Kofi Annan © AFP

Décès de Kofi Annan: le Ghana décrète une semaine de deuil national, les hommages affluent

Le Vif

Le Ghana, pays natal de Kofi Annan décédé samedi, a décrété une semaine de deuil national. De son Afrique natale à l’Amérique, les grands dirigeants rendaient hommage à l’ancien secrétaire général de l’ONU et prix Nobel de la paix Kofi Annan, décédé en Suisse à l’âge de 80 ans, après avoir été au centre de la diplomatie mondiale pendant une décennie troublée.

Kofi Annan est « décédé paisiblement samedi 18 août après une courte maladie », a annoncé « avec une immense tristesse » sa fondation dans un communiqué de Genève, indiquant que son épouse et ses enfants étaient à ses côtés pour ses derniers jours en Suisse où il vivait.

Les hommages ont afflué, du Ghana, son pays natal, à l’actuel secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, qui a souligné « une force qui guidait vers le bien », en passant par l’ex-président américain Barack Obama et les grands dirigeants européens.

Le président ghanéen Nana Akufo-Addo a décrété une semaine de deuil à partir de lundi dans son pays en hommage à Kofi Annan décédé samedi.

« Il a considérablement contribué au renom de notre pays par sa position, par sa conduite et son comportement dans le monde », déclare le président dans un communiqué au sujet de l’ex-secrétaire-général de l’ONU, né à Kumasi, dans la région Ashanti du Ghana.

Le Ghana est « profondément attristé » par le décès de l’illustre enfant du pays, poursuit le président.

« J’ai ordonné qu’en son honneur, le drapeau national soit mis en berne dans tout le pays et dans les représentations diplomatiques dans le monde, à partir de lundi 20 août, pour une semaine », annonce-t-il.

« Kofi Annan a voué sa vie à faire du monde un endroit plus pacifique », a soutenu l’ambassadrice américaine à l’ONU, Nikki Haley, louant un diplomate ayant « oeuvré inlassablement pour nous unir ».

Barack Obama a salué « son intégrité, sa détermination, son optimisme et son sens de notre humanité partagée » et souligné qu’il avait contribué à « motiver et inspirer » la « prochaine génération de leaders ».

« Nous n’oublierons jamais son regard calme et résolu, ni la force de ses combats », a tweeté le président français Emmnuel Macron, alors que son homologue russe Vladimir Poutine a déclaré avoir « sincèrement admiré la sagesse et le courage » du diplomate.

La Première ministre britannique Theresa May a rendu hommage à « un grand leader et réformateur de l’ONU » tandis que Amnesty International a salué « un champion de la justice, de la paix et de la dignité ».

De son côté, le secrétaire général de l’Otan, Jens Stoltenberg, a exprimé sa tristesse sur le réseau social Twitter: « Sa chaleur humaine ne devrait jamais être interprétée comme de la faiblesse. Annan a montré que l’on peut être un grand humaniste tout en étant un dirigeant charismatique ».

La chancelière allemande Angela Merkel a, elle, insisté sur la « voix de Kofi Annan » qui « va beaucoup nous manquer à une époque où la recherche en commun de solutions aux problèmes mondiaux est plus urgente que jamais ».

Kofi Annan fut le premier secrétaire général issu de l’Afrique sub-saharienne et le Ghana, où il était né, a décrété une semaine de deuil à partir de lundi. « Il a considérablement contribué au renom de notre pays par sa position, par sa conduite et son comportement dans le monde », a déclaré le président ghanéen Nana Akufo-Addo.

Charles Michel salue « un homme de paix »

Kofi Annan était un « homme d’Etat, un homme de paix », écrit le Premier ministre Charles Michel sur Twitter. Il salue « ses combats pour un multilatéralisme engagé, pour la protection des Droits de l’Homme et pour la prévention des conflits dans le monde ».

Sur Twitter également, le ministre de la Coopération au développement Alexander De Croo évoque « un modèle et une inspiration pour l’Afrique et le monde ». Pour le ministre, l’héritage de Kofi Annan vivra à travers l’ONU, sa fondation et The Elders, une organisation fondée par Nelson Mandela qui défend la paix et les Droits de l’Homme.

