Exercice de l'OTAN, baptisé "Noble Jump 2", à Swietoszow, Pologne. © REUTERS/Anna Krasko

Démonstration de force à l’OTAN destinée à dissuader Moscou

L’OTAN s’est livrée jeudi à une démonstration de force en étalant, lors d’un exercice sans précédent récent, les capacités de sa nouvelle unité multinationale de réaction très rapide, capable d’assurer la défense de ses 28 Etats-membres face à l’attitude jugée agressive de la Russie ou lors d’autres crises, tout en réaffirmant sa vocation d’Alliance défensive.

Cet exercice, baptisé « Noble Jump 2 », représente le premier déploiement sur le terrain, avec la moitié environ de ses effectifs – 2.100 militaires sur les quelque 5.000 prévus -, de la nouvelle force très réactive de l’Otan, la VJTF (pour « Very High Readiness Joint Task Force »), mise sur pied après l’annexion de la péninsule ukrainienne de Crimée par la Russie dans le cadre d’un vaste renforcement de la défense collective de l’Alliance.

Les contingents, venus de neuf pays alliés – dont une soixantaine d’artilleurs belges soutenus par deux avions de combat F-16 – se sont livrés durant une heure et demi à une spectaculaire démonstration avec des munitions réelles sur le terrain d’entraînement de Zagan (ouest de la Pologne), combinant hélicoptères d’assaut, forces spéciales, infanterie légère et blindés lourds, en présence du secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg.

« Je suis impressionné par ce que j’ai vu. C’est la preuve que nous produisons des résultats », a affirmé M. Stoltenberg devant la presse, en rappelant la décision prise en septembre dernier par les chefs d’Etat et de gouvernement alliés, lors de leur sommet au Pays de Galles, de renforcer la défense collective en pleine crise ukrainienne et alors que les djihadistes de l’Etat islamique (EI) conquéraient des pans entiers des territoires irakien et syrien.

Les dirigeants des 28 avaient alors convenu de doubler la taille de la force de réaction rapide existante, la « Nato Response Force » (NRF), de 15.000 à 30.000 hommes, d’y adjoindre un élément extrêmement réactif, la VJTF, et de maintenir, par rotation, une présence militaire plus nombreuse de troupes alliées en Europe de l’est.

Pleinement opérationnelle l’an prochain

Cette VJTF, ou « fer de lance » (« spearhead » en anglais), devra, lorsqu’elle sera pleinement opérationnelle l’an prochain, être capable de se déployer en 48 heures dans n’importe quel lieu du territoire allié en cas de menace, voire à l’extérieur. Ce qui représente de nombreux défis, notamment logistiques, ont expliqué des responsables militaires.

« C’est la force de l’Otan, 28 pays qui restent unis et sont capables de travailler comme un » seul ensemble, a souligné M. Stoltenberg, flanqué des quatre ministres de la Défense des pays les plus impliqués et qui fournissent l’essentiel des troupes de la version « intérimaire » de la VJTF: le Polonais Tomasz Siemoniak, l’Allemande Ursula von der Leyen, la Néerlandaise Jeanine Hennis-Plasschaert et la Norvégienne Karin Enström.

M. Siemoniak, le plus alarmiste, a mis en garde contre la recrudescence des conflits et crises en cours aux portes de l’Europe, affirmant que les années de paix qui ont suivi la fin de la chute du Mur de Berlin étaient désormais « révolues ».

« Hommes politiques et médias, nous devrions dire à nos opinions publiques que la période des dizaines d’années de paix en Europe après la fin de la Guerre froide est révolue », a-t-il lancé, reflétant l’inquiétude des pays ex-communistes d’Europe de l’est – et anciens satellites de l’URSS – face à l’attitude jugée agressive de Moscou.

« On ne peut défendre le modèle de vie européen sans faire davantage pour la Défense », a ajouté M. Siemoniak, dont le pays a décidé d’augmenter ses dépenses militaires pour atteindre dès cette année le seuil des 2% du PIB réclamé par l’Otan.

Le commandant en chef des forces alliées en Europe (Saceur), le général américain Philip Breedlove, a pour sa part confirmé que les Etats-Unis étudiaient la possibilité de « pré-positionner » du matériel militaire – y compris des chars – en Europe de l’est, un geste visant à rassurer les alliés est-européens mais qui irrite par avance la Russie.

Aucune décision n’est prise, a-t-il souligné, en rappelant le caractère défensif de l’Otan et les décisions du dernier sommet atlantique.

M. Stoltenberg a indiqué que les ministres de la Défense alliés discuteraient la semaine prochaine à Bruxelles de ce projet. Mais il a précisé que la décision ne serait prise que « plus tard ».

Selon M. Siemoniak, il s’agit de prépositionner le matériel d’une brigade dans cinq pays d’Europe de l’est.

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