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Deux journalistes agressés en Russie

Les deux hommes ont été passés à tabac à 48 heures d’intervalle. La piste de leur « activité professionnelle » est privilégiée par les autorités.

Un journaliste de la banlieue de Moscou a été sauvagement agressé dans la nuit de dimanche à lundi. Anatoli Adamtchouk, violemment frappé par deux inconnus dans la ville de Joukovski, « souffre d’un traumatisme crânien et d’une commotion cérébrale », a déclaré son collègue Sergueï Grammatine à la radio indépendante Echo de Moscou.

Une enquête criminelle a été ouverte, la piste privilégiée étant liée à ses activités professionnelles. Adamtchouk a publié plusieurs articles critiquant le projet des autorités locales d’abattre une partie d’une forêt pour construire une autoroute vers l’aérodrome qui accueille chaque année le prestigieux salon aéronautique Maks.

« Punis » pour leur « engagement civique »?

Deux jours plus tôt, le correspondant de Kommersant Oleg Kachine était lui aussi passé à tabac. Il est toujours plongé dans un coma artificiel. Le Comité d’enquête du parquet a indiqué là aussi privilégier « la piste de l’activité professionnelle du journaliste et de son engagement civique ».

Kommersant évoquait lundi trois pistes possibles. Le journaliste travaillait notamment sur le dossier de la construction controversée d’une autoroute à travers la forêt de Khimki, dans la banlieue de Moscou. Ce projet, dont plusieurs détracteurs ont été violemment agressés, avait mobilisé l’opposition cet été, amenant le président Dmitri Medvedev à geler le chantier.

Kommersant relève que son journaliste a été attaqué de la même manière que l’avait été en 2008 le journaliste de Khimki Mikhaïl Beketov et le militant d’opposition de cette ville, Konstantin Fetissov, grièvement blessé à coups de batte de baseball la veille de l’attaque contre Kachine.

La deuxième piste évoquée par le journal vise un mouvement de jeunesse pro-Kremlin « Molodaïa Gvardia » (La Jeune Garde) qui avait qualifié en août sur son site le journaliste de « saboteur de l’information » et écrit qu’il « serait puni ». Cette organisation a appelé à une « enquête objective ».

Enfin, le quotidien souligne que Kachine était en conflit avec le gouverneur de la région de Pskov, Andreï Tourtchak à cause de propos tenus par le journaliste sur son blog.

Une pétition adressée à Medvedev

Sur une vidéo de surveillance diffusée par plusieurs télévisions à Moscou et présentée comme l’enregistrement de l’agression, on peut voir deux hommes suivant la victime avant de la frapper des dizaines de fois avec un objet contendant. Kommersant publie le témoignage du concierge de l’immeuble de Kachine qui a retrouvé la victime. Selon lui, le journaliste était conscient et lui a dit: « ils (les agresseurs) m’attendaient ».

La communauté journalistique en Russie se mobilise désormais pour réclamer une meilleure protection et une enquête minutieuse, alors que nombre de meurtres et d’agressions de journalistes n’ont pas été élucidés au cours des dix dernières années. Le cas le plus emblématique est celui de la journaliste d’opposition Anna Politkovskaïa, assassinée à Moscou en 2006.

Une pétition signée par quelque 600 journalistes a été adressée au président Medvedev. Ce site revendique 1800 signatures pour ce texte qui reste ouvert aux soutiens jusqu’au 10 novembre.

Le Vif.be, avec L’Express.fr

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