Donald Trump © REUTERS

« Désormais, le danger vient à la fois de l’Est et de l’Ouest »

Le Vif

Depuis l’entrée de Donald Trump à la Maison-Blanche, Paul De Grauwe, professeur en économie à la London School of Economics et à la KuLeuven, s’inquiète pour l’avenir de l’Amérique et du monde. Pour lui, « le danger vient désormais à la fois de l’Est et de l’Ouest ».

Dans une opinion parue dans le quotidien De Morgen, Paul De Grauwe ne cache pas son aversion pour Trump. « Les Américains ont un président qui a fait du mensonge, de la tromperie et de l’insulte sa marque de fabrique. Un homme qui élève l’ignorance au rang de vertu et s’entoure de gens qui se targuent de nier les faits et de négliger les notions scientifiques ».

Pour lui, Trump doit son accession au pouvoir à un système électoral archaïque, le soutien du patron du FBI et de Poutine. Il rappelle qu’Hillary Clinton comptabilise trois millions de voix de plus que son adversaire.

Une société d’hommes blancs

De Grauwe craint que si Trump et l’élite économique qu’il a rassemblée autour de lui ont les mains libres, on retournera cent ans en arrière. « Le rêve de cette super-élite, c’est de revenir à une société d’hommes blancs, sans minorités et avec des femmes qui ne protestent pas dans les rues. »

Il ne pense pas que Trump arrivera à tenir sa promesse de rendre un emploi industriel aux milliers d’ouvriers américains qui l’ont perdu. « Seule une partie de la perte d’emplois industriels découle de la globalisation. La très grande majorité de ces jobs a disparu suite au progrès technologique. (…) Même la fermeture complète des frontières ne fera pas revenir ces emplois », écrit-il. Pour lui, la seule façon d’aider les gens qui ont perdu leur emploi, c’est de renforcer la sécurité sociale et de développer l’enseignement alors que c’est ce que Trump compte justement affaiblir.

Selon l’économiste, Trump est prêt à déclencher une guerre du commerce qui pourrait être le prélude d’une véritable guerre pour atteindre cet objectif hors d’atteinte. Trois jours après son investiture, le nouveau président américain a en effet signé l’acte de retrait des États-Unis du traité de libre-échange transpacifique (TPP) et il a l’intention de renégocier le l’Accord de libre-échange nord-américain (ALÉNA) avec le Canada et le Mexique.

Double danger

Et si l’Europe souhaite se prémunir contre le danger incarné par Donald Trump, elle doit faire preuve d’unité politique, surtout que le péril vient également de la Russie. « Après la Seconde Guerre mondiale, le danger communiste était un catalyseur de l’unification européenne. Aujourd’hui, le danger pour l’Europe vient tant de l’Est que de l’Ouest. Espérons que ce double danger soit le nouveau catalyseur d’intégration politique », conclut Paul De Grauwe.

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