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Des fuites plongent le Vatican dans la tourmente

Les fuites répétées de documents confidentiels font les choux gras de la presse italienne. Pour le porte-parole du Saint-Siège, Federico Lombardi, celles-ci n’ont pour but que de « discréditer » le Vatican et les efforts de « transparence » de Benoît XVI.

« L’administration Obama a eu Wikileaks, le Vatican a ses leaks », a-t-il dénoncé. « Il nous faut tous avoir les nerfs solides, car personne ne doit s’étonner de rien. Il faut du calme et du sang froid, faire usage de sa raison, ce que tous les médias ne font pas », a ajouté le père jésuite, semblant s’attendre à de nouvelles fuites, dans une longue note publiée sur le site internet de Radio Vatican.

Plusieurs documents confidentiels contenant des accusations de corruption dans la gestion du Vatican, dans l’application des règlements anti-blanchiment de sa banque, l’Institut pour les oeuvres de religion (IOR), et dernièrement un prétendu complot contre le pape ont fait ces dernières semaines la une des journaux italiens.

Ils ont accrédité la thèse de rivalités et d’une sourde lutte de pouvoirs au sein du Vatican. « Ces fuites de documents tendent à créer la confusion et à montrer le Vatican, le gouvernement de l’Église et l’Église elle-même sous un mauvais jour », a déploré le porte-parole, jugeant « triste que des documents internes soient transmis à l’extérieur de manière déloyale ».

Le père Lombardi a assuré que le processus de rigueur et de transparence financière voulu par Benoît XVI continuera

Un complot contre le pape ?
Le journal de gauche, Il Fatto Quotidiano, a publié vendredi un document « très confidentiel », daté du 30 décembre 2011 et qui aurait été remis par le cardinal colombien à la retraite Darío Castrillón Hoyos à la secrétairerie d’État et au secrétaire particulier de Benoît XVI en janvier. Mgr Castrillón Hoyos aurait ensuite directement rencontré le pape mi-janvier pour évoquer avec lui l’affaire. D’après le journal, ce document — rédigé en allemand semble-t-il pour n’être accessible qu’au pape et à quelques proches collaborateurs –, reprend une déclaration alarmante qu’aurait faite l’archevêque de Palerme Paolo Romeo lors d’un déplacement en Chine, en novembre dernier. Mgr Romeo aurait dit à des interlocuteurs avoir eu vent d’un complot, et que le pape devrait mourir dans les « douze mois à venir ». Le document ne donne aucun élément sur les participants à un éventuel complot ni sur l’endroit ou le moment où le pape pourrait être assassiné.

« Il est évident que ce document contient des considérations folles qui sont dénuées de toute réalité », a commenté le porte-parole du Saint-Siège, le père Federico Lombardi. « Je ne nie pas l’existence de ce document en allemand » remis au Vatican, « j’affirme seulement qu’il ne faut absolument pas prendre au sérieux ce qui est écrit dans ce document et croire qu’il contient quelque chose de vrai ».

Mgr Romeo, dans un communiqué, a qualifié lui aussi de « privées de tout fondement » les affirmations qui lui sont attribuées sur un prétendu complot contre le pape. Selon d’autres propos prêtés par le document à Mgr Romeo, Benoît XVI aurait désormais un rapport très conflictuel avec le cardinal secrétaire d’État (le numéro deux du Vatican) Tarcisio Bertone, et chercherait à le remplacer. Son candidat favori serait le cardinal de Milan, Angelo Scola.

Selon les experts, la diffusion du document pourrait s’inscrire dans une sourde lutte de pouvoir, des membres de l’administration vaticane cherchant à provoquer le départ du cardinal Bertone.

LeVif.be avec Belga

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