Le ministre des Affaires étrangères Didier Reynders salue pour sa part « une vie consacrée à la paix, dont la mémoire continuera à guider notre action ». « Kofi Annan a été un tout grand secrétaire général de l’ONU. Il a oeuvré sans cesse pour pacifier les tensions partout sur notre planète et lutter contre la pauvreté pour que les citoyens du monde puissent vivre au maximum dans la sérénité », a réagi l’ancien Premier ministre Elio Di Rupo. Pour l’ancien locataire du 16, rue de la Loi Guy Verhofstadt, « Kofi Annan était un véritable homme de paix et l’une des figures les plus importantes du système multilatéral. » « Par une politique intelligente mêlant sensibilité et raison, il a su rétablir le respect unanime de l’institution (l’ONU, ndlr), forcer le dialogue, défendre les droits des femmes, et s’investir dans des médiations délicates, notamment en Irak », a souligné l’ancien ministre des Affaires étrangères Louis Michel dans une réaction envoyée à Belga. « Il a fait comprendre la légitimité et la nécessité d’intervenir en cas de violation flagrante des droits de l’homme. » « Il a été l’un de ceux qui a le mieux incarné les valeurs des Nations Unies. Grande tristesse. Immense héritage », a pour sa part tweeté l’ancienne vice-Première ministre Isabelle Durant, aujourd’hui secrétaire générale adjointe de la Conférence des Nations Unies sur le commerce et le développement (CNUCED).

« Fils éminent de l’Afrique »

En Afrique du Sud, le parti au pouvoir, l’ANC, s’est souvenu d’un « fils éminent de l’Afrique » qui a oeuvré « en faveur (des pays) du Sud en développement ». Un autre prix Nobel de la paix, l’archevêque anglican sud-africain Desmond Tutu a de son côté évoqué « un remarquable être humain qui a représenté notre continent et le monde avec une immense grâce, intégrité et distinction ».

La Ligue arabe, basée au Caire, a aussi rendu hommage à Kofi Annan tandis que le ministère égyptien des Affaires étrangères l’a qualifié d' »icône et source de fierté pour tous les Africains et les amoureux de la paix ». Diplomate de carrière, Kofi Annan a contribué à rendre l’ONU plus présente sur la scène internationale pendant ses deux mandats, de 1997 à 2007. Il a dirigé l’organisation pendant la période troublée de la guerre en Irak, avant de voir son bilan terni par des accusations de corruption dans l’affaire « pétrole contre nourriture ». A son départ, il était cependant un des dirigeants de l’ONU les plus populaires.

Conjointement avec l’organisation, il a reçu en 2001 le Prix Nobel de la Paix pour ses « efforts en faveur d’un monde mieux organisé et plus pacifique ». « J’ai essayé de placer l’être humain au centre de tout ce que nous entreprenons: de la prévention des conflits au développement et aux droits de l’Homme », avait-il déclaré en acceptant le Nobel. Kofi annan avait d’abord dirigé les ressources humaines de l’ONU, puis les affaires budgétaires, avant de chapeauter à partir de 1993 le maintien de la paix et d’être propulsé quatre ans plus tard à la tête de l’organisation.

Lorsqu’il dirigeait le département de maintien de la paix, l’ONU a connu deux des épisodes les plus sombres de son histoire: le génocide rwandais et la guerre en Bosnie. Les Casques bleus se sont retirés en 1994 du Rwanda en proie au chaos et aux violences ethniques. Et un an plus tard, l’ONU n’a pas su empêcher les forces serbes de massacrer plusieurs milliers de musulmans à Srebrenica, en Bosnie.

Kofi Annan s’était vite adapté à son nouveau rôle, multipliant les apparitions à la télévision et les participations aux dîners mondains à New York. Jusqu’à devenir une vedette, qualifié par certains de « rock star de la diplomatie ». Il avait irrité Washington en estimant « illégale » l’invasion de l’Irak en 2003, qui n’avait pas été entérinée par le Conseil de sécurité. Né en avril 1938 à Kumasi, au Ghana, fils d’un cadre d’une filiale du groupe anglo-hollandais Unilever, Kofi Annan avait étudié à l’université de Kumasi, puis grâce à une bourse, dans une université américaine, avant d’entrer à l’Institut des hautes études internationales de Genève. En février 2012, il est choisi par l’ONU et la Ligue arabe pour mener une médiation dans la guerre en Syrie, mais il jette l’éponge cinq mois plus tard. Il accusera les grandes puissances d’avoir par leurs dissensions transformé sa médiation en « mission impossible ».

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