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Dix personnes jugées pour « abus de faiblesse » sur Liliane Bettencourt

La Française Liliane Bettencourt, héritière du géant de la cosmétique L’Oréal et 11e fortune mondiale, a-t-elle été victime d’un entourage peu scrupuleux ? Dix personnes, dont un ancien ministre proche de Nicolas Sarkozy, sont jugées à partir de ce lundi à Bordeaux dans le premier volet d’un dossier hors norme.

Aujourd’hui âgée de 92 ans, Liliane Bettencourt est depuis 2010 au centre d’une affaire juridico-politique tentaculaire. Partie d’un différend familial entre la milliardaire et sa fille et de soupçons d’abus de faiblesse, l’affaire a débordé sur le terrain politique allant jusqu’à empoisonner une partie du mandat présidentiel de Nicolas Sarkozy (2007-2012), finalement mis hors de cause.

Dons en millions d’euros, voire en centaines de millions d’euros, faramineux contrats d’assurance-vie, donations d’oeuvres d’art… Des proches, mais aussi des employés de l’hôtel particulier à Neuilly-sur-Seine, banlieue huppée de Paris, sont soupçonnés d’avoir exercé entre 2007 et 2011 une emprise sur la vieille femme, qui présentait des signes de la maladie d’Alzheimer depuis septembre 2006, selon une expertise médicale.

Parmi les prévenus dans ce procès fleuve programmé sur cinq semaines, un photographe et son compagnon, deux intimes de la milliardaire. Poursuivis pour « abus de faiblesse » et « blanchiment », les deux hommes sont accusés d’avoir profité de largesses diverses se chiffrant à près de… 440 millions d’euros. Ils obtiennent même fin 2007 d’être désignés légataires universels de la vieille dame.

Soupçonné des mêmes chefs, l’homme chargé de gérer la fortune de la milliardaire aurait obtenu plusieurs millions d’euros, pour lui-même ou pour les remettre à des tiers, nourrissant notamment des soupçons de financement politique occulte, finalement jamais prouvé.

Le député du parti de droite UMP Eric Woerth, ex-ministre du Budget et du Travail sous la présidence de Nicolas Sarkozy et trésorier de sa campagne pour l’élection présidentielle de 2007, est ainsi renvoyé devant la justice pour « recel » d’une somme que lui aurait remise le gestionnaire de fortune. Inculpé (mis en examen) en 2013 dans ce volet de l’enquête, l’ex-président de droite a, lui, finalement bénéficié d’un non-lieu.

Le dossier aux ramifications multiples a connu un nouveau rebondissement fin 2014: la comptable de Liliane Bettencourt de 1995 à 2008, considérée comme l’un des témoins-clés, a été mise en examen le 28 novembre pour faux témoignages.

Au cours de l’enquête, cette femme avait accusé le photographe et son compagnon d’avoir profité de la fragilité de la milliardaire et avait aussi affirmé avoir remis au gestionnaire de fortune 50.000 euros, somme qui aurait été destinée à Eric Woerth.

Outre « l’abus de faiblesse », trois autres volets de « l’affaire Bettencourt » seront jugés à Bordeaux.

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