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Deux semaines après les attentats de Paris, l’enquête s’accélère

L’enquête sur les attentats de Paris s’est accélérée mardi avec l’inculpation et la détention requises par la justice de quatre complices présumés des djihadistes auteurs de la série d’attaques qui a fait 17 morts du 7 au 9 janvier dans la capitale française.

Deux semaines après la tragédie, l’Europe reste en état d’alerte et le gouvernement français doit présenter mercredi une première série de « mesures antiterroristes » promises dans la foulée des attentats par le Premier ministre socialiste Manuel Valls.

La Commission européenne doit de son côté détailler à Bruxelles ses projets à l’échelle des 28 pays membres de l’UE. Lundi, les Européens ont décidé d’associer la Turquie et les pays arabes à leur lutte contre le terrorisme.

Le parquet de Paris a requis l’inculpation et le placement en détention de quatre suspects présentés mardi aux juges antiterroristes chargés de l’enquête sur les attentats. Arrêtés en fin de semaine dernière en région parisienne, les quatre hommes, âgés d’une vingtaine d’années, sont soupçonnés d’avoir apporté un soutien logistique, notamment en armes et en véhicules, à l’un des djihadistes, Amédy Coulibaly. Ce dernier avait tué une policière à Montrouge, au sud de Paris, le 8 janvier, au lendemain de la tuerie perpétrée au journal satirique Charlie Hebdo par les frères Saïd et Chérif Kouachi (12 morts). Amédy Coulibaly avait ensuite abattu le 9 janvier quatre clients ou employés juifs d’un supermarché casher de la capitale, avant d’être tué dans l’assaut des forces de sécurité.

Un employé malien de ce magasin, devenu un héros après avoir sauvé des otages en les aidant à se dissimuler dans la chambre froide, a été naturalisé français mardi lors d’une cérémonie au cours de laquelle le Premier ministre Manuel Valls a salué sa « bravoure ». Musulman pratiquant, Lassana Bathily est « le symbole d’un islam de paix et de tolérance », a déclaré le ministre de l’Intérieur, Bernard Cazeneuve. En France depuis 2006, le jeune homme, âgé de 24 ans, avait déposé en juillet 2014 une demande de naturalisation. Elle a été traitée en urgence pour le remercier.

L’enquête sur les attentats se concentre désormais sur les complicités, directes ou indirectes, dont ont pu bénéficier les trois djihadistes. Qui leur a fourni des armes et avec quel degré de connaissance de leurs projets? Comment Amédy Coulibaly s’est-il rendu au supermarché casher? Qui a mis en ligne une vidéo posthume, dans laquelle il revendique ses actions au nom du groupe Etat islamique? Selon une source policière, les enquêteurs ont effectué ces derniers jours de nombreuses filatures et écoutes téléphoniques dans l’entourage présumé des tueurs.

Un autre homme soupçonné de liens avec les frères Kouachi sera pour sa part bientôt remis à la France, a décidé mardi la justice bulgare. Fritz Joly-Joachin, Français de 28 ans, avait été arrêté le 1er janvier alors qu’il tentait de franchir la frontière bulgaro-turque. Il pourrait être renvoyé vers la France « dans les 24 heures », selon son avocat. « Je suis innocent, je veux retourner en France », a déclaré M. Joachin. Il a admis connaître les frères Kouachi, mais il conteste avoir été associé à la préparation de leur attentat.

En Allemagne, la police a mené mardi de nouvelles perquisitions au sein de la mouvance islamiste, après celles déjà conduites vendredi à Berlin, sans toutefois procéder à des interpellations.

En Suisse, un Tunisien soupçonné d’appartenir à la mouvance islamiste était en attente d’expulsion vers son pays d’origine.

Le gouvernement français doit révéler mercredi quels moyens il va débloquer pour renforcer l’action de la police, de l’armée, des services antiterroristes et du renseignement, accusé de « failles » dans la surveillance des djihadistes. Selon une source proche du dossier, la police devrait obtenir environ 400 millions d’euros.

Paris multiplie aussi les signes d’apaisement face aux manifestations dans le monde contre la nouvelle caricature de Mahomet publiée la semaine dernière en Une de l’édition des « survivants » de Charlie Hebdo. Manuel Valls a affirmé mardi que « Je suis Charlie », le slogan emblématique de soutien à la liberté d’expression en France, « n’est pas le seul message de la France au monde ». Défendre la liberté d’expression ne signifie pas pour la France vouloir insulter l’islam (…) Nous menons une politique de dialogue vis à vis de tous les pays musulmans », a renchéri le chef de la diplomatie, Laurent Fabius.

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