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Des garde-frontières européens d’ici 6 mois?

Les États membres de l’Union européenne doivent décider d’ici fin juin ce qu’ils veulent faire de la proposition de la Commission de mettre sur pied un corps européen de garde-frontières et de garde-côtes, ont convenu les chefs d’Etat et de gouvernement jeudi soir à Bruxelles.

La proposition est controversée parce qu’elle implique que les États membres perdent une partie de leur souveraineté. Si un Etat ne semble pas être en mesure de surveiller sa portion de frontières extérieures de l’UE, les autres pays peuvent décider – contre la volonté de l’Etat membre en question – de déployer des garde-frontières européens. Les dirigeants européens ont discuté de la proposition de la Commission même si elle n’a été présentée qu’il y a deux jours.

Ils ne sont pas encore tombés d’accord sur le contenu, mais les 28 dirigeants estiment qu’ils devraient aboutir à une position commune d’ici fin juin, pour préparer les négociations avec le Parlement européen. « C’est une échéance assez ambitieuse », confie un diplomate.

Quelques dirigeants ont émis des réserves à propos de la proposition. « Cela ne sera pas repris tel quel, les États membres l’adapteront certainement », indique-t-on de source diplomatique.

Les chefs d’Etat et de gouvernement ont également chargé leurs ambassadeurs de conclure le plus vite possible un accord sur le financement des trois milliards d’euros destinés à aider les réfugiés syriens en Turquie. Il semble qu’un milliard d’euros sera puisé dans les budgets européens et que les États membres devront mettre deux milliards d’euros sur la table. Cela représenterait pour la Belgique une contribution de 58 millions d’euros.

Après le dossier migration, les dirigeants européens attaquaient, en même temps que leur dîner, la question du référendum britannique.

Charles Michel « plus optimiste qu’il y a quelques semaines » sur le contrôle des frontières

Le Premier ministre Charles Michel s’est dit « plus optimiste qu’il y a quelques semaines » par rapport au contrôle des frontières extérieures de l’Union européenne jeudi soir à l’issue du sommet européen où les chefs d’État et de gouvernement ont convenu d’arriver à un accord de principe sur un corps de garde-frontières européens d’ici juin 2016.

La question des réfugiés a été longuement discutée tant lors du sommet européen que de la réunion en petit format tenu jeudi matin en présence du Premier ministre turc Ahmet Davutoglu.

Charles Michel a salué le fait que la Grèce ait accepté l’aide européenne pour gérer ses frontières extérieures de l’UE, après l’avoir refusée pendant des mois en opposant sa souveraineté nationale.

Dans la soirée, les 28 chefs d’État et de gouvernement avaient examiné la proposition de la Commission de mettre sur pied un corps européen de garde-frontières et garde-côtes et ont convenu d’aboutir à une position commune avant la fin de la présidence néerlandaise, fin juin 2016.

Il a insisté sur l’importance pour la Turquie, pays en première ligne de l’afflux de réfugiés et sur qui l’Europe compte pour endiguer l’arrivée de réfugiés en Europe, de démontrer sa bonne volonté. « Il faut une démonstration turque que les mesures fonctionnent », a plaidé le Premier ministre.

Enfin, il est revenu sur l’idée de réinstallation de réfugiés supplémentaires, répétant le refus de son gouvernement d’ouvrir un « nouveau canal » de migration tant que le flot ne s’est pas tari par ailleurs.

« La Belgique est un des pays européens qui accueille déjà, proportionnellement, le plus de réfugiés », a constaté Charles Michel. « Nous ne sommes pas d’accord d’ouvrir en parallèle un nouveau flot via la réinstallation. »

Ce mécanisme de réinstallation de réfugiés syriens directement depuis la Turquie, promu par la chancelière allemande Angela Merkel, viendrait s’ajouter à la relocalisation de 160.000 personnes proposée par la Commission et avalisée par les États membres il y a quelques mois. Le système se met cependant péniblement en place, à peine 184 personnes ayant été réparties à travers l’Europe. Mais l’on a aussi enregistré, depuis janvier 2015, 1,2 million de demandes d’asile en Europe.

Le président de la Commission européenne, Jean-Claude Juncker, a promis jeudi soir de venir au cours du premier semestre 2016 avec une réforme des règles de Dublin, qui organisent la prise en charge des réfugiés qui arrivent en Europe, et avec une proposition sur un chemin de migration légale.

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