Forces de l'ordre faisant signe aux journalistes de quitter la zone pour se mettre en sécurité, au moment des attents de Paris, le 13 novembre 2015 © Reuters

Attentats de Paris : dix-sept familles de victimes vont déposer plainte contre l’Etat belge

Dix-sept familles de victimes des attentats à Paris vont déposer plainte devant les tribunaux belges, affirme lundi matin la radio française RTL. Elles accusent l’État belge de ne pas avoir pris les mesures nécessaires pour éviter les attentats qui ont frappé Paris le 13 novembre 2015.

Les familles des victimes reprochent à la Belgique des défaillances dans la surveillance des frères Brahim et Salah Abdeslam, alors que les services de renseignement disposaient d’informations qui auraient dû les mettre en alerte, ajoute RTL. Selon la chaîne française, cette plainte se base sur un rapport du Comité P qui a pointé des manquements dans la surveillance de plusieurs individus impliqués dans la préparation et/ou la réalisation des attentats de Paris.

« Malgré des alertes lancées par les différentes surveillances de personnes susceptibles de passer à des actions armées, il n’y a jamais eu de judiciarisation de ces personnes dont on avait la certitude qu’elles étaient radicalisées », indique Me Samia Maktouf, avocate de ces familles. « Le résultat, on le connaît: c’est le décès de plusieurs personnes innocentes. Nous allons demander la condamnation de l’État belge pour que plus jamais de tels dysfonctionnements ne puissent se répéter. »

Le dossier de surveillance des frères Abdeslam a été classé sans suite en avril 2015 en raison du manque d’effectifs, ressort-il du second rapport intermédiaire du Comité P relatif à l’enquête sur les attentats de Paris, dont certains éléments ont été publiés dans le presse en avril dernier. Selon ce rapport, plusieurs manquements ont permis à Salah et Brahim Abdeslam d’échapper à la surveillance dont ils auraient du faire l’objet.

L

a nature des plaintes reste actuellement indéterminée

Me Samia Maktouf, a confirmé lundi à l’agence Belga son intention de déposer plainte contre l’Etat belge. La nature exacte et la date de la future plainte ainsi que le type de juridiction qui sera saisi restent toutefois à ce stade indéterminés. L’avocate française consulte actuellement des confrères belges pour finaliser l’action judiciaire des familles des victimes.

La future plainte reposera sur des éléments révélés par le deuxième rapport intermédiaire du Comité P, chargé du contrôle du fonctionnement global des services de police en Belgique. Me Samia Maktouf affirme avoir consulté personnellement ce rapport confidentiel et considère qu’il révèle des « dysfonctionnements graves » dans le chef de l’Etat belge. « Les familles des victimes savaient qu’il y avait eu des dysfonctionnement mais pas d’une telle gravité », a déclaré Me Samia Maktouf, à l’agence Belga.

Selon des médias, le deuxième rapport intermédiaire du Comité P révèle notamment qu’un PV de la police de la zone de Bruxelles-Ouest datant du 30 janvier 2015 (soit après l’assaut policier du 15 janvier 2015 à Verviers) fait état de la volonté de Salah Abdeslam de partir en Syrie et précise que ses valises sont déjà prêtes. Selon ce procès-verbal, Salah Abdeslam a parlé à cette époque à plusieurs reprises à Abdelhamid Abaaoud (alors activement recherché et considéré comme le chef présumé de la cellule terroriste de Verviers, ndlr). Un autre PV, datant du 9 février, évoque, lui, un récent aller-retour de Brahim Abdeslam vers la Syrie.

Les familles des victimes reprochent à la Belgique des défaillances dans la surveillance des frères Brahim et Salah Abdeslam, alors que les services de renseignement disposaient d’informations qui auraient dû les mettre en alerte.

Ce deuxième rapport du Comité P indique par ailleurs qu’Abdelhamid Abaaoud a échappé à quatre services secrets (israéliens, américains, britanniques et chypriotes) appelés en renfort, alors qu’il se trouvait en Grèce. Selon des médias, la traque d’Abdelhamid Abaaoud a mobilisé les services secrets d’une dizaine de pays européens, dont la France.

Me Samia Maktouf dit n’exclure aucune plainte contre l’Etat français, ajoutant qu’elle attendait le rapport de la Commission parlementaire française. « Je n’exonère aucun Etat (…). J’espère que les éléments du rapport (français) seront aussi clairs et précis (que celui du Comité P). Les familles des victimes vont aller jusqu’au bout », conclut-elle.

Me Samia Maktouf avait déposé en mars dernier une requête devant la Cour européenne des droits de l’Homme (CEDH) visant la Belgique, dénonçant de « graves dysfonctionnements », pour le compte de parents d’un jeune avocat de 26 ans tué lors de l’attaque de la salle de concerts du Bataclan le 13 novembre dernier.

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