Sarkozy lance son parti, Les Républicains (ex UMP), le 30 mai 2015 © Reuters

Délesté du passif de l’UMP, Sarkozy étrenne son nouveau nom de parti en faisant la leçon à Hollande

Haro sur la gauche qui « trahit » la République et « méprise les héritages » de la Nation: l’ancien président français Nicolas Sarkozy a clairement ciblé le gouvernement socialiste comme adversaire, en lançant samedi une version rénovée de son parti, rebaptisé « Les Républicains ».

Nouveau nom, nouveaux statuts, nouvelle équipe: la droite française a tenu un congrès « refondateur » dans le nord-est de Paris devant plusieurs milliers de partisans, mais sans faste particulier, en raison d’une dette de 70 millions d’euros. Son but: tourner la page des querelles intestines et des déboires judiciaires qui ont terni l’image de l’Union pour un mouvement populaire (UMP) depuis la défaite de Nicolas Sarkozy au scrutin présidentiel de 2012.

Après une semi-retraite, celui-ci est revenu aux rênes du parti en novembre et a entamé un travail de rénovation dans l’optique de reconquérir le pouvoir lors de la prochaine élection présidentielle de 2017. Sans attendre, il s’est placé samedi dans la perspective d’une revanche face au président socialiste François Hollande, l’accusant de faire preuve d’une « terrifiante médiocrité ».

Devant un public acquis, Nicolas Sarkozy s’est livré à une attaque en règle contre la gauche « conservatrice, frileuse et totalement dépassée par la vie ». Il l’a accusée de « complaisance vis-à-vis du communautarisme », de « faiblesse dans la défense de la laïcité », ou encore de vouloir « détruire l’école ». « Ces mots visent à blesser », a réagi le Premier ministre socialiste Manuel Valls, en estimant qu’elles « ne faisaient pas avancer le débat ».

Par comparaison, Nicolas Sarkozy a très peu fait référence à l’extrême droite, pourtant arrivée en tête des élections européennes de 2014 en surfant sur une désaffection croissante des Français pour les deux grands partis de gouvernement. Il s’est borné à évoquer sa « détestation » des extrêmes et le « drame familial » qui divise le Front national depuis quelques semaines avec la brouille entre le fondateur du parti d’extrême droite Jean-Marie Le Pen et sa fille Marine qui préside aujourd’hui le FN.

L’ancien président a plutôt surfé sur des valeurs conservatrices. Evoquant son devoir « envers une certaine conception de la civilisation » face à la « barbarie », il a exalté les valeurs de « mérite », de « famille », de « l’honneur » et même de la « politesse ». Sans nommer l’islam, il a estimé que les religions « devaient s’adapter à la République » et non l’inverse. Quant aux étrangers, « on n’arrive pas à les intégrer », a-t-il estimé.

S’il a pilonné la gauche, Nicolas Sarkozy s’est en revanche montré apaisant en interne, saluant les principaux ténors du parti, dont l’ancien Premier ministre Alain Juppé, son principal rival pour la primaire de 2016 qui désignera le candidat de la droite à la présidentielle. Ce dernier a toutefois essuyé les huées des militants pro-Sarkozy, avant de tenir un discours très différent de celui de l’ex-président. « Notre société a besoin d’apaisement, pas de revanche », a notamment lancé le maire de Bordeaux (sud-ouest), très populaire auprès du centre-droit. Dans un entretien au quotidien Le Figaro, publié le matin même, il avait déjà affiché ses différences avec Nicolas Sarkozy, notamment sur la question du port du foulard musulman dans les universités.

D’après une récente enquête d’opinion, Alain Juppé emporterait la primaire à droite face à Nicolas Sarkozy, dont la candidature est également menacée par plusieurs enquêtes judiciaires. Près de trois quarts des Français ne souhaitent pas qu’il se présente à la prochaine présidentielle, selon un sondage publié samedi dans le quotidien Le Parisien. Et la même proportion considèrent que la rénovation de l’UMP vise surtout à fournir un appareil à Nicolas Sarkozy pour se placer en vue de 2017.

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