La Révolution du Jasmin à Tunis en janvier 2011 © REUTERS

Déjà quatre ans de printemps arabe, les troubles prendront-ils fin un jour ? (première partie)

Wided Bouchrika
Wided Bouchrika Journaliste free-lance

En 2010, le printemps arabe a fait son entrée dans 12 pays désireux de se débarrasser de régimes autoritaires et corrompus. Quatre ans plus tard, la Tunisie va vers l’hiver pourvue d’une démocratie. Cependant, le printemps houleux dans les 11 autres états prendra-t-il fin un jour ? Ce dimanche, nous nous attardons sur la Tunisie, le Maroc et l’Algérie.

L’insatisfaction à propos de l’économie bancale et de décennies de régime autoritaire s’est embrasée en décembre 2010 lorsqu’un jeune chômeur s’est immolé par le feu. Mohamed Bouazizi a mis le feu aux poudres : la population est descendue dans la rue dans pas moins de 12 pays arabes pour tenter d’obtenir l’égalité et la démocratie. Quatre ans plus tard, la révolution du Jasmin a porté ses fruits dans le pays où tout a commencé: le parti séculier Nidaa Tounes a battu les islamistes d’Ennahda – le grand gagnant des premières élections. Cependant, qu’est-ce qu’a apporté le printemps aux 11 autres pays qui se sont révoltés ?

La Tunisie

Comment tout a commencé

Le jeune Tunisien Mohamed Bouazizi s’est immolé par le feu, après s’être vu interdit de vendre des légumes à Sidi Bouzid. Son acte désespéré commis en décembre 2010 a révélé au grand jour l’insatisfaction répandue parmi la population à propos de la mauvaise économie et du régime autocratique et corrompu. Environ 300 personnes ont été tuées lors de la Révolution du Jasmin qui a inauguré le début du printemps arabe dans onze autres États.

Zine El Abidine Ben Ali a fui en janvier 2011 après avoir gouverné pendant 23 ans. Aujourd’hui, il serait toujours caché en Arabie saoudite qui n’a pas l’intention de l’extrader. Entre-temps, l’ancien président a été condamné à perpétuité par contumace.

Zine El Abidine Ben Ali, l'ancien président tunisien.
Zine El Abidine Ben Ali, l’ancien président tunisien.© Reuters/iStock

Où en est le pays à l’heure actuelle?

En octobre 2011, la Tunisie a vécu ses premières élections démocratiques remportées par le parti islamiste Ennahda avec plus de 41% des voix. Moncef Marzouki a été élu président. En janvier 2014, le pays a approuvé une nouvelle constitution et le régime a annoncé de nouvelles élections.

Après quatre gouvernements intérimaires, la population a pu élire un gouvernement de cinq ans aux secondes élections parlementaires démocratiques gagnées par le parti séculier Nidaa Tounes qui a devancé les islamistes d’Ennahda. Il reste à former un gouvernement de coalition avant d’élire un nouveau président fin novembre.

Le Maroc

Comment tout a commencé

Au Maroc, les protestations ont également commencé en février 2011. À Rabat et à Casablanca, les gens sont descendus dans la rue pour exiger que le roi Mohammed VI renonce à une partie de son pouvoir autoritaire.

Le roi a immédiatement promis des réformes constitutionnelles. En 2011, il a accepté les changements présentés par une commission. Il a notamment renoncé à ses droits divins en tant que souverain et à désigner le premier ministre du plus grand parti au parlement.

Bien que les jeunes meneurs du mouvement du 20 février aient rejeté les modifications apportées à la Constitution parce qu’ils désiraient une monarchie tout à fait constitutionnelle, les changements ont été acceptés un mois plus tard par référendum.

En novembre 2011, les islamistes modérés du Parti de la justice et du développement ont remporté la majorité des sièges aux élections pour la Chambre des représentants. Abdelilah Benkirane a formé un gouvernement de coalition en janvier 2012.

Mohammed VI, le roi du Maroc
Mohammed VI, le roi du Maroc© Reuters/iStock

Où en est le pays à l’heure actuelle ?

Si le roi a renoncé à une partie de son pouvoir, il possède toujours l’autorité ultime en tant que chef du Conseil des ministres, du Conseil de sécurité et du Conseil supérieur des Oulémas. Lorsqu’un parti s’est retiré du gouvernement en octobre 2013, le roi a placé certains de ses confidents dans les ministères de l’Intérieur, des Affaires étrangères et des Finances.

L’Algérie

Comment tout a commencé

Début 2011, des grèves, des protestations et des troubles ont forcé le président Abdelaziz Bouteflika à consentir à des concessions.

En février 2011, l’état d’urgence décrété depuis 19 ans a été levé. Deux mois plus tard, le président a promis de modifier la constitution pour aboutir à « une démocratie plus forte ». En septembre 2011, le régime a autorisé les chaînes radio et télévisées privées. Le gouvernement a également lancé un programme de dépenses pour faire baisser le degré élevé de chômage et diversifier l’économie.

En mai 2012, les élections parlementaires ont été remportées par le Front de libération nationale (FLN) de Bouteflika. Pour ces élections, 23 nouveaux partis politiques ont été autorisés.

En avril 2013, le président a été victime d’une crise cardiaque et il a été traité pendant trois mois en France. En septembre, il a modifié la composition de son cabinet et deux mois plus tard, le FLN a annoncé que Bouteflika, âgé de 76 ans, se représenterait pour un quatrième mandat en 2014.

Abdelaziz Bouteflika, le président algérien
Abdelaziz Bouteflika, le président algérien© Reuters/iStock

Où en est le paysà l’heure actuelle?

Avant les élections, Bouteflika a annoncé des réformes constitutionnelles pour la construction d’une société civile et une démocratie forte dans un pays principalement régi par le FLN et l’armée. Aux élections d’avril 2014, Bouteflika a été réélu président malgré sa santé défaillante. En mai 2014, son gouvernement a annoncé une série de réformes : le premier ministre aurait plus d’autorité et l’opposition dans le parlement se verrait accorder plus de pouvoir.

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