciences anesthésiées et réveiller la mémoire de nos origines. » Une lettre de Venner, lue en fin d’après-midi sur l’antenne de Radio Courtoisie par l’un de ses compagnons de déjeuner, confirme les propos publiés le matin même. Le décédé y évoque « l’éthique de la volonté ».

Venner, « égotique et secret »

Très proche de Jean-Luc Mélenchon et bon connaisseur de l’extrême-droite, Alexis Corbières analyse ainsi cette « mort sacrificielle »:  » S’il espérait que cela produise les mêmes effets que le Tunisien qui s’était immolé par le feu en 2011, j’ai peur pour lui que cette fois, l’on en reste à l’état de sidération.  »

Une sidération qui a atteint le visage normalement impassible de Frédéric Chatillon. Cet ami de Marine Le Pen, prestataire de service pour la Nouvelle Revue d’Histoire (NRH), un magazine fondé par Dominique Venner, essayait de comprendre ce geste, à peine deux heures après que son auteur l’ait exécuté.  » Je ne comprends pas, car c’est quelqu’un de généralement très posé explique l’ancien responsable du GUD. C’est la nature de ce geste que je veux m’expliquer. Sa nature symbolique que je veux mesurer.  » Venner sera compliqué à comprendre mort : vivant, il cloisonnait ses relations, entre éditeurs, journalistes, ou activistes. Égotique et secret, il refusait à ses propres collaborateurs de la NRH de révéler le nombre d’exemplaires qu’il diffusait.
Faisant référence à ses engagements politiques, notamment en faveur de l’Algérie française, Dominique Venner avait écrit ceci dans Le coeur rebelle, ouvrage paru en 1994 : « Je ne renie rien. Je ne regrette rien. Ce serait le comble de l’inélégance. » Si ce compagnon de chasse de François de Grossouvre, un ami de François Mitterrand lui aussi suicidé, a choisi de se donner la mort à Notre-Dame de Paris, c’est parce que, une fois encore, il ne le regrettera pas. Dominique Venner était un païen, en proie à un combat obsessionnel envers le christianisme. Dans la religion catholique, le suicide est un péché mortel; dans la religion des combattants fous, un acte d’héroïsme.

Par Tugdual Denis

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