Gérald Papy

Décapitation : un défi aux Etats-Unis qui ne peut pas rester sans réponse

Gérald Papy Rédacteur en chef adjoint

Après la seconde décapitation d’un journaliste américain en 15 jours, une double action, militaire et politique, s’impose à Barack Obama. Mais comment éviter de replonger dans le bourbier irakien ?

Après James Foley le 19 août, Steven Sotloff, 31 ans, décapité à son tour au terme d’une mise en scène macabre. Les réactions horrifiées il y a quinze jours n’arrêtent pas l’Etat islamique dans sa stratégie barbare. Une réponse, justifient ses affidés, aux bombardements américains contre ses forces en Irak. Ne nous méprenons pas : nous ne sommes pas face à une guerre où aux actions du belligérant le plus puissant répondraient les représailles du plus faible, avec le terrorisme en guise d’ « arme du pauvre ». Ce sont les intolérables exactions des miliciens de l’Etat islamique contre les minorités chrétiennes, yézidies, turkmènes dans les territoires sous leur responsabilité qui ont provoqué la légitime réaction des Etats-Unis et de leurs alliés.

Ce second assassinat d’un ressortissant américain par l’Etat islamique apparaît d’autant plus ignominieux et injuste que ces jeunes journalistes free lance qui ont pris le risque de couvrir le conflit syrien ne pouvaient être qu’animés par une passion du monde arabe et de ses populations. Il confirme de façon sinistre que le combat mené contre l’Etat islamique est juste.

Mais si les interventions américaines ciblées s’imposaient en raison de l’urgence humanitaire, il est tout aussi évident qu’elles ne peuvent suffire à résoudre le fond du problème irakien. Stabiliser le pouvoir irakien, le réconcilier avec sa communauté sunnite, la grande perdante de l’après-Saddam Hussein, convaincre les chefs tribaux et les populations de l’ouest de leurs intérêts à collaborer avec Bagdad : la réponse aux attaques de l’Etat islamique ne peut être uniquement militaire. Elle est avant tout politique.

Aucun atermoiement n’est plus permis face à la menace de l’Etat islamique

C’est un sacré défi que les Etats-Unis ne peuvent plus aujourd’hui appréhender avec des demi-mesures et se doivent de relever, avec plus d’intelligence que sous l’ère Bush, sous peine d’apparaître définitivement comme une superpuissance aux pieds d’argile. L’équation est d’autant plus compliquée à résoudre que le problème est infiniment complexe, touchant le dossier de la Syrie où un régime chiite minoritaire est contesté par une majorité sunnite de la population et celui de l’Irak où c’est la majorité chiite de la population et ses représentants élus qui sont accusés de maltraiter le minorité sunnite.

Pourtant, aucun atermoiement n’est plus permis face à la menace de l’Etat islamique. Emanant d’un dirigeant arabe longtemps soupçonné au minimum de complaisance à l’égard des mouvements djihadistes, l’avertissement du roi Abdallah d’Arabie saoudite, prédisant que l’Etat islamique frappera dans un mois en Europe, dans deux aux Etats-Unis, doit être pris avec toute la vigilance requise. Il témoigne d’une prise de conscience qui n’a pas toujours été de mise et qui amènera les sbires de l’Etat islamique à regretter leur arrogance actuelle. Et il prédit la possibilité d’une alliance très large entre Occidentaux, Russes et Arabes pour mettre fin à ce crime contre l’humanité.

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