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Crise des migrants: Le principe du « un pour un » est difficile, selon Francken

Même si le sujet n’était pas formellement à l’ordre du jour de leur réunion, les ministres de l’Intérieur et de la Migration ont évoqué l’accord de principe conclu lundi par l’Union européenne et la Turquie, et plus particulièrement le système de « un pour un », qui verrait l’Europe accueillir, pour chaque personne refoulée vers la Turquie depuis la Grèce, un réfugié syrien provenant d’un camp en Turquie.

Le secrétaire d’Etat à l’Asile et la Migration, Theo Francken, a reconnu que le principe était difficile, sur les plans tant moral que pratique.

Les ministres de l’Intérieur et de la Migration ont une nouvelle fois abordé jeudi, lors de leur réunion mensuelle, la crise des réfugiés et les réponses européennes à y apporter.

Theo Francken a plaidé pour l’adoption rapide d’un plan « anti-noyades ». « Il est crucial de décourager les gens de prendre le bateau », a souligné le secrétaire d’Etat. La Grèce a reconnu il y a quelques semaines la Turquie comme pays tiers sûr, ce qui devrait permettre de renvoyer plus facilement et rapidement les personnes qui ne demanderaient pas l’asile à leur arrivée en Grèce.

« Nous avons longuement parlé des aspects techniques: le principe « un pour un » peut-il fonctionner? », a poursuivi le secrétaire d’Etat. « Est-ce qu’on ne les (les Turcs, ndlr) incite pas alors à laisser partir encore beaucoup de bateaux? Car plus il y a de bateaux qui partent, plus ils peuvent mettre des gens dans des avions (en direction de l’Europe). Est-ce que ce n’est pas totalement abject, d’un point de vue moral? Est-ce qu’on ne pousse pas à la noyade? « 

« 6.000 réfugiés par mois » à répartir dans l’UE depuis l’Italie et la Grèce

La Commission européenne a une nouvelle fois appelé jeudi les pays européens à accélérer la « relocalisation » de réfugiés depuis l’Italie et la Grèce, fixant un objectif de 6.000 par mois, lors d’une réunion de ministres des 28 à Bruxelles.

Les pays européens n’ont pour l’heure réparti que 885 réfugiés depuis les « hotspots » installés dans ces deux pays, alors que le plan de « relocalisation », adopté par l’UE il y a six mois portait sur 160.000 personnes venant de Syrie, d’Irak et d’Erythrée. « Les résultats sont encore trop faibles », a estimé le commissaire européen chargé des Migrations, Dimitris Avramopoulos, à l’issue d’une réunion avec les ministres de l’Intérieur des pays membres de l’UE.

« Nous devons atteindre un rythme de 6.000 personnes par mois », a-t-il dit, estimant que si ce plan de répartition « ne fonctionne pas, alors tout le système s’écroule », en référence à toutes les mesures prises par l’UE pour répondre à l’afflux de migrants.

L’échec jusqu’à présent du plan de « relocalisation » est en grande partie liée à la mauvaise volonté de certains Etats membres, qui tardent à proposer des places d’accueil disponibles, malgré une clé de répartition contraignante.

La Hongrie et la Slovaquie ont même remis en cause ce plan devant la justice européenne.

L’une des autres raisons avancées pour expliquer l’échec du plan est la réticence des demandeurs d’asile arrivant en Italie ou en Grèce à s’inscrire dans un programme leur imposant une destination, certains préférant tenter de gagner par leurs propres moyens le pays de leur choix.

Selon les derniers chiffres fournis par les autorités, il y aurait actuellement quelque 40.000 migrants en Grèce, qui ne peuvent désormais plus continuer leur route vers le nord par la route des Balkans.

Les personnes déjà arrivées en Grèce ne sont pas concernées par le nouveau plan en négociation avec Ankara, qui prévoit le renvoi vers la Turquie de tous les migrants arrivant sur les îles grecques depuis les côtes turques.

Le commissaire Avramopoulos a appelé jeudi les Etats membres de l’UE à apporter leur aide à Athènes. « La Grèce ne peut pas faire face seule à une situation aussi difficile: c’est un problème européen qui doit avoir une solution européenne », a-t-il dit.

(Belga/AFP)

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