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Dernier hommage à Winnie Mandela, l’égérie de la lutte anti-apartheid

Des dizaines de milliers de personnes ont acclamé samedi la dépouille de Winnie Madikizela-Mandela, égérie populaire mais controversée de la lutte contre l’apartheid, lors d’obsèques nationales organisées dans le township sud-africain de Soweto.

Cette cérémonie conclut dix jours de deuil national décrétés en souvenir de celle qu’on surnommait le « roc », « la Mère de la nation », la « libératrice » ou l' »héroïne », décédée le 2 avril à 81 ans des suites d’une longue maladie. Escorté par des motards, le cercueil de « Mama Winnie », recouvert du drapeau sud-africain, a quitté samedi matin son domicile de Soweto, la banlieue pauvre de Johannesburg à laquelle elle est restée fidèle toute sa vie. Arrivée au stade d’Orlando, à quelques kilomètres de là, la dépouille a été saluée par quelque 20.000 personnes en deuil qui, le poing levé, ont entonné à pleins poumons une chanson de la lutte « Il n’y a personne comme Winnie Mandela ». Pendant les vingt-sept années de détention de son mari de l’époque Nelson Mandela, Winnie Madikizela Mandela a entretenu la flamme de la résistance à l’apartheid, malgré les tortures, les humiliations et les séjours en prison.

La photo du couple, main dans la main, à la libération de Nelson Mandela en 1990 symbolise la victoire sur le régime raciste blanc, qui tombera officiellement quatre ans plus tard. Leur couple, lui, ne survivra pas. Ils se sont séparés en 1992, deux ans avant l’accession à la présidence du prix Nobel de la paix, auréolé de toute la gloire.

Parallèlement, l’image de Winnie a été écornée par des condamnations pour fraude, enlèvement et violences. Même lorsqu’elle a été mise en cause dans les exactions commises par sa garde rapprochée, le « Mandela United Football Club », qui a fait régner la terreur à Soweto à la fin des années 80. Près d’un quart de siècle après la fin officielle de l’apartheid, les motivations de ce groupe restent toujours mystérieuses. Selon un ancien policier blanc repenti, le régime l’avait infiltré.

Cette semaine, le président Ramaphosa a demandé à ne pas « diaboliser » Winnie. « Mama n’était pas une personne parfaite », a reconnu auprès de l’AFP la ministre de la Communication Nomvula Mokonyane. « Beaucoup d’entre nous ont fait des choses bien, mais aussi des choses terribles pendant la lutte. Il ne faut jamais oublier le contexte. » Après les funérailles officielles, l’égérie populaire doit être enterrée samedi après-midi dans le cimetière de Fourways, un quartier résidentiel de Johannesburg, aux côtés d’une de ses petites-filles décédée en 2010.

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