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Deux mille personnes manifestent contre Marine Le Pen à Bruxelles

Le Vif

Quelque 2.000 personnes ont manifesté mercredi après-midi contre la venue au Parlement européen de Marine Le Pen, la présidente du Front national français.

Les manifestants se sont d’abord rassemblés aux abords du Parlement européen avant de se rendre au Berlaymont. Ils ont notamment dénoncé une Europe, selon eux, où « les politiques menées au profit des spéculateurs et des banquiers font le lit des partis racistes ».

« Les résultats des élections européennes sont plus qu’inquiétants. Partout en Europe, les partis d’extrême droite progressent, poussés par la crise et le désespoir, semé par les politiques d’austérité. Ces dernières sont menées au nom des spéculateurs, des banquiers et de leurs lobbies. En Belgique aussi, le racisme et le nationalisme profitent de ces politiques », a indiqué Thomas Englert, porte-parole des Jeunes organisés combatifs (JOC), qui étaient notamment à l’origine del’action.

« L’extrême droite ne tombe pas du ciel: elle prospère sur un fond de désespoir, de misère et de peur. L’objectif de cette manifestation est non seulement de dénoncer l’extrême droite mais aussi la politique de destruction sociale qui crée les conditions de son avènement », a-t-il ajouté.

« Nous voulons également dénoncer les partis se présentant de gauche mais qui mènent des politiques telles que l’augmentation de l’âge et de la retraite ou encore la limitation des allocations de chômage, qui poussent les gens à voter pour l’extrême droite. Nous voulons l’application d’une vraie politique de gauche », a-t-il conclu.

Le Pen et Wilders confiants dans la formation d’un groupe au PE Marine Le Pen, et ses alliés, dont le président du PVV néerlandais, le populiste Geert Wilders, se sont par ailleurs déclarés confiants dans la capacité des petits partis europhobes à constituer un groupe politique au Parlement européen.

« Nous avons cinq nationalités sur sept et 38 députés, cela nous rend extrêmement optimistes », a affirmé Mme Le Pen au cours d’une conférence de presse au Parlement européen à Bruxelles, en parlant d’une « bonne base » et de négociations discrètes en cours avec d’autres partis.

Elle a refusé de les nommer, tout en excluant toute collaboration avec le Jobbik hongrois, une formation ultra nationaliste, et l’Ataka bulgare et en laissant poindre la rivalité qui existe avec l’Ukip britannique de l’eurodéputé Nigel Farage.

« Les « combinaisons possibles sont considérables, le nombre des opportunités nous rendent extrêmement optimistes », a-t-elle ajouté, en expliquant que « le principe même d’une négociation exige de la discrétion ».

Mme Le Pen s’exprimait aux côtés de Harald Vilimsky du FPÖ autrichien, de Matteo Salvini de la Ligue du nord italienne et du président du Vlaams Belang, Gerolf Annemans.

Pour former un tel groupe politique au PE, il leur faut disposer d’au moins 25 députés issus d’au moins sept des 28 États. Si le FN est assuré de trouver le nombre d’élus nécessaires – il en compte à lui seul 24 -, il risque de lui manquer deux nationalités.

Actuellement, Mme Le Pen, qui est à la manoeuvre, forte de son succès électoral lors des européennes de dimanche – le FN a recueilli quelque 25% des suffrages exprimés, devenant la première formation de l’Hexagone, et a multiplié par huit le nombre de ses eurodéputés, passant de trois à 24 – peut compter sur ses alliés du Parti de la Liberté (PVV) néerlandais de Geert Wilders et de ses quatre élus, du FPÖ autrichien (quatre) et du Vlaams Belang flamand. Elle a reçu le soutien du parti autonomiste et xénophobe italien de la Ligue du Nord (cinq députés).

Le président du VB, Gerolf Annemans, s’est déclaré prêt à contribuer à ce projet destiné à « préserver l’indépendance » des États membres.

Mme Le Pen a admis que d’autres formations voulaient constituer, elles aussi, un groupe à droite de l’échiquier politique du Parlement, sans citer dans un premier temps le chef de l’Ukip europhobe de Nigel Farage. Mais elle l’a mis en garde. « Je suis désolée, Nigel, mais nous allons constituer notre groupe », a-t-elle lancé.

M. Farage, arrivé en tête du scrutin européen au Royaume-Uni avec 27,5% des voix et dont l’Ukip compte 23 sièges au Parlement européen, a jusqu’ici refusé toute alliance formelle avec le FN, lui reprochant notamment son antisémitisme.

« Je suis très confiant dans le fait que dans les prochaines semaines nous serons capables de regrouper sept partis », a pour sa part assuré M. Wilders devant la presse venue en nombre.

« Nous parlons encore avec beaucoup de partis et nous avons toute confiance que cela va réussir », a quant à lui renchéri M. Annemans.

La création d’un groupe politique permettrait au FN et ses alliés de pouvoir s’exprimer sur tout sujet abordé en séance plénière et d’accéder à la présidence de quelques-unes des 20 commissions et deux sous-commissions du Parlement. Son président serait associé à l’élaboration de l’ordre du jour des séances plénières, avec un droit de réponse direct en séance plénière aux présidents de la Commission européenne et du Conseil.

Un groupe donne aussi l’assurance de disposer d’un secrétariat, avec bureaux et assistants, dont le budget est pris en charge par le Parlement. En 2013, les sept groupes sortants se sont partagés une dotation de 57 millions d’euros.

Cette manne viendrait s’ajouter à l’argent versé par le Parlement européen aux partis pan-européens. Actuellement, l’Alliance européenne pour la liberté (EAF), un mouvement basé à Malte et qui rassemble notamment le FN, le Vlaams Belang, le PVV néerlandais et le FPÖ autrichien, reçoit ainsi près de 400.000 euros de subventions par an.

Avec la constitution d’un groupe, la dotation pourrait atteindre, selon le nombre d’élus, entre un et trois millions d’euros par an.

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