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Des milliers de fidèles aux obsèques de Michael Brown

Le Vif

Des milliers de fidèles ont assisté lundi, dans les chants et les clameurs, aux obsèques publiques de Michael Brown, le jeune Noir tué il y a deux semaines par un policier blanc à Ferguson (Missouri).

Alors que les enfants ont retrouvé le chemin de l’école dans la petite ville où le calme était rétabli après dix jours d’émeutes raciales, les funérailles du jeune homme de 18 ans ont commencé vers 10H30 (15H30 GMT) à Saint-Louis, dans une église baptiste comble, qui peut accueillir 5.000 fidèles. La foule était telle qu’une salle supplémentaire de 2.500 places a également été remplie non loin de l’église Friendly Temple Missionary, aux abords de laquelle étaient massés nombre de journalistes et de caméras sous une chaleur étouffante dépassant les 40 degrés.

A l’intérieur, les fidèles chantaient et battaient des mains au rythme des cantiques Gospel devant le cercueil gris, flanqué de larges portraits du défunt au visage poupin, et coiffé de la toque carrée des jeunes diplômés américains.

Michael Brown, abattu le 9 août en pleine journée par un policier blanc alors qu’il n’était pas armé, devait être ensuite enterré en présence de sa famille au cimetière St Peters de Saint-Louis. Le jeune homme, qui était sur le point de commencer des études supérieures, a été tué par le policier Darren Wilson une vingtaine de minutes après avoir volé une boite de cigares dans un magasin de spiritueux de cette banlieue de Saint-Louis.

Les versions de la police et de plusieurs témoins diffèrent. Pour les uns, Michael Brown aurait tenté de se saisir de l’arme du policier qui l’a abattu. Pour d’autres témoins, dont l’ami de Michael Brown qui l’accompagnait, il avait les mains en l’air. Selon les autopsies diligentées par la famille et le ministère américain de la Justice, le jeune homme a été atteint d’au moins six balles. Parmi les nombreuses personnalités présentes aux obsèques, le révérend Jesse Jackson, le rappeur Snoop Dogg, Martin Luther King III, trois responsables de la Maison Blanche ou encore le réalisateur Spike Lee. « Nous devons avoir une conversation », a déclaré Jane Brandon Brown, ambassadrice des God international ministries, un réseau de pasteurs, « nous devons parler des questions raciales, nous devons parler des tensions raciales et ensuite nous devons parler de la manière de les éradiquer ». « Je crois que la mort de Michael n’aura pas été vaine, et qu’elle ne sera pas utilisée comme une propagande mais comme un outil pour ramener l’unité dans un secteur très divisé », a-t-elle ajouté.

Le capitaine de police Ron Johnson, qui a géré les émeutes de Ferguson, était également présent, ainsi que les familles de récentes victimes de bavures supposées racistes, comme Sean Bell tué par la police en 2006 à New York ou Trayvon Martin abattu par un vigile de quartier en 2012 en Floride.

La jeune mère du défunt, au visage marqué par la douleur, était vêtue de rouge. Le père du jeune Noir avait appelé à une « journée de silence » et de calme. « Je veux que ce soit paisible », a plaidé le père de famille peu avant la cérémonie. En revanche, le gouverneur Jay Nixon a accédé à la demande de la famille en n’assistant pas à la cérémonie. « Je crois que nous devons faire de ce moment une réflexion (…) sur la manière dont nous avançons vers des solutions, dont nous réagissons à l’agressivité policière face à ce qui est considéré comme la petite délinquance. C’est vrai de Ferguson à State Island, New York », avait déclaré à la veille des obsèques Al Sharpton, le leader des droits civiques qui devait prendre la parole dans l’église bondée.

Il faisait allusion également à la mort d’un père de famille noir, Eric Garner, décédé le 17 juillet après avoir été plaqué au sol et étranglé par des policiers à Staten Island. Ce décès avait aussi suscité un immense émoi à New York et réuni des milliers de manifestants samedi, à l’appel du NAN (National Action Network) présidé par Al Sharpton.
Deux semaines plus tard, la mort du jeune Michael Brown déclenchait des émeutes sans précédent ces dernières années et qui s’étaient soldées par une soixantaine d’interpellations.

Un grand jury du comté de Saint-Louis a été chargé de décider s’il y a lieu de poursuivre le policier de 28 ans, pour l’heure mis en congé forcé.

Durant les violents affrontements à Ferguson, la police avait utilisé des fusils d’assaut M-4, des grenades lacrymogènes et fumigènes et des véhicules blindés. Barack Obama avait envoyé son ministre de la Justice, Eric Holder, lui-même afro-américain, à Ferguson, où il avait arpenté les rues et tenté de panser les plaies d’une communauté déchirée par ces violences.

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