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Débat tendu entre Hillary Clinton et Bernie Sanders

Le Vif

Deux jours après sa déroute dans le New Hampshire, Hillary Clinton a tenté jeudi de reprendre l’avantage sur son rival Bernie Sanders lors du sixième débat des primaires démocrates, le plus rude à ce jour, en dénonçant l’irréalisme des propositions du sénateur.

Hillary Clinton s’est montrée plus offensive que précédemment, mais sans la flamme qui anime son rival, partisan d’une « révolution politique ». Elle n’a pas dérogé à son habitude d’énumérer tous les aspects de son programme, afin de convaincre les démocrates qu’elle est la plus compétente pour succéder à Barack Obama en janvier 2017.

Les candidats se sont adressés directement à la communauté noire, électorat-clé pour les démocrates. Les accrochages les plus vifs se sont produits dans le domaine des affaires étrangères, où l’ex-secrétaire d’Etat a vanté son expérience à la tête de la diplomatie américaine tandis que Bernie Sanders lui reprochait une faute de jugement lors de son vote pour la guerre d’Irak, en 2002.

« Nous ne devrions pas faire de promesses que nous ne pourrons pas tenir », a lancé Hillary Clinton lors de l’émission, produite par la chaîne PBS depuis l’Université du Wisconsin à Milwaukee.

Ils se sont d’abord affrontés sur la santé. Hillary Clinton déplore le coût exorbitant de la proposition de Bernie Sanders d’une assurance-maladie publique et universelle.

« Tous les économistes de gauche qui ont fait l’analyse disent que le compte n’y est pas », a-t-elle martelé en proposant une approche graduelle. « Nous ne sommes pas la France ».

Mais ce message de raison n’a pas soulevé les foules dans les premières étapes des primaires, l’Iowa et le New Hampshire. Elle a arraché péniblement une première place dans l’Iowa, à 0,3 point de pourcentage près, et n’a obtenu que 38% des voix dans le second, contre 60% pour Bernie Sanders, devenu le héros des jeunes démocrates avec sa dénonciation d’une « économie truquée ».

« Coup bas »

Hillary Clinton a repris à son compte jeudi ce thème de l’économie « truquée ».

Mais elle a ajouté une dimension en évoquant les « barrières » qui frappent les minorités, notamment les Noirs et les immigrés, dans les domaines de l’emploi, du logement, de l’éducation, et surtout de la police et de la justice, où elle voit un « racisme systémique ».

La stratégie lui permet de parler plus directement que Bernie Sanders aux électeurs noirs et hispaniques, qui constituent la majorité de l’électorat démocrate lors des prochaines primaires, dans le Sud et l’Ouest des Etats-Unis.

Ils lui sont historiquement favorables, mais les sondages récents manquent, et Bernie Sanders courtise activement la communauté noire pour rattraper son manque de notoriété.

Avec son éloquence pratiquée dans de grands meetings, le sénateur a rappelé la statistique effrayante qu’il mentionne systématiquement: un nouveau-né noir a aujourd’hui une chance sur quatre d’être emprisonné au cours de sa vie.

« C’est plus qu’indicible. Nous devons réformer de façon radicale un système pénal en faillite », a-t-il dit.

L’ex-secrétaire d’Etat de Barack Obama a multiplié les références à l’actuel président, tentant de se présenter comme son successeur naturel. Elle a accusé Bernie Sanders de l’avoir diversement soutenu depuis le Sénat ces dernières années. Le sénateur a paru effaré d’un tel « coup bas ».

« Il me semble qu’on vit toujours dans une société démocratique, et qu’un sénateur a le droit de ne pas être d’accord avec le président, surtout un président qui a fait un tel travail extraordinaire », a-t-il répondu.

Mais Hillary Clinton a insisté sur son expérience, racontant à nouveau les délibérations secrètes sur l’opération commando contre Oussama ben Laden, afin de rappeler implicitement aux téléspectateurs que Bernie Sanders n’avait jamais été aux affaires.

Lui, désireux de s’afficher comme l’homme anti-establishment, a reproché à Hillary Clinton d’avoir soutenu une politique de changement de régime en Libye, qui aurait ouvert la voie à l’organisation Etat islamique et d’être proche d’Henry Kissinger, l’ancien conseiller à la sécurité nationale et secrétaire d’Etat de Richard Nixon pendant la guerre du Vietnam.

« Je suis fier de dire qu’Henry Kissinger n’est pas mon ami », a dit Bernie Sanders.

Il reste neuf jours jusqu’aux « caucus » démocrates du Nevada (20 février), et la primaire de Caroline du Sud (27 février). L’objectif d’Hillary Clinton est de contenir la vague Sanders jusqu’à ces épreuves et celles du 1er mars, quand 11 Etats voteront.

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